Noir petrol

Des gisements surgissent des profondeurs de la terre. Noir, ocre comme le pétrole où l’âme des hommes perdent la raison depuis toujours. Certains artistes déterrent les restes et les sublimes. Et deviennent ainsi la pierre de rosette entre nous et ce qui restera du genre humain. Résonner fossiles et verbes ! Jouons avec des charbons ardents sur une porté musicale disparu ! Pour finalement laisser faire Tar Pond.

Tar Pond, groupe doom metal suisse fondé en 2015 est alors composé de Martin Ain, ancien bassiste de Celtic Frost, décédé, remplacé par Chris Perez, Marky Edelmann, ex-batteur de Coroner , Thomas Ott et A.C. Kupper. Le 1er album datant de 2020, Protocol Of Constant Sadness, posait déjà les bases d’un “doom” sans concession. Le groupe revient en septembre 2023 avec un nouvel opus, PETROL chez Prophecy.

Profondeur

Petrol – Septembre 2023, chez Prophecy

Il n’est pas difficile de se rendre compte, que ce second album est encore une fois à marquer d’une pierre blanche parmi les nombreuses sorties métal qui sont maintenant hebdomadaire. Autant par les superbes compositions (nous y reviendrons plus bas dans l’article). Mais aussi par la qualité de l’artwork de l’album.

Déjà, Protocol Of Constant Sadness, mettait l’accent sur une recherche iconographique originale, j’ose même dire à contre emploi pour une formation “doom metal”. Magnifique pochette réalisée par l’artiste canadien Steven Shearerqui montre déjà le positionnement du groupe à la marge du mouvement musical et graphique. Marquant ici son intérêt pour l’art contemporain. La présence de Thomas Ott n’est pas un hasard. Elle est déterminante, étant artiste lui même. Prenez donc le temps de découvrir son travail sur le carnet Route 66, édité chez Louis Vuitton. Un traitement en noir et blanc, à la carte à gratter emprunt de rock et de bd. Et bien évidement “La foret” au édition Martin de halleux  et enfin son site officiel : https://www.tott.ch/

Pour Petrol, le groupe travaille cette fois-ci avec l’artiste britannique Justin Mortimer. En résulte une œuvre graphique puissante et épurée. En parfaite résonance avec les 5 titres de l’album. Je ne peux m’empêcher de faire le lien avec la pochette du groupe Coroner ” No More Color “. L’utilisation des mains dans la composition et la même gamme chromatique. Si c’est le cas, c’est un excellent rappel et un clin d’œil aux différents protagonistes dans l’histoire du groupe (membres, production et date de sortie de l’album en septembre 1989). Enfin la version vinyle de Petrol est magnifique, sobre et simple. Avec les illustrations noir et blanc de Thomas OTT, complétant ainsi l’opus et font de Petrol un très bel objet et une œuvre unique.

Naphte

5 titres composent l’album.

1. Bomb 10:09

2.Blind 06:21

3.Slave 06:38

4.Something 07:40

5.Dirt 07:10

Cinq piliers qui soutiennent une œuvre magistrale. La puissance de la batterie de Markus Edelmann associée aux lignes de basse de Chris Perez font mouche sur les titres comme “Slave” et “Blind”.  Les guitares de Stefano Mauriello et Danièle Merico sont impressionnantes de maîtrise et de justesse. Dès les premières minutes du titre “Bomb” le ton est donné. Petrol sera lourd, appuyé par une sensibilité dramatique de la voix magistrale de Thomas Ott. Celle-ci dénote d’ailleurs dans ce genre musical, plus habitué à des chants caverneux ou “growl”, qu’une douceur amère et entière. Comme si les  fantômes de Jim Morrison et d’Alain Bashung se réunissaient pour un chant à deux voix. Sublime.

Le titre “Dirt” reste un hymne au “headbanding” bien heavy et qui clôture la galette (de pétrole hum-hum, je sais c’est facile) de la meilleure des façons.

La suisse est une terre d’artistes qui ont le mérite d’avoir une ouverture d’esprit assez impressionnante : Coroner, Stephan Eicher, Hans Ruedi Giger pour ne citer qu’eux. Et maintenant il y a Tar Pond. Le groupe s’inscrit dans l’histoire du genre, comme le sont déjà les groupes : Black Sabbath, Konvent, Amenra et Earthbong . Le Doom, courant musicale à part entière dans la galaxie du métal, est celui qui prend le temps de s’écouter, de disséquer les émotions, les vibrations pour enfin traduire nos sentiments les plus lourds.

 

Une réussite qui ouvre les portes de l’automne.

© Christan Poffet

Je dédicace cet article aux miens, proche ou loin.

Ekimr



Liens

Bandcamp : https://tarpond.bandcamp.com/album/petrol

Site Officiel : https://www.tar-pond.com/

Thomas Ott : https://www.galeriemartel.com/thomas-ott-2021/

Illustration de l’article : Mike Rouault