L’album J’ai patienté toute ma vie (Z and Zoé Records, 2018) de Fandor est sorti y plus d’un an un beau jour de septembre 2018. C’est son projet solo bricolé comme il dit avec passion lorsqu’il n’est pas en groupe avec Supernormal sur scène ou en studio. Il a été en première partie d’un certain Etienne Daho, Divine Comedy etc. Avec la pop indie de Fandor, on peut entendre la douceur des ondes émanant d’instruments dénués de toute électro, revenant aux sources pop rock, shoegaze et folk au vocal appuyant là où le musical fait du bien. Le bordelais surprend en instiguant en fond sonore des samples stridents pour le moins haletant à ce que l’on entend, des quasi acouphènes emportant toute ambiguïtés sur leurs passage, il noie tout dans le son jusqu’à son essence même. Dix morceaux titrés en français et en anglais (seulement deux titres !) font se succéder les rythmes, les mélodies aux sujets intimistes aussi portés sur le collectif qui trouvent correspondances en chacun, chaque situation d’existence.
Les choeurs sur le titre ‘’Ton visage effacé à jamais’’ s’associent à la mélancolie adoucissante du rythme et de la voix masculine décrivant les sensations provoquées de l’absence, disparition d’image.
‘’En sursis’’ surprend par les bruits introductifs disruptifs mais dans l’élan finalement bien dissolus de l’acoustique des acouphènes de tensions. De nouveau, la voix nous guide encore vers la voie cognitive à prendre « dans un état second ».
‘’Sans bouger’’ succède pour apaiser cette situation de stress auditif, puis ’’Cet instant’’ remet le rock en plein chant, guitares, basses, batteries etc. s’inscrivant dans le temps de notes plus percutantes. Ce mouvement entre le flux et le reflux des éléments d’un quotidien changeant, ’’Such a big wave’’ qui ajoute une pincée d’anglais au tambourin, triangle, stylophone etc. qui donnent le meilleur de leur résonances et vibrations. Malgré un ‘’Je ne vois plus l’horizon’’ pacifiant une nouvelle fois un des tempo fort et speed de l’album, le guitare-voix-bruitages-choeurs contrebalancent la mélancolie « je n’ai plus de frisson abîmé (…) je n’ai plus de raison de l’aimer (…) je ne vois plus l’horizon sous mes pieds(..)», il est temps de passer à autre chose, autre rythme, avec d’autres instruments droit devant avancer. ‘’Walking in the snow’’, pare alors l’air d’acoustique mouvante et valeur sûre d’un rock frétillant et doux, lumineux et salutaire.
‘’Mon père ce vieux chène’’, une chanson hommage vient à point nommé célébrer le temps qui passe mais qui reste sous une autre forme, ne dépendant que de l’être, alors que le final ’’L’ombre de soi-même’’ marie les accords d’une guitare à la voix qui lui confie ses aléas, bien que « mon âme reste en éveil de ta voix ».
Entende qui pourra, en laissant à cet album le temps de bercer entre l’emportement musical rock folk et la délicate prise de conscience à la réalité pop shoegaze.
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Van Memento Maury