« A couteaux tirés ». It’s the only way you’ll know i’m telling the truth.

Cluedo, c’est rigolo. Des cartes, des indices, des armes, différents lieux et un meurtrier à démasquer. Des minutes entières de rires, d’esprit logique et de déduction jusqu’à la résolution finale : « Qui a tué le Colonel Moutarde ? ». Unité de temps et de lieu et une aubaine pour bon nombre de réalisateurs qui déclinèrent ce casse-tête sous forme cinématographique. Certain(e)s tombèrent dans le piège du théâtre filmé, d’autres (Sidney Lumet ou Kenneth Branagh, pour ne citer qu’eux) sublimèrent les écrits d’Agatha Christie et le meurtre domestique. Recette éprouvée pour vieille marmite : trouvez « The Clue », une distribution de haut vol et le bon cinéaste, vous obtiendrez une enquête savoureuse doublée d’un chef-d’œuvre. Au détour d’un virage métropolitain, je découvre l’affiche d' »A couteaux tirés » et son casting insensé. Daniel Craig. Chris Evans. Jamie Lee Curtis. Toni Collette. Don Johnson. Michael Shannon et l’impeccable Christopher Plummer. Du beau monde au balcon, certes, mais beaucoup moins derrière les manettes. Car l’inquiétude prédomine en la personne de Rian Johnson. Cet histrion, déjà auteur du loupé « Looper », fut la cause de mon marasme en décembre 2017… et cela, votre serviteur -et fan absolu de « STAR WARS »- ne l’oubliera JAMAIS! JAMAIS! On ne fait pas n’importe quoi avec la franchise inter-galactique, on ne casse pas ses jouets offerts sous le sapin lorsque on a été pourri gâté toute l’année, on ne fait pas de Luke Skywalker un débile « je m’enfoutiste » sans envergure et l’on ne fait pas d’un Jedi un paratonnerre ambulant! Vous imaginez donc, sans mal, mes doutes quant à la bonne marche de cette nouvelle entreprise et ma circonspection de taille à l’approche d’une salle obscure. On s’assoit. On réfléchit.
Fin de partie. Qu’est ce qu’on en dit ? Ce long-métrage est raté. Plusieurs éléments sont à mettre en cause : Primo. L’intrigue tarabiscotée dessert totalement l’histoire et nous prend à rebrousse-poils. Vous attendiez Hercule Poirot ? Vous aurez un navet. Les preuves trouvées par hasard, les interrogatoires sur fond de vomi et les retournements de situation à « la va comme j’te pousse ». Tout sent la débâcle et la faute de goût inexcusable. Sorte de « Columbo » du pauvre mâtiné de « Downtown Abbey » pour son décorum, le scénario d’ « A couteaux tirés » n’aiguise nos nerfs que pour mieux nous exaspérer.
Secundo. Rian Johnson ne laisse jamais à ses actrices d’envergure et ses acteurs mythiques le soin de s’exprimer. Les lignes de dialogues sont débitées, désincarnées et leur jeu sacrifié sur l’autel de l’efficacité.  Quelle honte de ne pas ralentir le tempo et de ne pas laisser leur talent imprimer la pellicule ! Ce n’est plus un jeu de piste macabre mais un épisode de Scooby-Doo. La rigolade en moins.
Tertio, Daniel Craig tente, avec beaucoup de maladresse, de faire oublier son matricule d’espion en cabotinant à l’excès. Le voir en faire des tonnes et s’escrimer à faire vivre péniblement un détective français de seconde zone nous fait regretter le temps où ce comédien brillait d’une lumière incandescente dans le sombre « Love is The Devil ». Enfin, la réalisation atone de pèpère Johnson est à classer près de la filmographie de Max Pécas. Elle y trouvera sa légitime place.
Que reste-t-il à sauver de ce naufrage?
Sans aucun doute l’interprétation hors-pair de Mr Christopher Plummer, impérial en patriarche blessé et revanchard. Et les décors.
Tiens, il y a « Dora et la Cité d’Or Perdue » qui sort en DVD ! On va se ré-ga-ler!
John Book.