Avec son casting de choc, le nouveau film de Franck Dubosc est une divine surprise, flanquée d’humour noir, voir absurde, au cœur des plus bas instincts de l’être humain et de magnifiques paysages jurassiens.
Il y avait de quoi être circonspect à aller voir un film avec et de Franck Dubosc, sorti un 1er janvier de surcroît ! Le piètre dragueur des trois épisodes de « Camping », vaudrait-il mieux que l’image d’éternel loser, pas toujours drôle, qu’il traîne tant bien que mal de films en films, au cinéma comme sur scène. À la fois réalisateur, acteur et co-scénariste, il apparaît dès les premières minutes en train de faire de la gymkhana dans les montages pour éviter un ours, du jamais vu dans le Jura ! Le générique n’a pas encore débuté que déjà les scènes multiplient dans l’outrance sous nos yeux ébahis ! L’ombre de Quentin Tarantino plane sur ces premières minutes qu’il vaut mieux ne pas manquer et heureusement (ou pas !), le générique offre une pause salutaire pour souffler un peu.
Franck Dubosc, Michel, va pouvoir regagner, dans un état de sidération qui ne le quittera pratiquement pas durant les presque 2 heures de film, sa ferme et surtout son épouse Laura Calamy (Cathy) et leur fils unique Doudou (Timéo Mahaut), un brin attardé.
La famille vit quasiment en autarcie dans leur sapinière située au cœur des montagnes, mais le couple, replié sur lui-même, bat visiblement de l’aile….
Des personnages savoureux
Alors, tout s’emballe. Car la virée sauvage et involontaire de Michel a tourné au drame et laisse derrière elle deux cadavres, dans un humour noir laissant la place à une fatalité implacable. Renforcé par la présence de deux autres acteurs géniaux, Benoît Poelvoorde (Roland) et Joséphine de Meaux (Florence), tous deux gendarmes de leur état, lui major et elle simple gendarmette, le film va prendre une drôle de tournure. Car il s’agit de résoudre le double crime, une chose prise très au sérieux, tant que faire se peut, par une brigade de gendarmerie bien décidée à déployer les grands moyens.
Kim Higelin, la fille frivole de Roland, Anne Le Ny, la commissaire intraitable, Emmanuelle Devos, la patronne du bordel échangiste du coin, quelques migrants et de véritables mafieux, complètent d’une manière plus que convaincante, comme tous les seconds rôles, cette galerie de personnages 4 étoiles.
Tout est en place pour offrir aux protagonistes un scénario aussi improbable que loufoque dans lequel sexe, drogues, mais aussi une véritable fatalité impitoyable, tiennent une place de choix. Tout ne serait pas aussi jouissif si la plupart des actions ne tombaient pas finalement sous le coup du bon sens dans leurs excès. Action/Vérité !
Humour noir et décadence
Loin des thrillers habituels, Franck Dubosc réussit un film endiablé en puisant tant dans le vivier du film noir belge (« C’est arrivé près de chez vous. ») que dans l’humour noir des frères Cohen (« Fargo »). Le spectateur reste plaqué à son siège durant presque deux heures durant lesquelles les rebondissements se succèdent dans une savoureuse décadence puisant dans les plus bas instincts. Tous sont évidemment près à tout pour quelques dollars de plus, même s’il s’agit ici de deux millions d’euros, en cash. À moins que ce ne soit juste la face cachée, la face sombre, de chacun d’entre nous qui soit ici explorée.
On n’attendait franchement pas Franck Dubosc aussi convaincant dans ce nouveau costume, entre humour décalé, policier et horreur un peu gore. Il est dans ce registre bien aidé par une Laure Calamy comme toujours parfaite et rayonnante. Ceux qui comme moi vont choisir ce film grâce ou à cause de sa présence ne le regretterons pas. Le film à voir de ce début d’année 2025 !
Patrick Auffret