Il y a des trains qu’on rate, des occasions manquées et des disques que l’on découvre un peu trop tardivement. « Medium Raw » de Early James est de ces LP que l’on prend en pleine gueule sans l’avoir pressenti. Et pourtant. L’excellent label Easy Eye Records fondé par Dan Auerbach (co fondateur des Black Keys) aurait dû nous mettre la puce à l’oreille et le folk-blues dans le conduit auditif dès Janvier. Mais les aléas de la vie, mes bons amis…
C’est, donc, avec délectation que je m’engouffre dans cette galette de très haute tenue où la production lo-fi le dispute à une incarnation totale des chansons. Early James, c’est un peu l’Oncle d’Amérique au pays du rock aseptisé. Mi Tonton Cristobal, mi tonton flingueur. Celui qui t’absout de toutes tes conneries accumulées sur tes plateformes de téléchargement et te réconcilie avec le « boisé », le « touffu ». Un homme des cavernes planqué dans ta cave, maltraitant son instrument, les potards dans le rouge et la gueule grande ouverte.
One. Two. You know what to do !
« Medium Raw« , donc, et troisième album rêche mais pas racho. Douze titres enregistrés au Honky Château à Nashville, dans des pièces séparées… mais dont le mixage final rend toute la vitalité de ce « Live » en comité restreint.
En dépit de son aspect squelettique, voici un disque ô combien cinématographique pour qui se laisse vagabonder dans ce blues nu et rugueux. Du haut de ces trente et un balais, James Mullis (de son vrai nom) compose une bande son imaginaire où le spectre de David Lynch (période Sailor & Lula) croise le chemin de Kelly Reichardt (période First Cow). Où Tom Waits sert la pogne à Calexico et offre une rasade de bière à Madrugada. Où Willie Nelson partage son repas avec Jon Spencer. Et où chacun reprend un peu de « désert », la gorge sèche et les cordes vocales en alerte. Country épurée ( et purée !) pour swing foutraque, méthode Dadi à la cool, aveux intimes hurlés à tous vent, Early James est un lycanthrope bordélique. An American Werewolf random . O Brother, where are you ? Aux fourneaux.
Ici même. Dans l’instant présent. Guitare déglinguée, batterie à l’avenant et contrebasse ronflante, notre natif d’Alabama cisèle son « Medium Raw » avec ses compères mais à sa façon. Dégraisse la sauce. Cuisine épicé. Et sous ses dehors de complaintes improvisées, l’album impressionne par ses compositions structurées, déchirantes et déchirées. Voici un LP qui embrase une Amérique en lambeaux mais avec une fougue régénératrice. L’apitoiement ? Très peu pour notre songwriter. Early James est un témoin de son temps, un pied dans l’Americana (héritage immédiat) et l’autre dans le blues-rock qui savate. La rage est son moteur, son combustible…. « Medium Raw » est sa tribune. Son confessionnal. On ne remerciera jamais assez Dan Auerbach et son fabuleux label d’exister. Voici un troisième album comme un cadeau. Et de nous laisser pantelants face à une telle sauvagerie en terrain domestique…
Ici même. Dans l’instant présent. Guitare déglinguée, batterie à l’avenant et contrebasse ronflante, notre natif d’Alabama cisèle son « Medium Raw » avec ses compères mais à sa façon. Dégraisse la sauce. Cuisine épicé. Et sous ses dehors de complaintes improvisées, l’album impressionne par ses compositions structurées, déchirantes et déchirées. Voici un LP qui embrase une Amérique en lambeaux mais avec une fougue régénératrice. L’apitoiement ? Très peu pour notre songwriter. Early James est un témoin de son temps, un pied dans l’Americana (héritage immédiat) et l’autre dans le blues-rock qui savate. La rage est son moteur, son combustible…. « Medium Raw » est sa tribune. Son confessionnal. On ne remerciera jamais assez Dan Auerbach et son fabuleux label d’exister. Voici un troisième album comme un cadeau. Et de nous laisser pantelants face à une telle sauvagerie en terrain domestique…
John Book.