« Les Magnétiques » de Vincent Maël Cardona. Love will tear us apart.

Voici un premier film attachant et prometteur !
Ici, point de salons parisiens. Point de classe sociale aisée dépeinte. Nous sommes en 1981, en province, et l’élection de François Mitterrand à la présidence, galvanise les foules sentimentales.
Deux frères aux tempéraments bien différents trompent leur ennui au sein d’une buvette, de « free party » improvisées ou d’une radio libre bricolée et programmant la crème de la New-Wave.
L’un, Phillipe, timide et réservé, vit dans l’ombre du plus grand, Jérôme, exubérant et écorché. Ce dernier vient de croiser la route de Marianne, mère célibataire et blonde incendiaire.
Attention !
Dans cet équilibre fragile entre tension familiale et désir d’ailleurs en bandoulière, Phillipe perd la tête.
Son départ pour l’armée précipitera nos trois protagonistes dans une spirale incontrôlable et scellera définitivement leur destin.
Vincent Maël Cardona, breton ayant fait ses armes à la FEMIS, frappe fort avec ses « Magnétiques » dès les premières images et nous transporte dans un tourbillon d’émotions. Nous sommes, ici, dans « La Vie ». Tout nous semble proche, familier. Voisin. Toutefois, le regard de ce jeune réalisateur (proche du documentaire) n’oublie jamais de flirter avec le romanesque.
Ainsi, c’est avec une science du dosage affirmée que le réalisateur de « Coucou les Nuages » tend son film vers le haut (Cette virée Berlinoise !)… Jusqu’à un final paroxystique et emphatique.
Son trio d’acteurs semble connaitre la chance d’œuvrer dans ce premier jet. Leur beauté sauvage FRAPPE au Cœur et leur complicité sonne toujours juste.
Amants/aimants s’attirant pour mieux se séparer, animés par d’autres latitudes. Jeunes gens modernes dansant sur des rythmes syncopés. Triturant des bandes, malaxant la matière musicale et tutoyant les ondes.
Génération Perdue.
Triangle Electrique.
JOULE & JEANS.
Saluons la performance naturelle de Thimotée Robart, Marie Colomb, Joseph Olivennes et Fabris Adde.
Saluons, aussi, une photographie soignée et une science de la narration. Un cadrage digne de Kubrick où tout se passe dans le cadre, tel un théâtre intime, et où le moindre travelling est annonciateur de malheur.
Saluons, enfin, la volonté d’un cinéaste en devenir de ne pas verser dans le pathos ou l’évocation gadget.
Entre « Bar des Rails » de Cédric Kahn et « Les Nuits Fauves » de Cyril Collard, « Les Magnétiques » enchante dès le premier regard. Subjugue. Enivre.
Et nous laisse entrevoir la possibilité d’un Cinéma Français différent.
1981.
C’était mieux avant ?
Pas forcément.
Mais EN 2021, le drame social-à l’Écran- se veut exigeant.
 
John Book.