L’ÂGE D’OR DE LA PEINTURE ANGLAISE, DE REYNOLDS À TURNER.

« Le musée du Luxembourg présente une sélection de chefs-d’œuvre de la peinture anglaise des 18e et 19e siècles empruntés à la prestigieuse Tate Britain. Trop rarement exposés dans l’Hexagone, l’exception a donc ici toute son importance ».          

Afin d’illustrer au mieux cette exposition qui comporte 68 tableaux, j’ai décidé de raconter en photographies ceux qui m’ont interpellée et de vous conter mon ressenti par rapport à ces choix, précisément. Je ne vous dévoilerai pas l’ensemble des œuvres, mais un échantillon minimaliste, afin que vous puissiez vous faire un premier avis. J’espère attiser votre curiosité car selon moi le déplacement en valait la peine si tant est que l’on soit intéressé par cette forme picturale.

J’entre dans la première salle et y découvre un face-à-face entre deux génies de la peinture anglaise : Thomas Gainsborough et Joshua Reynolds. Je ne peux qu’admirer la diversité et l’originalité du travail réalisé par ces deux maîtres du portrait, différents dans leur approche artistique et parfois tellement similaires d’après mon analyse du jour. Pour habiller mon propos, j’ai choisi deux œuvres. « L’Honorable Miss Monckton » de Joshua Reynolds et « Lady Bate-Dudley » de Thomas Gainsborough. Si l’un est bohème et avide de mondanités, l’autre est plus classique et solitaire. Cela dit, je remarque des similitudes dans le traitement de leurs œuvres : le choix des couleurs, la diversité et le découpage des paysages, les belles étoffes, les drapés, les poses, les attitudes…
J’aime particulièrement le côté espiègle de Miss Monckton, ce regard impertinent et ce doigt sur la lèvre renforcent ma vision. Quant à Lady Bate-Dudley, elle semble plus sérieuse mais lorsque je l’observe de plus près, elle a ce petit rictus, un peu comme celui de La Joconde qui fait et fera couler encore beaucoup d’encre. Sourit-elle ? Est-elle satisfaite ? Ce doigt posé délicatement contre son oreille et les boucles de ses cheveux défaites lui donnent un côté nonchalant assumé. Les deux ladies ont un air malicieux et affichent une réelle décontraction. On est loin de la pose aristocratique figée et rigide.

J’ai choisi une autre œuvre de Joshua Reynolds : le portrait de « Frederick Howard, 5ème comte de Carlisle ». J’ai apprécié l’ensemble de la composition : le décor, la démarche vive et assurée, les ornements et le port du vêtement qui subliment l’élégance de ce jeune homme.

Mon œil s’est ensuite arrêté sur un magnifique portrait en pied de Thomas Lauwrence. Il s’agit de Sarah Siddons, une grande actrice tragique qui interpréta Lady Macbeth de Shakespeare entre autres rôles, elle pose à côté de volumes de pièces de théâtre. J’aime sa décontraction et son engagement, elle semble tourner les pages du volume, peut-être répète-t-elle un rôle ?

La prochaine huile sur toile qui attire mon attention est celle de « Jeanne Elizabeth, comtesse d’Oxford » peinte par John Hoppner. La douceur et la candeur de son visage me séduisent, et je suis très attirée par les touches de rouge : le collier, les lèvres et les joues de la jeune femme qui relèvent encore un peu plus l’intensité de ce portrait. Le contraste entre la couleur claire sur le buste qui semble se projeter à l’arrière m’interpelle autant que le fond noir qui se trouve en arrière-plan de l’autre côté.

« Tom Hayley as John Goodfellow » a immédiatement capté mon attention puisqu’il s’agit d’une représentation de Puck, personnage malicieux issu de la pièce « Le songe d’une nuit d’été » qui est l’une de mes pièces de théâtre préférée. On décèle très bien le côté lutin facétieux de Puck. Cette toile est signée George Romney.

J’ai été subjuguée par l’œuvre gigantesque de Henry Fuseli. Elle s’intitule « Le Rêve du berger, inspiré du « Paradis perdu » de Milton ». En réalité, sans lire le titre de prime abord, je me suis demandée ce qu’il avait voulu nous montrer, j’y ai vu une débandade, une débauche, une orgie aérienne donc légère en contradiction puisque le sens du mot orgie me paraît lourd…

Je continue ma visite et cherche désespérément des paysages de J.M.W. Turner, je m’arrête sur 3 petits formats dont un que j’apprécie, sans plus, il s’agit de « La Tamise près de Walton Bridges », mais il me manque l’essentiel, les paysages flamboyants et renversants de J.M.W Turner, je parle de ces tableaux aux couleurs de feu, des tempêtes en mer, des affres du temps si bien représentés dans ses toiles, je suis déçue de ne pas en voir plus. Un peu plus loin, je tombe sur « La Destruction de Sodome » qui est une création monumentale.

Deux réalisations de William Blake c’est peu, mais en décomposant « Homère et les poètes antiques » on découvre plusieurs scènes. Admirez vous-même.

« Portrait de l’artiste » par Daniel Stringer m’a beaucoup émue, il se représente devant sa toile blanche.

« La Chute des anges rebelles » d’Edward Dayes ressemble à une danse macabre, j’ai adoré ces corps en suspens, évanescents.

J’ai cru voir un visage de geisha à travers ce « Portrait de dame » de Francis Cotes.

Quant au tableau de William Hodges intitulé « Tombe avec une vue au loin sur le massif de Rajmahal Hills », ce qui me plaît c’est le palmier, seul contre tous…

Je ne m’arrête pas très longtemps sur les scènes de vie familiale, les « conversations pieces », les portraits d’enfants, les œuvres de Stubbs, Beechey et Constable présentes dans cette expo j’entends, me laissent assez indifférente.

Je n’ai pas retenu les noms de tous les artistes, en voici donc une liste non-exhaustive.

Ce que je regrette c’est l’étroitesse des pièces par rapport à l’immensité des tableaux exposés, ce qui ne permet pas de prendre suffisamment de recul pour apprécier à leur juste valeur (échelle) amplement la profondeur des dits portraits. Il m’a aussi manqué la diversité des paysages de Turner. Hormis cela, on en prend plein les mirettes !

Enfin, je ne cite pas l’histoire de l’Angleterre à cette époque, les livres d’histoire et historiens le font très bien, je ne donne pas l’âge des artistes et la date de création des œuvres comme le font tous les critiques, je ne suis pas là pour ça, je livre juste un ressenti et des émotions pour vous donner envie de visiter cette exposition, ou pas.

Et pour terminer, j’aurais intitulé cette exposition :

L’Âge d’Or de la Peinture Anglaise – Reynolds vs Gainsborough & invités. 

Lolo Patchouli