[Interview] RAVAGE CLUB Paradigme d’enfer

Ravage Club c’est l’union sacrée, inséparable, de Vinz Lion et Claudia « Acidula ». Tel bonnie and clyde Ravage Club forme LE nouveau combo prometteur du rock’n’roll Français. Envoûtant et transpirant, leur premier opus « C’est l’Enfer » rempli de rythmes obsessionnels et de feux incandescents nous enveloppe dans l’intensité d’une rage tourbillonnante. Autour de la voix hantée de liberté de Claudia, les 5 éblouissantes et explosives chansons débordent d’énergies sincères. Ivresses punks infinies, contorsionnistes des mots qui claques, Ravage Club danse sur un monde tourmenté qui brule dans le feu éternel des nuits festives. Lors de leur passage aux Bars à Trans Vinz et Claudia ont discuté avec nous de leur paradigme d’enfer, et c’était franchement bien. 

 

Comment définiriez-vous l’univers de Ravage Club ?
Claudia : Mes influences? Beaucoup d’écoutes de rock anglais, principalement des années 2000 : Strokes, White Stripes, Libertines. Ensuite le grunge, forcément, le punk des années 70/80 : Iggy Pop, les Clash, l’énergie ! Et le français, l’amour pour la poésie et les jeux de mots, donc pas mal de littérature et de chanson française.

Vinz : Pour moi plutôt Barbara, Bashung, Gainsbourg, Ferré, Ferrat, …

C’est assez éclectique finalement côté musique ?
Claudia : Ma première passion avant la musique c’était la littérature. Donc je m’occupe beaucoup des textes. La musique c’est vraiment le rock indé, très survitaminé ! J’aime quand ca fait « Bam! Bam! »

Vinz : Le rock à l’anglaise, mais dans notre langue à nous : c’était pour mieux se rapprocher d’eux !

Qu’est-ce qui a motivé la formation de votre duo ?
Claudia : Ça fait 10 ans qu’on fait de la musique tous les deux. On a eu un autre groupe quand on a commencé, qui chantait en anglais justement. Vinz a toujours composé devant son ordinateur, depuis l’adolescence et les gars de son groupe étaient partis faire autre chose au moment du Bac, et du coup il m’a appelée, parce que j’étais la seule personne en qui il avait confiance, d’après ses mots. Du coup je me suis mise à faire de la basse en prépa littéraire. Après j’ai arrêté les études et on n’a fait que de la musique.

Vinz : En effet ! Elle ne dormait que 2 -3 heures par nuit à ce moment-là ! Quand on s’est rencontrés, elle avait 14 ans, moi 16, et quelques années plus tard elle a rejoint l’énergie, pour qu’on démarre le cœur, l’essence du groupe. Après moult et moult rebondissements, on débarque avec Ravage Club.

Claudia : On a eu pas mal de formations, des tas de musiciens.

Vinz : On a fait pas mal de concerts, et depuis le confinement, on est passés au français, on a changé de nom et on a trouvé notre dynamique avec deux autres musiciens : Hugues et Vincent.

À L’écoute, il y a une sorte de rage poétique. Vous vous défendez comment : plus sur la rage ou plus sur la poésie ?
Claudia : L’énergie vient plus de la rage, et au-delà de la rage, la volonté, l’envie de faire quelque chose qui fait battre notre cœur. Et une sorte d’incompréhension du monde dans lequel on vit, faire sa route coûte que coûte, même si on ne suit pas forcément les chemins attendus. Donc oui, de la rage, qui est pour moi de la colère positive en fait. Et la poésie, c’est plus un outil pour écrire, parce que je n’aime pas quand les choses sont trop directes. Et quand tu es dans la rage, dans la hargne, tu peux vite être agressif, anxiogène, et ce n’est pas quelque chose qui me plaît particulièrement. Du coup j’utilise des détours de jeux de mots, d’images, de métaphores un peu pétées surréalistes (rires) pour m’échapper du trop concret.

Au niveau des textes, justement, vous avez quelque chose de sous-jacent : à la première écoute, on entend quelque chose, mais quand on s’attarde sur le texte, il y a quelque chose de plus engagé, de plus volontaire.
Claudia : Exactement! On est engagés, mais on ne veut pas sonner comme du punk engagé. En fait, je ne sais même pas si on se revendique comme engagés, c’est juste que je pense qu’on l’est d’une certaine manière. Tu choisis ta place : faire du rock en 2022, c’est déjà être engagé!

Et c’est quoi le fil conducteur de l’EP que vous venez de sortir ?
Claudia : C’est un peu compliqué à dire, car tous les morceaux sont nés d’une manière différente. Il y en a un qu’on traîne depuis 9 ans, qu’on a remodelé je ne sais combien de fois, et qu’on a encore remodelé en live depuis la sortie de l’EP qui est sorti il y a 3 jours ! Mais c’est l’énergie brute le fil conducteur, quelque chose de très rentre-dedans, très direct, avec un son ultra fuzz, et de l’efficacité je pense.

Vinz : On aime les mélodies, on aime les chansons, on se renvoie la balle mutuellement sur les différents titres en essayant à chaque fois que chaque nouveau morceau soit un défi, ne ressemble pas au précédent, mais toujours avec une démarche qui est commune, et notre folie qui est résumée à l’intérieur.

Claudia : Même au niveau des textes sur cet EP, les chansons parlent presque toutes de la même chose. Si on regarde un peu, si on s’attarde au sens sous-jacent des textes, comme tu le disais, ça parle de volonté, de prendre sa vie en main, d’accepter de passer pour fou aux yeux de la société et de continuer le défi que tu t’es donné à toi-même : ne jamais s’arrêter, ne jamais abandonner!

Être un peu en marge, mais être hautement actif dans la société dans laquelle on vit ?
Claudia : Oui, en quelque sorte. Comme je le disais, déjà en soi, faire de la musique son métier, c’est déjà un choix particulier, alors en plus du rock qui n’est pas forcément dans le siècle de prédilection, j’imagine qu’on est peu en marge. Mais pas tellement que ça, car on se bat tellement pour être actifs qu’on bouge, qu’on ne reste pas dans notre coin à se plaindre!

Vous avez déjà eu pas mal de belles dates, avec des premières parties pas « piquées des hannetons »!
Vinz : Oui, Déportivo! Un groupe qui nous a donné envie de faire de la musique. Je les avais vus en 2005 à Boulogne-sur-Mer, quand notre guitariste avait 4 ans (rires)! Ça fait pas mal d’années que Jérôme (Coudanne, chanteur de Déportivo NDLR) nous suit.

Claudia : Il nous parraine un peu, mentalement, moralement…

Vinz : On se sent hyper chanceux! On a déjà joué avec eux à la Cigale en novembre, avant-hier au Splendid, à Lyon le 13 décembre, on va être avec les Wampas en décembre et Mademoiselle K en janvier à l’Aéronef le 27, on est hyper contents, c’est vraiment idéal!

Claudia : Tout colle avec notre ADN!

Il y a presque une sorte de filiation naturelle ?
Vinz : Oui, la grande famille! Mais sans aucune ironie, pour le coup, on sent un truc fraternel, on est hyper heureux et honorés!

Claudia : Déportivo par exemple, sont hyper bienveillants à notre égard. Il y a une sorte de confiance qui s’installe de base, du fait que Jérôme nous ait choisis.

Et la première partie d’Iggy Pop c’est pour quand? Parce que j’ai compris que vous rêviez de danser avec lui !
Claudia :  Ah oui! Déjà rien qu’une petite choré dans la rue, ça ferait plaisir! (rires)

Vinz : Souvent on danse avec Iggy Pop, même si on ne peut pas le toucher, il nous touche! On l’a vu plus de fois qu’un trentenaire peut le faire! On l’a vu au Zénith de Lille, il nous a mis la larme dès le deuxième titre, il était somptueux! Là, il revient, ça a l’air comme aux prémices, très punk, avec le batteur des Red Hot Chili Peppers et d’autres. On attend qu’il nous rappelle, on verra … (rires)

En parlant de scène, l’énergie que vous avez placée dans votre EP, le transposer pour la scène, ça a été un exercice difficile ?
Vinz : Pas forcément, parce que c’est très brut ce qu’on fait, on n’a pas forcément des sons, des synthés, des trucs de partout! On est sur un format assez simple.

Claudia : C’est facile à reporter en live en tout cas. C’est une base de basse, guitare, batterie, c’est fait pour le live en soi, même si ce n’est pas forcément volontaire.

Et de passer de deux à quatre ?
Claudia : Vinz bosse pour quatre de toutes façons! Il écrit toutes les batteries, après ils mettent leur talent de musiciens dans l’interprétation.

Vinz : Les gars sont incroyables, ils nous apportent une dynamique pas possible! Avant, on se débrouillait, on avait des formats avec des boîtes à rythme, on eu quelques musiciens qui passaient, avant de trouver les deux perles rares.

Claudia : Ça été une évidence, que ce soit avec l’un ou avec l’autre, ça a été un coup de foudre humain et musical. Il y a une dynamique et une motivation des deux qui est ouf!

Pour un groupe naissant comme vous, ce n’est pas forcément simple des gens avec qui bosser de façon sereine et évidente.
Claudia – Avec Vinz, on en est à notre 9ème ou 10ème batteur! Donc effectivement, c’est un long parcours du combattant! Même pour tous les gens qui t’entourent, ça fait partie du job de trouver les bonnes personnes : que ce soit management, en son en studio, au son sur scène… C’est une question de bonne rencontre au bon moment et de savoir faire confiance … De toute façon la confiance, ça ne s’invente pas, c’est évident quand tu rencontres les bonnes personnes : quand il y a un doute, il n’y a pas de doutes!

Aujourd’hui vous êtes à Rennes, vous allez jouer aux Bars en Trans, c’est quoi votre sentiment ?
Claudia : Depuis qu’on est avec les gars, on a fait quand même de chouettes salles, des petites salles, mais ça fait longtemps qu’on n’a pas joué dans un bar, surtout à cause du confinement, et j’ai hâte de retrouver cette proximité, d’être avec le public, et à la hauteur du public.

Vinz : Ouais, de se prendre de la bière dans la gueule! (rires) Mais quelque soit le lieu, on donne tout : chez Mamie, ou je ne sais où, on est toujours heureux de faire un concert parce que c’est ce qui nous anime!

Claudia : Donc, on va transpirer, comme d’habitude!

 


Photo de couv. (c) Guillaume Métier

Entretien Stéphane Perraux – Retranscription Anne-Marie Léraud pour Lust4live.