Après plus de dix ans d’une aventure musicale aussi intense qu’authentique, KO KO MO continue d’écrire l’une des plus belles pages du rock indépendant français. Leur dernier album, « Striped », confirme tout ce que le duo nantais a construit au fil des années : un son brut, jouissif, teinté d’une énergie saisissante et d’une sincérité qui ne triche jamais.
Rencontrés lors du festival Mythos 2025, Kevin et Warren reviennent avec nous sur leur parcours, leurs moments clés, leur esthétique si particulière, et cet amour intact de la scène et du public qui les porte toujours plus haut.
Revenons un peu aux origines. 2014, aujourd’hui 2025… Ça fait un bon bout de chemin. Si vous deviez dresser un petit état des lieux, qu’est-ce que vous retenez de plus marquant ?
Kevin : Sur 10 ans, clairement les rencontres. On était deux au départ, aujourd’hui on est neuf dans le bus. C’est énorme. Il y a eu aussi des dates importantes, des voyages… On a pas mal vadrouillé, notamment en Asie. Et puis les albums, la première date à la Cigale, l’Olympia… Beaucoup de jalons.
Warren : Oui, on a eu beaucoup de chance. Dès nos débuts, on a eu des accueils de dingue. Assez vite, vers 2015-2016, on s’est retrouvés à jouer en Asie, devant 50 000 personnes alors qu’on n’avait qu’un EP trois titres. C’était improbable. Puis retour à la maison, à rejouer dans des bars… Redescente immédiate. (rire)
Kevin : Un autre moment marquant, c’est l’enregistrement de Technicolor Life en 2017. C’était notre premier album, enregistré à deux. On a bossé avec Al Groves à Liverpool, sans vraie référence de mix à l’époque. Je me souviens encore de la première écoute de « Pass It On » chez nous. Pour moi, c’était un moment marquant aussi. Un tournant.
Warren : Il y en a eu plein. Aujourd’hui, on sait d’où on vient. Chaque fois qu’on monte dans le tourbus, malgré nos débuts un peu chaotiques (on a même eu un incendie dans un bus…), on est heureux. Passer de deux à une équipe de dix, continuer à faire du rock en anglais, jouer dans des endroits où on n’était jamais allés… C’est fou.
Ce qui marque aussi, c’est que vous avez su construire une vraie esthétique, autant musicale que scénique. Ça, ce n’est pas donné à tout le monde.
Kevin : Franchement, on n’a pas trop forcé. Ça s’est fait au fil des albums. On a su affiner ce qu’on voulait. Aujourd’hui, grâce à notre travail avec Loris et Yohann, qui sont autant musiciens qu’ingés sons, on arrive à garder le côté live et la patte studio.
À la base, Warren vient du delta blues, moi plutôt de l’électro hip-hop… Ce mélange a donné notre son, sans qu’on essaie de coller à une mode. Et la voix de Warren y est aussi pour beaucoup.
Warren : Et il y a le retour du public qui nous guide.
On remarque souvent que la moitié de la salle est composée de gens qui nous découvrent pour la première fois avec enthousiasme. C’est hyper encourageant.
Sur scène, vous êtes deux, mais on a l’impression d’entendre un groupe de quarante personnes…
Kevin : C’est beaucoup de boulot ! Un gros travail sur le son de guitare, de batterie, et un gros mix derrière. Mais on nous le dit souvent, et ça fait super plaisir.
Warren : On savait ce qu’on voulait transmettre. Et surtout, on voulait rester sincères.
Après toutes ces années, qu’est-ce qui continue de vous animer le plus ?
Warren : Déjà, le public qui est toujours là, et qui grandit. Ça motive. Mais surtout, l’éclate sur scène, avec que du plaisir. On a la chance d’avoir une équipe où on ne sent jamais au boulot.
Ça fait toute la différence.
Kevin : C’est clair. C’est précieux d’avoir des gens autour de soi avec qui tu peux bosser et rigoler. Ça rend tout plus humain.
Un ami photographe, Bruno Bamdé que vous connaissez bien, m’a demandé de vous passer le bonjour. Pour vous avoir vu plusieurs fois sur scène il vous décrit comme une réincarnation des plus grandes idoles du rock…
Warren :C’est super flatteur ! Ce qu’on remarque aussi, c’est qu’on touche un public très large, de 7 à 77 ans. Pas forcément que des fans de rock. Et voir des jeunes se mettre à la guitare ou à la batterie après nous avoir vus, c’est hyper gratifiant.
En 2025, qu’est-ce que vous pensez apporter au rock actuel ?
Warren : Ce n’est pas tant une question de style. Sur scène, il faut vivre ce qu’on fait. Peu importe que ce soit du rock, du théâtre, du hip-hop. L’important, c’est l’authenticité.
Si on peut modestement faire vivre cette musique, c’est déjà énorme.
Kevin : Oui, on n’est pas là pour tricher. Même si le show est plus cadré aujourd’hui, il y a toujours des aléas, des imprévus. Mais on reste vrais. Et ça se sent.
Et votre image, ce look très fort que vous affichez ?
Kevin : Warren est comme ça dans la vie aussi (rires). On a chacun notre univers. Et sur scène, il y a un concept noir et blanc, un petit truc en plus. On ne se costume pas vraiment, mais on accentue une identité.
Warren : Oui, c’est comme le son : on ne calcule pas trop. C’est instinctif. On se laisse porter, on s’amuse.
Ce soir, vous jouez au Magic Mirror. Un lieu particulier.
Kevin : Oui, on adore ce type d’endroit, sans crash barrière. Ça crée une proximité, une énergie différente.
Warren : Et on partage la scène avec Last Train, avec qui on voulait tourner depuis longtemps. Ça annonce de belles dates, comme au Printemps de Bourges.