[Interview] iAROSS – « Ce que nous sommes » 

Avec « Ce que nous sommes », iAROSS poursuit son chemin musical et poétique avec une intensité remarquable. Le groupe montpelliérain, mené par Nicolas Iaross, connu pour ses textes profonds et sa fusion des genres, livre ici un album dense qui interroge notre identité collective et individuelle. On y retrouve cette signature singulière d’iAROSS : rock amoureux, chanson sincère, spoken word cinglant, où chaque refrain et chaque note deviennent mouvement. Le single « Nous Sommes » illustre bien cette alchimie. Ce 5e opus s’inscrit dans la continuité du parcours artistique du groupe, après le déjà bouleversant « Apnée » en 2022, qui s’interrogeait déjà sur la condition humaine avec une sincérité désarmante. « Ce que nous sommes » va plus loin encore, tant sur le plan des arrangements que des textes, en offrant un voyage émotionnel intense, sensible,  tourmenté, toujours vibrant. Un album à écouter avec attention, tant pour sa richesse sonore que pour sa capacité à questionner ce que nous sommes vraiment.
Nicolas a répondu à quelques questions indiscrètes, je vous laisse découvrir notre échange.

 

Dans votre précédent disque, vous évoquiez l’importance de l’apnée comme métaphore de la résistance. Avec « Ce que nous sommes », quel nouveau symbole ou métaphore centrale avez-vous exploré ?
C’est vrai que nous aimons les symboles, les images directes ou indirectes !
Ce que nous sommes est un album qui évoque la question des racines, des origines, ici, il n’y a pas vraiment de symbolique, le titre parle de lui-même.


Vous avez toujours été un groupe engagé, abordant des thèmes sociaux et politiques forts. Comment les événements récents, tant sur le plan national qu’international, ont-ils influencé l’écriture de cet album ?
J’adore cette question merci !
Je pense que la politique fait partie intégrante de nos vies quotidienne, et pas seulement celle qui est évoquée dans les médias.
Il y a dans cet album, un morceau qui parle de nos rapports addictifs aux écrans par exemple, et du décalage entre l’écran et la réalité qui est parfois violent !
Pour l’actualité internationale, des morceaux comme « Tangue » par exemple qui évoque la migration et le déracinement.
« Alix » aussi parle du changement de « genre » et de ce que ça peut provoquer à l’intérieur.
Coeur mécanique qui aborde la question des réseaux sociaux et de ses « coeurs numériques ».


Vous avez toujours accordé une grande importance aux textes. Y a-t-il une chanson de l’album qui vous semblait particulièrement importante à écrire et chanter et pourquoi ?
C’est une question difficile car je trouve que toutes les chansons ont leur importance même si y’en a qui peuvent avoir plus d’impact parfois.


Y a-t-il pour vous dans la façon d’écrire vos textes une sorte d’exutoire poétique ?

Complètement, et c’est intrinsèquement lié à la musique. Tout le temps !
C’est ce qui fait le fil en permanence, la musique vient renforcer, démultiplier le sens


Dans « Apnée », vous parliez de la nécessité de reprendre son souffle. Avec « Ce que nous sommes », quel est le « pas de côté » cette fois qui vous semble le plus pertinent à adopter ?

J’ai envie de dire que j’ai la sensation qu’on est pas encore à plein poumons… et le contexte actuel est assez dramatique je trouve, mais j’ai beaucoup d’espoir.


Ce nouvel album semble explorer des sonorités plus intimes et introspectives. Comment votre processus de composition a-t-il évolué depuis 2022 ?
Je crois que la nature et la méditation, le regard intérieur on va dire, reste à la base de mes besoins pour écrire.
Sur « Apnée » je suis beaucoup allé à la mer, dans « ce que nous somme » il y a un aspect terrien, avec les grandes étendues du Larzac.


Le trompettiste Guillaume Gardey vous a rejoint sur cet opus. Comment avez vous appréhendez cette nouvelle dynamique a-t-elle influencé le son et l’énergie de l’album ?
Nous croisons Guillaume depuis quelques années, il avait déjà collaboré avec nous sur la sortie d’album du Cri des fourmis et sur apnée aussi.
C’était assez évident, même si la question d’un quatrième membre, quand on joue en trio depuis 10 ans ca bouscule. Mais le changement ça fait du bien et c’est parfois nécessaire pour changer son regard


Vous avez toujours été un groupe de scène. Vous avez déjà expérimenté plusieurs fois vos nouveaux titres en concert. Comment vivez vous cette tournée de promotion ?

Effectivement, on adore le live !
je dirais qu’il y a une énergie animale sur ce dernier show.
Nous avons travaillé sur le corps en scène avec une super coach qui s’appelle Bénédicte Lelay.
Ça nous a permis de débloquer, débrider des choses.


Vous revendiquez, il me semble, une forme d’autonomie créative et d’indépendance. Quels sont les défis et les avantages d’être un artiste indépendant en 2025 ?
Nous sommes indépendants dans la création car nous sommes accompagnés d’un label familial qui nous fait confiance « le cri du charbon »,
et on a de la chance !
Nous ne sommes pas indépendants dans la production, mais ça nous va bien !
C’est aussi une histoire de rencontre et de confiance !
Il y a des artistes qui sont totalement indépendants et autonomes comme Nicolas Jules par exemple, des artistes que je respecte énormément.


Avec cinq albums à votre actif, comment voyez-vous l’évolution de iAROSS depuis vos débuts ?
En constante évolution, chaque album à une histoire, une envie propre

Et quelles sont vos aspirations pour l’avenir d’IAROSS?

Et bien justement, avec la nouvelle équipe nous allons commencer à travailler sur un prochain en parallèle de la tournée !

 

Photo de couv. Delphine Chomel