[Interview] Côme Ranjard – « Popcorn »

Révélé par ses premiers titres au croisement de la chanson et de la pop alternative, Côme Ranjard s’est rapidement imposé comme une voix à part dans le paysage musical francophone. Avec son nouvel album Popcorn, Côme Ranjard nous embarque dans un voyage musical aussi pétillant que subtilement introspectif. 
Entre mélodies entêtantes et textes ciselés, cet artiste singulier continue d’explorer le cœur vibrant de la chanson française avec une touche d’audace et de singularité remarquable. Dans cet entretien, il revient sur la genèse de Popcorn, ses inspirations et les histoires de ses morceaux. Une plongée dans l’univers d’un artiste qui sait sublimer le quotidien.

 

Tu as sorti ton deuxième album en début d’année. Pourrais-tu nous parler du point déclencheur qui a lancé son écriture ?
Oui, j’ai commencé l’écriture de Popcorn aux alentours du confinement. Avant mon tout 1er EP (L’enfant casanier), j’avais une approche très expérimentale de ma musique. Avec Popcorn j’ai eu envie d’être un peu plus accessible dans le format et le ton des chansons. C’est aussi un moment ou j’approfondissais mon savoir faire en production musicale, enregistrement, arrangement et mixage etc. La naissance de Popcorn, dans ma tête, a cristallisé cette période de deux ou trois ans dans laquelle j’ai composé et enregistré une grosse trentaine de chansons parmi lesquelles j’ai pioché pour obtenir le disque que vous connaissez aujourd’hui.

 

« Popcorn » est un titre à la fois léger et évocateur. Quelle est l’idée derrière ce titre et comment reflète-t-il l’ambiance de l’album ?
C’est un titre qui reflète l’ambiance de l’album autant dans le son que dans les thèmes qu’il aborde. L’idée était de parler d’onirisme au sein d’un champs lexical et de thèmes qui appartiennent à nos quotidiens, à nos réalités. Les failles humaines et sociologiques, l’amour, la déception ou le temps qui passe sont tous des thèmes abordés autant au cinéma que dans la vie de tous les jours, je crois que la chanson tente de se situer pile entre les deux avec la phrase du refrain « j’voudrais rêver quand je dors et pas dormir quand je rêve »

 

Cet album explore des sonorités plus variées que votre précédent projet, On pense à Alix Hk, Philippe Katerine, Mac Demarco, mais pour vous, quelles ont été vos principales influences musicales lors de la création  ?
Cool ! Je crois qu’inconsciemment Philippe Katerine et Mac Demarco m’accompagnent toujours un peu tant je les ai écoutés par le passé. Pendant l’enregistrement du disque, j’écoutais principalement de la musique Japonaise (Haruomi Hosono, Shintaro Sakamoto), Hawaiienne (Arthur Lyman, Martin Denny), du jazz (Jimmy Giuffre avec son album Four Brothers par exemple, m’a donné envie de pousser l’écriture des arrangements de cuivres harmonisés) et puis il est vrai que Bashung, Bertrand Belin, Pierre Barouh et Louis Chedid ne sont jamais bien loin de moi dans mon quotidien. 

 

Depuis votre 1er Ep (2020) vous avez pris en assurance et en expérience aussi, vos textes de vos chansons sont plus personnels et pourtant universels. Comment votre processus d’écriture a-t-il évolué depuis votre premier album ?
Comme dit un peu plus haut, je crois que j’ai voulu être mieux compris et donc un peu moins expérimental dans l’usage des mots. Il a pu arriver par le passé qu’on me dise que certains textes peuvent être parfois compliqués à comprendre. Cela ne me dérange pas tant, j’ai toujours aimé insuffler du mystère et du flou dans les textes, mais cette fois-ci j’ai voulu être plus frontal. Je pense que ça m’a aussi permis de mettre moins de filtre, d’être plus personnel, et donc par ce même biais, naturellement plus universel. Le processus cependant, est toujours resté le même, j’aime être au calme pour écrire, et avoir du temps pour écrire quand les idées viennent plutôt qu’au moment où ce serait le plus pratique ou organisé, cela demande beaucoup de disponibilité !

 

La production de ce disque est très soignée. Comment et avec qui avez-vous travaillé pour obtenir ce son particulier ?
Merci ! J’ai travaillé de manière très progressive. D’abord j’enregistrais tout seul les synthés, la basse et les guitares. Puis je composais la plupart des arrangements de saxophone \ flûte \ clarinette avec la voix ou d’autres synthés afin de les réenregistrer pour de vrai avec les musiciens Tom Naouri (saxophone), Antonio Castillo (clarinette) et Valentin Chauveau (flûte traversière). Puis d’autres amis musiciens (Jay Adams, Thomas Subiranin, Charles Dollé, Michelle Blades, Cyprien Vandenbussche…) sont venus jouer/chanter sur le disque, que ce soit pour rejouer la basse de certains morceaux, ajouter un clavier qui remplace la guitare ou autre. Florian Gouello a enregistré les batteries dans son studio et je pense que cela joue dans le côté soigné du son de l’album. Ça a été une période très mouvementée car j’ai vécu dans 3 appartements (dont 1 avec Isabella Green Catani qui chante aussi sur le disque) ainsi que quelques mois à l’île d’Yeu en l’espace de 3 ans. Tout (sauf les batteries) a donc été enregistré dans mes petits home studios qui s’agrandissaient au fil du temps et un peu à l’île d’Yeu pendant le deuxième confinement. Puis, pour finir, je suis parti quelques jours au Studio Nocturne de Marius Ashtray qui a fait un travail génial au mixage, très à l’écoute de mes pré-mix, patient et précis pour un son chaud et moelleux, sans fioritures et sans surplus d’effets, tel que j’entendais l’album. Le mastering de Bertrand Fresel participe aussi à mettre tout ça en lumière. 

 

Sur le titre « Popcorn » vous avez collaboré avec Gaétan Nonchalant, il y a une sorte de mélancolie heureuse. Pourquoi faire ce titre avec Gaétan et quel message vouliez-vous transmettre au fond ?
J’ai voulu inviter Gaétan car je trouve que le morceau lui ressemble mais aussi parce que la première fois que je lui ai joué il l’a tout de suite beaucoup aimé, ça m’a motivé à aller au bout en toute confiance. Gaétan est un ami intime de longue date, je trouve ça beau et cohérent de le voir apparaître dans mon disque. Je ne suis pas sûr qu’il y ait un message en particulier, je crois plutôt que chaque phrase de la chanson constitue un petit message qui serait à prendre ou à laisser. Ce qui est sûr, c’est que j’y mentionne des choses qui seraient bonnes à améliorer, sans être pour autant négatif mais juste en rêvant un peu. 

 

Pour fêter et promouvoir « Popcorn » vous étiez le 12 février au Hasard Ludique à Paris. Comment avez-vous vécu ce moment ?
C’était génial ! Quelle expérience de concert, j’ai adoré. Sur certains morceaux, on était 9 sur scène car Michelle Blades et Isabella Green Catani sont venus chanter leurs chœurs, Antonio était à la clarinette en plus du saxophone de Tom, Gaétan est venu chanter sur Popcorn, Leo Blomov faisait son premier concert avec nous au clavier et pour couronner le tout j’ai enfin jouer du lapsteel hawaiien en chantant sur scène, c’était un peu un rêve pour moi et je suis certain que ca se reproduira à l’avenir, j’aime tant cet instrument. Il y avait aussi Thomas Subiranin à la basse et Arthur Albaz a la batterie, super équipe donc. La salle était pleine, on a joué quasiment tout l’album et des inédits, que demander de plus ? J’ai vraiment eu la sensation de fêter la sortie de mon disque en étant super bien entouré, notamment par le label Vietnam et un super public, j’ai beaucoup de chance pour ça. 

 

Quels sont vos projets pour la suite de l’année 2025 ?
On jouera le 11 Juin au Trabendo pour la soirée du Label Vietnam et enfin, je mets sur les rails un prochain album, tout ça est très excitant !

 

Photo de couv. Nicolas Despis