[Interview] CRACHE – « Éclaircie Sauvage »   

Préparez-vous à être emporté par la fougue punk rock de la nouvelle sensation venue de Marseille, CRACHE. Les quatre garçons nous livraient, début octobre, un deuxième EP « Éclaircie Sauvage » avec 5 titres uppercut où ils crachent aux vents mauvais et en français, un dynamisme chargé d’émotions vives, de rébellions rieuses, de confusions furieuses et de bagarres mélancoliques. Le son de CRACHE est un mariage parfait de punk rock garage, idéalement complété de riffs sauvages. Une section rythmique qui rappelle des groupes comme Frustration, Johnny Mafia, Tagada Jones avec un soupçon de Wampas. Immédiatement, cette bonne claque, nous donnait envie d’en savoir plus. Interview…
 
 
 

Quel est l’origine de votre groupe CRACHE ?
Lorsque Nathan emménage à Marseille en 2020, il commence à composer de nombreux morceaux seul dans sa chambre à l’aide d’une Les Paul et d’un CASIO PT30. Le projet n’a pas de nom mais la finalité est claire, créer un groupe de garage rock énergique mêlant synthétiseur et guitare électrique. Après de nombreux changements de musiciens et un passage de l’anglais au français, CRACHE naît en 2022 avec Nathan à la guitare, Elie au synthétiseur, Tristan à la batterie et Arthur à la basse.


Votre deuxième EP « Éclaircie Sauvage » est sorti la semaine dernière. Quel était votre mood pour réaliser ce nouveau disque ?
Jusqu’au dernier moment nous n’étions pas sûr du lieu ni de la méthode de travail. Tout s’est décidé en quelques jours après notre concert sur la Plaine du Rock fin Mai. Profitant d’un très maigre créneau où nous étions tous disponibles pour enregistrer, nous avons choisi un garage facilement accessible.

Possédant quelques micros, une dizaine de préamplis (soudés à la main quelques jours plus tôt), et une interface, nous décidons de nous enregistrer par nous même sans aucune présence extérieure.
L’esprit DIY nous est très cher car il nous impose une contrainte technique dans laquelle nous nous sentons libres d’expérimenter, de créer et de nous libérer.

Les morceaux ont été rec en live pendant trois jours. Seule la voix a été enregistrée à part; ainsi que quelques overdubs.

L’idée était de retranscrire l’énergie du live de la plus fidèle des façons. L’acoustique du garage correspondait aux sonorités des caves et petites salles dans lesquelles nous avions l’habitude de jouer.

Après l’enregistrement, il nous a semblé judicieux de collaborer avec une personne extérieure pour profiter d’un regard neuf sur notre travail. Nous sommes donc montés en Alsace pour rencontrer Rémi Gettliffe et mixer/masteriser notre EP au White Bat Recorders. Ralentir la batterie sur le Studer, utiliser des vieux compresseurs, jouer avec le Space Echo et à tetris…


Parlez-nous un peu de votre processus créatif au sein du groupe !
Nathan arrive en répétition avec des démos très primitives, à base de sons saturés et de samples de batterie. Ensuite le groupe s’approprie ces parties et arrange le morceau. Ce fonctionnement semi-collaboratif donne un nouveau souffle aux compositions. Nous n’avons pas du tout les mêmes références musicales, ce qui apporte de la profondeur et de la diversité à l’univers de Crache.


Vous sortez « Éclaircie Sauvage » chez Howlin Banana Records et Ganache Records. Plutôt cool comme famille d’accueil ! Ça représente quoi exactement pour vous ?
Oui nous sommes super contents de collaborer avec eux !
Nous commençons à peine à travailler avec Howlin’ Banana et espérons pouvoir pérenniser ce lien. Nous aimons beaucoup leur direction artistique et sortir notre deuxième EP chez eux est une forme de validation de notre travail. Ganache est une valeur sûre à Marseille ! C’est la deuxième fois que nous sortons une K7 avec Fabien et c’est c’est toujours un plaisir de matérialiser notre musique. Prochaine étape, l’album !


Énergie punk rock bondissante et textes incisifs parfois loufoques. Quelles sont vos influences pour former ce joyeux bordel ?
Nathan a été biberonné au garage rock californien et à la variété française. De Ty Segall à Alain Bashung, de John Dwyer à Françoise Hardy, il n’y a qu’un pas. Le reste du groupe, en revanche, ne vient pas de la culture punk ou garage, mais plutôt du rock 60’s et 70’s, du jazz, ou du classique. On se retrouve autour de notre goût pour les musiques improvisées et expérimentales. Ce contrepoint est essentiel au groupe et donne cette étrangeté à CRACHE. Le live est aussi une composante essentielle de notre musique et de notre fonctionnement. L’énergie dégagée sur scène est aussi importante que les compositions elles-mêmes.


J’entend beaucoup de riffs électriques, d’orgues de batteries et un chant écorché à vif. Est-ce que ça veut dire que vous n’allez jamais vous calmer ?
On a pas encore eu l’occasion d’enregistrer d’orgue mais ça serait super ! Pour le moment Elie reste au synthétiseur.
On ne se pose pas vraiment la question de se calmer. On est dans un mood plutôt explosif en ce moment, mais on a déjà des chansons différentes, comme Ballade sur le dernier EP. On a pas envie de se fixer de limites pour le futur. Par contre, tant qu’on joue aussi fort, mettez des bouchons !!


Pourquoi cette tête de monstre sur votre pochette ?
Avant le monstre, il y a l’esthétique du dessin qui nous tient à cœur. Nous sommes fans de stop motion et d’animation un peu étrange donc prendre ce chemin était une évidence. Nous aimons l’impact d’un visage en gros plan sur une pochette. L’objectif est d’interpeller le regard du spectateur autant que son oreille.


Si je ne me trompe pas, vous semblez avoir une relation particulière avec le live. Comment vivez-vous ces moments-là face au public ?
Nous les vivons de façon intense. Nous nous considérons vraiment comme un groupe qui se fabrique en live, mais nous adorons passer du temps à enregistrer et créer de nouvelles textures sonores.
Nous avons une grosse attente, c’est de pouvoir maîtriser notre son live pour proposer la meilleure expérience possible au public. Nous sommes hyper énergiques sur scène et nous nous donnons à fond pour créer du mouvement, il faut qu’on puisse s’amuser à cinq, nous quatre et le public.


En parlant de live, où est-ce que vous rêvez de faire un concert ?
Notre prochain objectif serait de faire plus de festivals.
En ce moment on est en tournée, ce fut un long travail d’une année. C’est là où on atteint vraiment nos limites, c’est super difficile de faire du booking.

 

Photo de couv. (c)Jade Garnier