UNDERVOID « Le Noir se Fait » révolte !

Brandie par des poètes, chantée par les musiciens intergénérationnels, la révolte proclamée est une des clés de la culture moderne des opprimés, fidèle aux valeurs humaines d’engagement, entendre, comprendre, défendre, les causes justes ! Cette attitude éthique, esthétique, apporte une cohérence assumée aux valeurs que UNDERVOID souhaite mettre en lumière et en musique sur un premier album rageur « Le Noir se Fait ».

Le groupe se raconte dans une sorte de « manifeste protestataire », divisé en 10 chapitres, qui sont autant de titres, qui vous accrochent les tripes. L’histoire d’un espoir jamais abandonné et de la quête de ses désirs solidaires. Voilà la trame globale que le quatuor développe dans son univers habillé d’éclats sombres, dont les séquences se révèlent brillantes.
Mais au-delà du concept, il y a la musique survoltée qui domine. Dans « Le Noir se Fait », tous les aspects esthétiques, sont ici poussés encore plus loin, riffs suraigus, solos zigzagants, rythmiques speedées, influences entremêlées de rock progressif en passant par le Stoner, le tout avec une énergie très punk rock à la française.
Comment résister à l’envie d’en savoir plus sur cet album dense et leurs protagonistes. 
Un entretien (à distance) avec UNDERVOID s’impose alors comme une évidence. Je vous en livre la teneur… 

Comment a commencé l’aventure Undervoid ?
Le groupe est né lors de la rencontre de trois musiciens ; Marc à la guitare, Arnaud au chant, et Alex à la batterie. Tout a commencé dans la cave de ce dernier, c’était il y a 6 ans. On n’avait pas encore de nom, pas de bassiste, pas de compos, même pas une petite reprise à jouer, pour le coup. On a juste improvisé, et de suite on a su qu’on allait fonder un groupe ensemble.

Partis de là, on a trouvé un bassiste (qui, hélas aujourd’hui, n’est plus de ce monde. Léo, on t’oublie pas) avec lequel on a composé nos premiers morceaux ; auxquels se sont ajoutées quelques reprises, afin de pouvoir faire un premier concert. Ça doit faire 5 ans. Par la suite, Bill nous a rejoint ; c’est lui qui s’était occupé d’enregistrer nos premières démos et qui a remplacé Léo à la basse.

Puis, tout s’est enchaîné très vite : 4 EP, des concerts, des tournées, des clips. Et l’hiver dernier, juste après l’enregistrement de notre album, c’est Mathias qui a remplacé notre cher Bill à la basse. L’arrivée de Mathias était tissée par les Moires (divinités du Destin dans la mythologie grecque) dans le fil de vie d’UNDERVOID. En effet, nos chemins se croisaient régulièrement, quasiment depuis nos débuts. Il suivait le groupe et connaissait déjà la plupart des morceaux. Depuis son arrivée à bord, il apporte constamment de nouvelles idées et donne un nouveau souffle au groupe. C’est le meilleur bassiste de l’univers !

Enfin bref, dans UNDERVOID les expériences s’enchaînent, s’enchevêtrent, se bousculent en une fantastique aventure qui, à nos yeux, ne vient que de débuter.

Par rapport à vos débuts, quelle place occupe la musique dans votre vie aujourd’hui ?
Nos vies tournent autour de la musique, c’est le soleil autour duquel on orbite ; on se lève et on se couche avec ! Notamment avec UNDERVOID, qui n’hésite pas à prendre toute la place.

Quand tu te lances dans ce genre de projet, tu comprends très vite que faire beaucoup de musique ne va pas être suffisant, mais bien qu’il va falloir te rendre assez disponible pour structurer un projet et te permettre de le faire vivre. C’est clair, il faut se donner à 200%.

Ensuite, pour être honnêtes, on a le sentiment que ce 1er album constitue le véritable début de notre aventure. Avant c’était l’entraînement, maintenant fini les blagues, on passe aux choses sérieuses !

Donc, par rapport à nos débuts, les exigences que la musique et que UNDERVOID nous imposent ne font qu’augmenter, et on en est très heureux !

UNDERVOID « Le Noir Se Fait » Inouie Distribution 2020

Comment s’est déroulé l’enregistrement de votre 1er album « Le Noir Se Fait » ?
Dans la navette de notre producteur, Rémi Getliffe. On s’est enfermé 10 jours avec lui dans son studio au fin fond du Sundgau (sud de la région Alsace) pour un enregistrement en full analogique. Les bandes ont ensuite pu être masterisées dans les studios de Abbey Road à Londres par le grand Mr. Sean Magee (Deep Purple, John Lennon, Ramones, The Sex Pistols, Nina Simone, Tina Turner, Duke Ellington, …).

On avait entendu son travail (Rémi Getliffe) sur d’autres prods comme celles de « Last Train » ou « Gamesdoglär » et on savait qu’il avait le matos pour enregistrer sur bandes analogiques. On ne savait pas encore qu’il était complètement dingue, mais c’est ce qui semble avoir fait mouche. On a senti un vrai échange, une vraie dynamique. On souhaitait se rapprocher le plus possible de l’énergie du live pour cet album et sans Rémi, son univers et sa folie, on aurait eu beaucoup plus de difficultés à obtenir cette énergie.

Pour tout vous dire, tout s’est déroulé à la vitesse de la lumière, une course épique pour le son, pour le Rock. Rémi est vraiment incroyable ! En plus d’être un génie, c’est le plus adorable des fous ! Présager de l’avenir ne le changera pas, mais on aimerait bien rebosser avec lui …

Trois semaines maintenant que votre album est disponible, comment étiez-vous au moment de la sortie ?
On se sentait dans la course ! Une sortie d’album représente un vrai challenge de nos jours, et la désorganisation générale liée à la pandémie de Covid n’a rien simplifié. On savait que c’était la guerre, mais on ne s’attendait pas à ce que le champ de bataille soit pris dans une tornade. Pour autant, on était ravis d’avoir cette galette dans les mains et de pouvoir la proposer à l’écoute.

De la composition des morceaux à leur enregistrement, jusqu’à l’édition du CD et du vinyle, on a la tête dans les nuages pendant une longue période. Tu passes ton temps à imaginer, penser, réfléchir chaque détail, mais quand ça y est, c’est concret, et que tu as l’album dans les mains, tu te dis : « On l’a fait ! ». Malgré ça, tu as quand même du mal à y croire, comme l’impression que le projet fou que tu avais en tête reste un rêve irréalisable.

Mais force est de constater qu’on en parle, que pleins de personnes l’écoutent et viennent nous en parler, et ça fait chaud au cœur.

Qui se charge de la composition des morceaux dans le groupe ?
On compose tous, et chaque chanson a une voie de création qui lui est propre. Parfois quelqu’un ramène un riff, puis un autre trouve une suite. Une autre fois, c’est un morceau dans son intégralité qui sera proposé, mais chacun viendra modifier, agrémenter, rajouter, ou enlever différentes parties. À côté de ça, on en parle beaucoup ; dès que l’on pose les instruments, la plupart du temps, c’est pour discuter de ces morceaux. On exclut aucune piste, on essaie tout, puis on convient ensemble de ce qui sonne le mieux, de ce que l’on garde, de ce que l’on jette, ou encore de ce que l’on archive pour plus tard. Il nous est aussi arrivé de partir d’un texte pour composer autour.

Vous avez repris un titre plutôt inattendu « Tu dis rien ». Louise Attaque est un des groupes qui vous a donné envie de faire de la musique ? Et sinon, qui sont vos pères, vos références ?
En quelque sorte, oui. On a régulièrement fait des reprises depuis nos débuts, c’est comme une sorte d’hommage à des groupes de registres différents qui ont pu nous inspirer ; aussi bien Led Zep, que Rage Against The Machine, Jet, Portishead, NTM, ou même Chuck Berry avec « Johnny B. Goode » lors de sa disparition en 2017. Après, on a tendance à y mettre notre patte, de respecter l’œuvre avec originalité.

D’ailleurs la version du titre « Tu dis rien » de Louise Attaque que l’on a mise en ligne respecte l’original dans sa structure, ses parties, son texte et sa mélodie, mais est résolument plus Rock, voire même Métal.

« Le Noir Se Fait » est un titre qui trouve un écho particulier en cette période plus que sombre ! Il représente bien le monde de 2020, presque prémonitoire. Comment le traduisez-vous ?
La situation était déjà alarmante avant même la crise … On pourra citer le mouvement des gilets jaunes, ou même avant ça, les hôpitaux et tout leur personnel soignant qui nous interpellait déjà depuis bien 10 ans concernant leurs conditions de travail dégradées, et qui n’ont de cesse de nous répéter depuis tout ce temps que si l’on ne fait rien ou qu’une catastrophe arrive, ça pourrait mettre tout notre système de santé à genoux.

Pas besoin d’être oracle pour en déduire que si on n’agit pas concrètement alors que les personnes sur le terrain nous alertent, ça ne puisse que tourner court.

Avec ce titre, on ne fait qu’appuyer l’évidence ; la sonnette d’alarme a été tirée, la crise est à son paroxysme, c’est notre façon de faire part à notre public de cette détresse en quelque sorte.

Après, ce titre peut bien sûr laisser libre court à plein d’autres interprétations, on ne l’a pas choisi que pour ça !

©A.Pfleger

Vous avez réussi à jouer sur scène en juin. Ça devait être comme une délivrance pour vous ?
Comme vous le dites, une délivrance ! Même s’il s’agissait d’un petit concert sauvage au fin fond de la campagne, ça nous a permis de retrouver nos marques et de se lâcher comme jamais. Notre public a répondu présent, et le soulagement de pouvoir partager à nouveau cette expérience s’est fait ressentir en moins de deux ; c’était à nouveau le feu ! En plus de ça, l’accueil était plus que chaleureux, donc ce n’est pas impossible qu’on réitère cette expérience dans le futur.

On a également eu la chance de jouer au festival des Transfrontalières de Givet (frontière belge), c’était à la toute fin du mois d’août (on en profite pour saluer Nordine, on t’embrasse fort ! À vite). Il s’agissait d’un des très rares festivals à avoir été maintenus cette année. C’était grisant de pouvoir retrouver la sensation de faire sonner des amplis à fond sur une scène.

Après l’annonce du confinement v2 vous êtes dans quel état d’esprit ?
On ne va pas vous mentir, c’est dur… Mais on ne lâche rien ! On continue à travailler. Le public nous manque terriblement, on sait que lui aussi traverse une période frustrante, stressante, voire douloureuse et on brûle de pouvoir le retrouver dans les salles. En attendant, on affûte nos lames.

On a tenu à sortir l’album malgré le fait que la tournée qui va avec ne puisse suivre. Nos fans l’attendaient depuis un moment, il était prêt, on devait le sortir. On comprend bien que l’on perd là une belle occasion de défendre notre disque, mais attendre que la tempête se calme n’aurait qu’exacerbé la frustration.

On a préféré avancer. Si l’album rencontre son public, on espère le retrouver dans les salles à la rentrée culturelle. En attendant, on ne se repose pas sur nos lauriers, on s’organise au maximum pour apporter du contenu et faire patienter tous ceux qui nous suivent. Mais on ne va pas spoiler plus que ça. Surveillez nos réseaux sociaux, on vous réserve pleins de surprises …

©A.Pfleger

Il y a une âme de rébellion dans vos titres « Addict », « Je Suis Né Peuple », « Bouffon du Roi », « La Machine »… La révolte que vous chantez est-elle de l’ordre de l’engagement d’une résistance justifiable ?
Ce qui est décrit dans nos textes est issu des réalités qui nous entourent, les thèmes que nous abordons ne sont pas des fictions. Avec cet album, nous soulignons les aberrations relativement évidentes du monde dans lequel nous vivons ; et sans vouloir nous dénigrer, c’est à peine si on a effleuré le sujet.

Le monde est en proie à ses propres démons. Bien sûr que ce qui est révoltant doit nous révolter. Chacun a un rôle à jouer pour préparer le monde qui vient ou, en tout cas, pèsera dans la balance d’un équilibre devenant de plus en plus précaire.

Est-ce justifié de résister à ce qui nous semble intolérable ? Est-ce que cela vaut la peine de s’engager dans l’espoir de partager de meilleures conditions de vie à, et pour, tous ? On ne pourra pas vous dire si ça se justifie ou si ça en vaut la peine mais si tout le monde fait de son mieux en vue d’un monde meilleur, on se réveille tous demain avec des vies captivantes et tout un nouveau monde à découvrir

Vos concerts semblent impressionnants et vous avez réussi à former une belle communauté autour de vous. Vous attendiez-vous à cette réactivité de la part des gens ?
UNDERVOID en concert c’est beaucoup d’énergie déployée, une énergie communicative qui va dans les deux sens. On donne tout au public, mais il nous le rend au centuple !

On joue le Rock qui nous plaît et on a l’incroyable chance de pouvoir le partager avec les gens qui nous suivent. Les concerts nous manquent d’autant plus qu’ils constituaient un moment de rencontres, d’échanges et étaient le point de départ d’aventures uniques ! Tourner un peu partout en France avec un groupe de Rock, c’est juste épique. Pour chaque concert, chaque ville où on a joué, chaque personne chez qui on a logé, ce sont des moments de vie bien particuliers aux circonstances toujours singulières et surprenantes ; vous rencontrez des personnages fantasques dans des lieux souvent inattendus, le tout entrecoupé de concerts plus furieux les uns que les autres tout en faisant la course pour rallier chaque ville.

On a beaucoup de chance, on remercie notre public, on vous aime, changez rien !

Quels sont vos projets suivants (à venir) ?
Le 11 décembre prochain sortira le clip de « Dieu N’Existe Pas ». C’est le second single de l’album, et il tranchera clairement, tant sur le style musical que sur l’esthétique, avec le clip du 1er single « Un Regard A Suffi ».

On a également un live tourné à la Laiterie (Strasbourg) que l’on ne va pas tarder à sortir et qui fera grand plaisir aux fans en manque de scène. Mais on ne vous en dit pas plus, soon…

Pour tout ce qui est de la vidéo, on a la chance de bosser avec le studio Vidéonirique (http://videonirique.fr). Ils sont plus que des amis pour nous aujourd’hui, ils font concrètement partie de l’équipage. Ils ont un talent ahurissant et l’exigence artistique de créer et de travailler toujours plus sur des projets qu’ils veulent profonds, puissants. Faire équipe avec eux est un honneur pour nous, on les embrasse bien fort (merci Clément, merci Rayane, merci Hugo et Antoine, vivement nos prochaines aventures !) !

On a également organisé, l’été dernier, des ateliers principalement dédiés à la jeunesse des quartiers prioritaires, dans lesquels on offrait la possibilité d’enregistrer une maquette en studio aux conditions pros. L’événement était intitulé « Plume urbaine ». On pouvait y trouver des ateliers d’écriture, de guitare, de basse et de batterie. On avait également un atelier VR (Réalité Virtuelle) avec un escape game et un concert de UNDERVOID filmé en 360°. On en profite pour remercier Ben, Sam, Ramon et Jerem‘ et donc, le studio Kawati, sans qui nous n’aurions jamais pu atteindre les ambitions de l’événement. On remercie Snef qui était la plume Rap de l’événement et qui a vraiment fait un boulot incroyable. Cette première expérience s’est révélée être un grand succès que l’on compte bien réitérer.

En conclusion, le projet UNDERVOID vient de débarquer et il n’est pas près de se calmer.

UNDERVOID « UN REGARD A SUFFI » Réalisation: Mathieu EZAN

Écouter UNDERVOID https://backl.ink/143016576
Chaîne UNDERVOID : youtube.com/undervoid

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Photo ©A.Pfleger

Stef’Arzak