La Fête du Cinéma, en fait, ce n’est pas la Fête.Nous nous dirigeons, mon fils et moi-même, vers un cinéma municipal du 93 (à base de popopopo) afin de voir la dernière production Pixar. 14h00. Une cohorte de bambins menée par des institutrices en goguette pénètrent dans l’antre du 7ème Art et, de peur de ne pas voir le film dans d’excellentes conditions, nous rebroussons chemin. Faisant fi de cette première séance, nous reportons notre visionnage deux heures plus tard, histoire d’éviter un remake de « Gremlins » dans la salle. Oui, je sais, « Toy Story 4 » est un dessin animé à destination des enfants et nos charmantes têtes blondes (ou pas) ont le droit de sursauter, vivre, s’interroger ou réagir devant l’écran géant. Mais je suis un ayatollah du Cinéma. Je pars du principe qu’une foule de personnes-convoquées en fin de générique- ont travaillé d’arrache-pied à la conception de ce long-métrage et qu’importe si ce dernier soit réussi ou pas, mainstream ou art et essai, chef-d’oeuvre absolu ou série B qui s’ignore. De ce fait, nous nous devons de lui rendre hommage en étant toute ouïe, en fermant nos bouches et en mastiquant religieusement nos bonbons afin de ne faire plus qu’un avec l’objet filmique identifié.
Vous l’aurez compris, selon moi aller au Cinéma, c’est comme aller à la Messe. Ou chez ton spécialiste. Quand Humphrey Bogart décoche une droite ou quand Jean Gabin déclame « C’est 100.000 francs! », on se tait, on regarde, on pleure, on rit et on prend du plaisir. Ensemble. Mais séparément. Dans le respect d’autrui.
Séance de 16h15. Immense salle vide peuplée d’une dizaine de personnes, toutes prêtes à recevoir la nouvelle claque Disney en matière d’animation.
Et une petite famille, charmante, qui explique à ses rejetons qu’il faut chuchoter durant le film, afin de ne pas gêner l’audience.
Mais c’était sans compter sur le duo de Connard et Coincoin, qui bouffe du film comme l’on va au fast-food et pour qui les autres n’existent pas.
De ce type de duo qui te bouffe le quotidien des transports en commun à coup de conversations inutiles au téléphone portable, histoire de tuer le Temps sans le remplir véritablement. « Allllo? T’as pris une baguette pour ce soir? Il fait chaud, hein? »
Et qui pénètre dans le métro parisien avant même que tu puisses en sortir, ce qui est totalement illogique puisque la place supposée vacante ne l’est toujours pas. Cqfd.
Un, deux et trois. Générique.
Et c’est parti pour des commentaires bruyants dès les premières minutes de « Toy Story 4 ».Mon sang ne fait qu’un tour. Je gueule. Cela se calme.Mais le Mal est fait. Je n’arrive plus à me concentrer sur le début prometteur de ce quatrième épisode. Focus. On se détend.
Le fiston semble attentif. On se reprend.
Alors que le précédent Opus atteignait des sommets d’émotion ( selon une étude menée aux USA, il est le long-métrage qui fait le plus pleurer les hommes outre-atlantique!) et « bouclait la boucle » avec brio, ce nouvel épisode se contente d’offrir une suite instantanée mais confidentielle. Une énième aventure de Woody, Buzz et toute la tribu, bien ficelée, certes, mais dépourvue du souffle qui nous étreignit en 2010. La faute à un scénario conçu, avant tout, pour les bouts de choux et offrant peu de second degré ou de double interprétation pour les parents. Josh Cooley (scénariste de « Vice-Versa ») effleure quelques thématiques philosophiques (Qu’est ce que l’âme et la conscience? Ces dernières font-elles de nous des êtres vivants? Et quelle est l’essence des choses? Ce qu’elle est ou ce qu’elle parait? Un jouet existe-il de par sa nature ou sa fonction? ) et semble gêner aux entournures. Woody, oui. Allen, non. Retour à la case départ: cette bonne vieille idée de l’abandon-exploitée depuis le début de la Saga- fera l’affaire.Le féminisme est dans l’air du temps? Qu’à cela ne tienne. Le personnage de Bo Peep, bergère au caractère bien trempée et secrètement amoureuse de notre cow-boy préféré, sera prépondérant. Et, afin de combler l’auditoire, l’humour toujours plus omniprésent ( Duke Kaboom Forever).
Mais quid du scénario?
Avouons le. Cette course-poursuite sur fond d’ allers-retours incessants a un léger goût de « déjà vu ». Et me fait passer-vis à vis de mon fils- pour Roger Murtaugh face à Martin Riggs. Trop vieux pour ces conneries?Attention. Alarme Fatale.
Pixar ne déçoit pas. Nous sommes toujours enchantés de retrouver des personnages attachants (et leurs doublures-voix fantastiques) dans un univers reconnaissable entre mille. Et de voir les avancées successives en matière de prouesses techniques. Mais Disney ne surprend plus.
Le final de »Toy Story 4″ annonce un 5ème épisode, sans surprise. Relançant la Franchise vers d’autres horizons.Cette « équipée enfantine et sauvage » semble inaltérable comme son succès au box-office.Mais aurai-je toujours envie de voir les péripéties de la bande à Buzz d’ici quelques années?
Vers l’infini et au-delà?
Pas certain.
John Book.