« Star Wars. L’ascension de Skywalker ». Santa Claus is coming to Town !

« J’adore lorsque tu débats des heures avec tes amis, vous décortiquez les films que vous aimez, vous n’êtes pas d’accord…et c’est amusant de vous voir. Mais dès qu’il s’agit de « Star Wars », tu perds tout sens critique et tu n’es plus du tout objectif! Moi, je me suis ennuyée… ».Au détour d’une remarque bien sentie, ma pragmatique compagne toucha du doigt mon point faible mais aussi celui de ce nouvel épisode inter-galactique: le « fan-service ».C’est, pourtant, toute la difficulté de cette neuvième « Maxi-Enterprise »: ravir les adeptes de l’œuvre de George Lucas sans laisser le grand public sur le bas-côté.Renouer avec les déçus de l’épisode précédent sans offusquer les amateurs de space-opéra lambdas. Et retrouver le goût de nos madeleines d’antan.
Je suis addict à la Saga (à fric, ha?) et ne supporte pas le moindre écart ou la moindre fantaisie dans le cahier des charges du multimillionnaire barbu. Trahi durant toute la durée de cet inter-minable épisode 8 sans queue ni tête, je  fustigea copieusement à la sortie du Max Linder – et au grand dame de mes camarades cinéphiles- son réalisateur néophyte.On se refait le film?Nanar épisode 8. Extrait !

Luke Skywalker  se poste devant une jeune inconnue haletante. Celle-ci lui tend son sabre. Nous attendons une mine stupéfaite de l’intéressé. « Mais, petite? Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Et comment diable as tu fait pour récupérer cette relique d’un temps passé ? » Non. Notre ermite  n’a pour seule réaction que de lancer aux oubliettes cette arme iconique un peu plus loin dans les fourrés, la gueule chafouine et le regard lointain! Je passerai, aussi, sur l’entrainement Jedi digne d’un sketch de Benny Hill (guilli-guilli, la Force) et des moments gênants qui contaminent durablement ce huitième épisode ( Benicio Del Toro partageant inexplicablement la geôle de nos protagonistes en perdition et qui déclare, goguenard, à cette bande de bras cassés: « Comment ? Vous cherchez un spécialiste dans le craquage de données? Tralala, c’est moi que v’là. Heureux hasard, n’est-il pas ? »).Enfin, depuis quelle décennie notre petit muppet aux oreilles pointues peut-il déclencher la Foudre ?
On ne fait pas n’importe quoi avec la Saga. On ne déclare pas la guerre aux fans sous prétexte d’une (fausse) attitude anarchiste. On ne réécrit pas l’Histoire. De celle que l’on s’invente avec des figurines…
Oui, ma colère fut grande et ma déception de taille après le saccage minutieusement orchestré par Rian « Rillettes » Johnson.  Pourquoi avoir écarté le précédent réalisateur, Mme Kennedy ?
Certes, le créateur de « Bad Robot Productions » ne brilla pas pour son originalité dans un « Réveil de la Force » proche du plagiat. Mais sa réalisation , sa science du cadre et son respect du Mythe dynamitèrent toutes les attentes.Après un tollé inévitable face à cette bouillie informe, retour à la case départ. On prend le même et on recommence.
18 Décembre. Extinction des feux. L’heure de la Messe a sonné.
Dès les premières minutes (il est 10 heures du matin et nos sens sont en éveil), nous sentons que le réalisateur de « M.I. 3 » tente de rattraper le désastre total des « Derniers Jedi » et de recoller les filaments d’une boucle sectionnée. Frénésie.  Notre « Club des 5 » est précipité dans une intrigue pétaradante et les fantaisies de l’épisode « huitre » enterrées.Les grands thèmes fédérateurs ( la Famille, les origines, la rédemption) sont convoqués et Rey découvrira, enfin, le sens de ses origines cachées. Ainsi, tout sera réparé- dévoilé.
ATTENTION! S(POILS) DE CHEWBACCA! Le Maitre et l’élève. Par deux, toujours, ils vont. Jay Jay duplique bizarrement les éléments dans son dernier opus, quitte à nous prendre pour des blaireaux. Un vaisseau explose avec le géant poilu à son bord? Faux! Ce dernier était emprisonné dans une autre embarcation! Rey pense pouvoir retrouver l’Empereur via une boussole. Il en existe une deuxième! La pilleuse d’épaves rêve d’une confrontation avec un Sith. Il s’agira de son double maléfique! Enfin, c’est armée des sabres de Luke Et Leïa que notre héroïne affrontera l’horrible Palpatine .
Des symboles nébuleux partout, des efforts scénaristiques nulle part ?
Ces facilités (ces « fichues antennes qu’il faut détruire coûte que coûte  afin d’immobiliser la Flotte de l’Empire! » ) et quelques redites aperçues dans l’épisode 6 ( la fameuse cavalerie) vont dans le sens des doutes émis par ma douce et tendre.
Je l’admets, ma chérie, cela tourne souvent en rond dans l’hyper-espace…
Toutefois, si l’on s’y attarde un peu,  « Un Nouvel Espoir » se posait là dans les rencontres fortuites et ellipses totales.Alors? Paresse ou Hommage ? A mon tour de défendre mon steack de Tauntaun !
Hommage, of course ! Et c’est avec une classe folle que le binoclard surdoué enterre les effets de manche de Rian « Rien » Johnson.
Les personnages incarnés par Daisy Ridley et Adam Driver gagnent en épaisseur, les intrigues rappellent celles de l' »Univers étendu » (les romans parus après le long-métrage de 1983) et le come-back de Billy Dee Williams en Shaft bienveillant et »sapé comme jamais » vaut, à lui seul, le déplacement.Enfin, la réalisation du show-runner new-yorkais-alternant moments d’introspection et furie visuelle- atteint des sommets dans la maitrise (de la Force?) et dépasse notre entendement.J’avais un mauvais pressentiment, et pourtant…
Film baroque et flamboyant, respectueux de ses prédécesseurs et dopé à la kétamine,  » L’ascension de Skylwaker » est sans conteste le plus réussi de cette dernière trilogie et le plus émouvant. Cet Adieu -noble et sincère- aux figures emblématiques de notre jeunesse et à sa gouailleuse princesse- nous vrille la poitrine tout en contentant, indiscutablement, tous les fans du Monde. Attifé d’un costume rouge et blanc, le disciple de Spielberg termine en beauté et, désolé ma Chewie, nous fait le plus beau cadeau qui soit : un digne retour aux sources ! 

John Book.