SORRY, ne le soyez surtout pas !
Le duo infernal emmené par Asha Lorenz et Louis O’Bryen (guitare/chant), âgés respectivement de 22 ans, complété par Lincoln Barrett à la batterie et de Campbell Baum à la basse nous vient tout droit du nord de Londres.
Leur premier album – très attendu – intitulé 925, signé chez Domino Records (Alison Mosshart, Artic Monkeys, Franz Ferdinand, ça commence bien !) et co-produit par James Dring (Gorillaz, Blur) a déjà conquis toutes les ondes et la presse indé. L’album est sorti le 27/03/2020.
En tournée depuis quelque temps, il faudra patienter un peu pour se prosterner à leurs pieds. Le groupe n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il a déjà beaucoup tourné au Royaume-Uni et assuré les premières parties de Shame ou Fat White Family, entre autres.
Dès la première écoute on n’est pas étonnés d’apprendre que le noyau dur formé par Asha et Louis se connaît depuis une dizaine d’années, on ressent dans cet album une complicité évidente, un accord parfait entre les deux voix et une belle maturité dans la composition des titres.
Le premier single « Right Round The Clock » offre une balade mélancolique où la voix de Asha démarre sur des notes cristallines puis celle de Louis vient accentuer un tempo sensuel un peu crooner, comme un roc qui viendrait effleurer un verre en cristal, Asha semble changer de tonalité comme elle le souhaite, sa voix se fait plus grave au fil du morceau et pour le bonheur des sens. Tout lui va.
Un premier single addictif dont le leitmotiv captivant envahit les tympans.
Difficile de résumer un groupe « caméléon » comme SORRY, un groupe aux allures assurément rock/grunge, qui manie la multiplicité des styles et la distorsion des sons à sa guise tels des jongleurs affirmés. Quelques notes de jazz, des riffs grinçants, des voix sur le fil, des guitares saturées, des beats hip-hop, des mélodies douces amères ou profondément désespérées, une fusion entre le rêve et la réalité, des touches électro, des expérimentations holistiques mêlant corps-esprits-voix, un beau désordre expérimental pour un plaisir auditif assurément jouissif, un mix de genres musicaux subtilement orchestré.
925 c’est une déclinaison d’expériences, de longues balades envoûtantes et acrobatiques où des titres comme In Unison amènent à se demander si l’enchaînement est volontaire tant il est déstabilisant. L’expérience Snakes et sa mélodie lancinante, la voix caverneuse de Louis et ce serpent présent à l’image perturbent, le bazar électro/rock/répétitif de Starstruck où Asha semble vomir à la fin de chaque couplet n’en est pas moins surprenant. Quant à l’excellent More, il se savoure jusqu’à l’ivresse.
Résolument moderne, novateur et éclectique, ce qui fait la richesse et la singularité de ce groupe « caméléon » c’est qu’il change sans arrêt de ton.
Les titres s’enchaînent pour nous laisser la même impression, l’album est une pépite, un diamant déjà bien taillé pour la scène indé internationale. Télérama les qualifie de « cabaret rock aux accents grunge et hip-hop », je n’ai pas trouvé plus beau titre et je rejoins complètement cet avis, c’est bien d’un cabaret rock dont il s’agit, tous les morceaux ont une touche singulière et aucun ne ressemble à un autre.
On ne peut évidemment s’empêcher d’avoir une pensée pour The Kills, duo tout autant sulfureux à l’écoute de certains titres, et pour le côté duo féminin/masculin mis en avant. Mais SORRY a son univers à lui et n’a rien à envier à ses aînés.
Comme j’ai pu le lire ailleurs, la voix d’Asha peut rappeler celle d’Alison Mosshart, et plus particulièrement sur les titres Rock’n’roll Star ou More. On a pu la comparer à des chanteuses/musiciennes comme Beth Gibbons ou Kim Deal. Pour ma part et cela m’est propre, j’ai pu déceler l’originalité et la pureté de la voix cristalline d’Olivia Merilahti (la sublime chanteuse du groupe THE DØ) au tout début du single Right Round The Clock. Quoiqu’il en soit, Asha a décidément beaucoup de cordes (vocales) à son arc et cela n’est pas pour nous déplaire.
Nous avons hâte de les retrouver en 2021 ou avant, je l’espère.
Sans plus tarder, je vous invite à découvrir les clips de Rock’n’ Roll Star et Right Round The Clock qui m’ont entraînée dans un dédale de sous-sols aux allures de pubs londoniens dont les murs suintant la bière nous rappellent à notre bon souvenir, et à m’immiscer dans leur univers fait de rêveries poétiques déstructurées dont il me fut difficile de m’éloigner… Bonne écoute and stay at home !
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Lolo Patchouli