[Chronique] Sarakiniko – « Grand Œil »

Deux ans après « Dehors », son deuxième album qui avait ouvert des clairières sonores dans les forêts sombres de la pop francophone, Sarakiniko revient avec « Grand Œil », un EP incandescent qui poursuit l’aventure en creusant plus profondément dans son sillon singulier qu’il nomme mud-pop.

Entre beauté hallucinée et rudesse runique, Sarakiniko sculpte son univers méticuleusement, là où l’on respire à la fois les landes humides et les terres fertiles. Ici, même si la pop est charbonneuse, elle reste toujours traversée d’éclats mélodiques ensorcelants.

Son dernier EP, cinq titres,  « Grand Œil », à l’écoute l’esprit grand ouvert dans une sorte de rêve éveillé, en est la suite logique. Les textes, écrits dans une langue française tranchante avec la beauté saillante de l’ingénu, sondent toujours plus loin un imaginaire chamanique, presque mystique, où l’on pourrait encore réinventer l’humanité. Peut-on remonter le temps de 12 000 ans et prendre un chemin différent ? Sarakiniko en livre une expérience sonore, aussi poétique qu’intriguante, où déjà, ses refrains entêtants semblent prêts à se graver « jusqu’à la fin des temps ».

Après avoir secoué les Transmusicales, marqué les esprits chez KEXP et sillonné la France, New York et Londres, Sarakiniko montre qu’il est l’un des projets les plus singuliers de sa génération.