Rock progressif, babas cools et autres drogues: le futur antérieur.

Perpignan 1971. Que peuvent faire deux mômes un week-end à Perpignan à part glander sur le trottoir, imaginer des scénarios abracadabrants et écouter du rock. Heureusement le grand frère de mon meilleur pote a des copains qui viennent d’ouvrir un minuscule magasin de BD, bouquins de poches tendance science fiction en occasion, mais aussi des vinyles. Les mecs étant étudiants, ce magasin, cette pièce devrais je dire tant c’est petit, n’ouvre que le mercredi après midi et les week ends. C’est notre caverne d’Ali baba à mon pote et moi et nous y passons des dimanches entiers après la messe en hiver, c’est mieux que de se les peler sur le trottoir. On y écoute des disques, de groupes qui sont pour la plupart inconnus de nous pour l’instant. Bien sûr, il faut consommer aussi un peu et nous achetons de temps à autres un vinyl ou une BD. On ne vole que dans les Nouvelles Galeries à cette époque, c’est déconcertant de facilité. Au Futur antérieur, c’est comme la famille, on va pas les voler. Ça sent l’encens, le patchouli, des substances naturelles. Les gérants nous offrent le thé, des parts de Space cake, nous font fumer (pas que du tabac). On peut donc décemment pas piquer dans cette échoppe. Oui nous avons une éthique malgré tout, bien que l’envie nous brûle. Je me rattraperai des années plus tard, mais je ne le sais pas encore.

Or donc, nous sommes en pleine période prog, nos oreilles grandes ouvertes prêtes à toutes les expériences sonores. Nous avons quelques connaissances en matière de rock mon pote et moi, on écoute les #Beatles, #therollingstones #thewho #thekinks, mais aussi le #velvetunderground #thedoors #hendrix, le triple de #woodstock, des fous furieux mais qui nous fascinent appelés #thestooges. Les chambres du grand frère et de la grande sœur de mon pote sont des mines d’or pour nous et nous y écoutons tous ces disques en cachette (on n’a normalement pas le droit d’entrer dans ces chambres, il s’y passe des choses que la morale même aujourd’hui réprouverait et encore moins de toucher les disques, mais bon, nous ne sommes pas très obéissants).



Au Futur Antérieur (pour ceux qui connaissent #perpignan, le premier magasin était situé au milieu de la rue Grande la Réal) on peut écouter toucher, regarder pendant des heures. On en sort complètement stoned parfois mais c’est rigolo, surtout quand on y repart à vélo la nuit et sans lumière, en criant à tue-tête tout le long du chemin de retour à la maison « everybody must get stoned » de #bobdylan. Les rois du monde.

Futur antérieur donc, où j’ai acheté (oui j’ai payé je vous dis) trois pépites du moment : les lp #nurserycryme de #genesis, #fragile de #yes et la bombe étrange psyché cramée folle appelée #camembertelectrique de #gong. Si vous ne connaissez pas cet album, vous ne connaissez rien. Bon, ceux qui me connaissent vont penser que j’ai pété un câble de parler ainsi de ce disque, définition de tout ce que je n’aime pas: hippies, babas, mous. Mais la musique putain, la musique. On est en France en 71. La subversion ici c’est France Gall, Cloclo, Joe Dassin, Stone et Charden. Bref…..Y a que ça qui passe à la radio. C’est Pompidou le président de la république. Rien que de l’écrire j’en tremble.



1971 donc et j’entends les notes de Cet album de gong. Un électrochoc. Putain mais qu’est-ce qu’ils prennent les mecs pour pondre un tel machin? Dans un autre style, la claque m’est donnée par genesis et yes. Y a pas de folie, plutôt une envie de raconter des fables chez genesis, des poèmes ésotériques chez yes. Tout les ingrédients de ce que je vais détester et rejeter 5 ans plus tard sont réunis dans ces trois albums. Trois pressages originaux. Je n’ose même pas vous en donner le prix, d’autant plus que je les ai eu d’occase (quasiment neufs vu qu’ils sont sortis cette même année), même pas un euro d’aujourd’hui. C’est pas de la science fiction ça?
A suivre….