ORVILLE PECK – EP 6 TITRES SHOW PONY

Après la pénurie de ces derniers mois, voici qu’arrive enfin LE masque que l’on attendait le plus, celui d’Orville Peck.

Le cow-boy outsider vient d’annoncer la sortie de son nouvel EP 6 titres Show Pony le 12 juin prochain, qui intègrera le single  Summertime (déjà présenté ICI), le nouveau titre No Glory in the West ainsi qu’un duo (Legends never Die) avec  Shania Twain que l’on ne présente plus désormais.

Rappelons à toutes fins utiles que le troisième album Come on Over de la chanteuse ontarienne, sorti en novembre 1997, n’est ni plus ni moins que l’album le plus vendu de tous les temps par une artiste féminine solo dans le monde et l’album le plus vendu de l’histoire de la musique country. Voilà qui fera la nique à ses compatriotes Céline Dion et Alanis Morissette. Voilà aussi ce qui s’appelle ‘’upgrader son épigénétique’’ et qui devrait désormais faire passer Peck dans une nouvelle autre dimension.

Pour le clip vidéo de No Glory in the West, Peck a cette fois fait appel au réalisateur Isaiah Seret, que DAVID reviews.com décrit ainsi : ‘’Avec un fort sens de l’esthétique et une compréhension innée de la narration émotionnelle, les visuels de Seret capturent les téléspectateurs et refusent de les laisser partir’’. Il suffit de regarder les images pour s’en convaincre…

Seret  a collaboré par le passé avec MGMT, Devendra Barnhart, Norah Jones, alt-J, Edward Sharpe and the Magnetic Zeroes, Raphael Saadiq et Cults et qui réalise également des clips institutionnels pour de grandes entreprises (Adidas, Nike, etc).

Depuis la sortie du premier album Pony en mars 2019, Orville Peck a retenu la phrase de Dolly Parton – ‘’D’abord tu dois te démarquer, puis après tu leur donnes la substance’’.

D’abord le masque à franges pour créer l’image singulière, individualiser le personnage, à l’image du cow-boy outlaw solitaire. Ce n’est assurément pas par hasard si Peck cite en référence David Bowie et Grace Jones qui n’ont eu de cesse au cours de leur carrière, de se réinventer en permanence, de surprendre et de collaborer eux aussi avec des artistes et stylistes de renom (Alexander McQueen, Natasha Kirniloff, Willie Brown, Ola Hudson, Kansai Yamamoto, Michael Fish pour Bowie, Goude, Warhol et Alaïa pour Grace Jones).

Puis vient la délicatesse et la sensibilité au milieu d’un monde – le far-west, l’Amérique profonde -, que l’on imagine brutal, intolérant, rempli de péquenots au conservatisme exacerbé et aux idées aussi courtes que le canon de leurs armes à feu. Faces émergées de l’iceberg.

L’univers de Peck va bien au-delà de ces premières démarcations.

Après vient la ‘’substance’’ : celle de ses chansons empreintes de western country, qu’il est en train de dépoussiérer et de faire revivre, celle de son univers visuel très singulier : le stylisme vestimentaire, l’importance des clips vidéo, des pochettes d’albums… ‘’J’aime tout ce qui touche à l’art en général’’.

Et l’imagerie décalée du cow-boy queer bien sûr, une autre analogie avec Bowie, que la journaliste Wendy Leigh, dans une biographie datant de 2014, décrivait comme une ‘’icône sexuelle d’avant-garde’’. Toutes proportions gardées, Peck véhicule et assume cette image homo-érotique du cow-boy, finalement peu mise en avant (on se souviendra néanmoins des films Lonesome Cowboys de Paul Morrissey et Andy Warhol Le Secret de Brokeback Mountain d’Ang Lee).

No Glory in the West a ce surplus d’épique – les magnifiques paysages d’une Amérique profondément sauvage, l’émotion immense que procure la voix de baryton de Peck – que l’on aime par-dessus tout chez Orville Peck. Notre nouveau Man in Black n’a pas fini d’évader notre imaginaire et en ces temps de distanciation sociale absurde et de maintien dans l’enclos, ce n’est pas là le moindre de nos rêves d’immensités et de liberté.

 

Alechinsky.