Mathilde Hirsch de l’Ecole Normale, est réalisatrice pour l’INA et ARTE. Florence Noiville est romancière et journaliste littéraire au Monde. Toutes deux, mère et fille dans la vraie vie, proposent une sublime plongée captivante et très documentée dans l’existence d’une des plus grandes artistes de tous les temps, dans l’ouvrage biographique Nina Simone, Love me or leave me (Editions Tallandier, 2019).
La voix de Nina Simone (1933-2003), auteure-compositeure et chanteuse hors pair, mène à l’étreinte d’une multitude d’émotions et à une plénitude de sens en une véritable puissance vocale au timbre inimitable et reconnaissable entre tous, faite pour la musique depuis un très jeune âge. Á déjà 3 ans, Eunice Kathleen Waymon donne son premier concert dans une église de Tryon, sa ville natale en Caroline du Nord. Douée et déjà très impliquée pour la défense des droits civiques pour tous, elle lutte contre la ségrégation lors d’un récital à 10 ans en insistant pour que ses parents puissent y assister au premier rang et au même titre que les autres parents « de couleur blanche ».
Parallèlement à son instrument vocal exceptionnel, elle s’est mis très tôt au piano, ce qui allait contribuer à l’extraire d’un milieu modeste où chanter et faire de la musique n’avait que trop peu de place, sauf à l’église. Á 18 ans elle prend le nom de scène de Nina Simone pour mener une existence extraordinaire au travers de tourments anecdotiques et figurer parmi les légendes iconiques de la musique, entre soul, jazz, classique et gospel au firmament de la scène du Carnegie Hall à New York.
« Une voix d’une tristesse oppressante, d’une mélancolie lumineuse. ‘Old black swan, oh where is my lover now ?’ Dans la salle, son timbre contralto les embarque tous, comme s’ils étaient emportés sur un bateau dont ils ne connaissaient pas la destination. Comme s’ils étaient physiquement happés. »
La chanson Black Swan dont il est question ci-dessus, figure au répertoire des plus grands titres de la chanson soul jazz. Cet ouvrage conte le récit des concerts de la diva et on s’approche au plus près de ses expériences de femme militante chantant aux côtés de Martin Luther King, et de femme aimante souffrant de désillusions sentimentales, de la difficulté à être une « bonne mère » pour sa fille, de problèmes psychiques et de son inaptitude à bien gérer son argent face à une industrie musicale vorace. Tombée amoureuse de la douceur de vivre en Provence, elle finit sa vie dans la quiétude du sud de Carry-le-Rouet (13). Une lecture saisissante à recommander en cette période estivale de congés, pour se remémorer et en savoir plus sur une grande dame qui laisse une marque indélébile et inoubliable dans l’histoire de la musique.
Nina Simone, Love me or leave me, de Mathilde Hirsch et Florence Noiville, Editions Tallandier, 336 pages, 20,90 euros.
Vanua Memento Mory