Il y a un an sortait « ESTOUEST » ( Novembre 2019) aujourd’hui au crépuscule de 2020 Miegeville nous dévoile un nouvel extrait clippé format duo. Candice Pellmont et Matthieu Miegeville chantent ensemble sur ce morceau, qui marque par cette émotion culminante. Dans l’attente de retrouver le public, (encore sous silence), Miegeville nous évoque l’origine de ce nouveau clip réalisé par Mathieu Laciak « La Baleine Bleue ». Il nous parle aussi de son univers où mélodies profondes et chant des mots transforme l’inspiration en poésie. Artiste ouvert au monde il répond a nos questions sans hésitation.
Dans « EstOuest », il me semble y voir un concept introspectif, à deux voix parfois. Quelle est l’idée qui se cache derrière tout ça ?
L’album « EstOuest » est parti d’une réflexion sur nos racines. De là d’où l’on vient, humainement. L’Est et l’Ouest comme deux repères familiaux, la mère, le père, et de notre descendance. L’empreinte que l’on va laisser sur notre terre, sur les gens que l’on aime, que l’on doit chérir, protéger, émanciper. Au milieu des quatre points cardinaux, il y a la boussole et cette boussole, c’est uniquement nous. Avec notre liberté d’agir dans toutes les directions et de choisir notre route.
Votre album est sorti il y a plus d’un an maintenant (fin 2019). Y a-t-il un souhait conscient de mettre autant de distance entre chaque single ?Il n’y a pas de volonté consciente de mettre de la distance entre mes singles. D’une part, je n’ai pas un gros label aux fesses. Donc sans énormes moyens, on est toujours dans le système D pour créer au fur et à mesure des vidéos et des visuels. D’autre part, mon album a simplement été victime de la pandémie lui aussi avec une promotion avortée, une tournée sabordée, donc forcément les plans changent. Les dates s’annulent, les tournages s’annulent donc tout devient compliqué. Là où l’histoire devient positive, c’est que finalement l’empreinte de mon album s’étend sur un temps plus long, là où même les médias digitaux demandent une immédiateté dans les sorties de disques, là où toute œuvre artistique semble devenir périmée au bout du troisième mois d’exploitation, je me réjouis de voir qu’on peut encore écouter un disque qui a un an d’existence.
Votre nouveau single « La Baleine Bleue » est très atmosphérique (presque contemplatif), avec une beauté sombre sous-jacente (dramatique). Ces deux facettes sont-elles en dualité avec vos deux personnalités (Candice Pellmont et Matthieu Miegeville ) dans l’aspect ombre et lumière ou est-ce plutôt le résultat d’une approche finalement fusionnelle ?
Il est clair que dans mon interprétation et mes habitudes, je suis quelqu’un d’artistiquement plus sombre que ma collègue Candice. Il y a donc un petit peu cette complémentarité « ombre et lumière ». Cependant, dans ses projets personnels, elle est la première à faire surgir des émotions profondes et sensibles. Et j’ai de mon côté toute une partie de moi beaucoup plus légère, solaire et disons-le, attachée à l’humour pour toutes celles et ceux qui m’ont déjà vu sur scène ! Donc tout n’est pas tout noir ou tout blanc mais il y a un petit peu de ça oui. Nous nous sommes trouvés car nous partageons, je pense, une même hypersensibilité au niveau des relations humaines, du monde qui nous entoure.
Le single s’accompagne d’un clip réalisé par Mathieu Laciak. L’avez-vous élaboré en collaboration avec lui ?
Non pas vraiment. Il faut rendre à César ce qui est à Mathieu Laciack. J’ai voulu lui laisser carte blanche, avec très peu d’indications. Il avait des idées. Il était touché par le morceau. Il avait une vision de ce que ça pourrait donner à l’image. J’ai participé à l’élaboration du clip à la marge. C’est avant tout sa vision poétique qui a primé, et quand il m’a envoyé les premières ébauches pour me demander si l’orientation était bonne, j’ai été à la fois ému et séduit. Ensuite, tout a été très vite et très simplement vu que nous nous connaissons bien. Mathieu joue en effet également avec moi dans mon projet piano post-punk « My Own Private Alaska ».
(Je suppose qu’il a été tourné pendant le confinement ?! Et si oui, j’enchaine avec cette question) Justement, quels sont les artistes ou groupes qui ont retenu votre attention pendant le confinement voir même inspiré ?
J’ai écouté énormément de musique pendant le confinement. Pour les artistes modernes, j’en citerai seulement trois. J’ai découvert LA BATTUE qui n’a pas un nom très engageant (!). La musique, elle, est vraiment magique, une sorte de pop synthétique avec des claviers vraiment étranges et des mélodies peu communes. J’ai découvert aussi HANAMI, qui est une formation au son très moderne,entre musique urbaine et pop electro. Il y a beaucoup de déchets dans ce style de musique actuellement mais HANAMI est une belle exception. Avec de belles voix et de beaux morceaux. Dans un registre complètement différent, j’écoute pas mal de musique dure vu mes autres groupes. Et j’ai découvert le dernier album de ALCEST, qui est un des groupes français les plus sous-estimés actuellement. Ils ont une carrière incroyable à l’étranger et ne sont pas prophètes dans leur pays. Pourtant, ils arrivent à marier un métal entre post et black très agressif avec des ambiances new wave quasi mystiques, avec des voix très Depeche Mode ; ce qui n’est pas pour me déplaire. Leur album est à découvrir d’urgence. Sinon j’ai pris le temps de creuser la discographie d’artistes que je respecte depuis longtemps comme DANIEL DARC, MANSET ou CHRISTOPHE.
« Chaque soir, chaque soleil, à chaque fois qu’il pleut/ Je suis le grand squelette de la baleine bleue ». Que représente « la baleine bleue » pour vous ?
La Baleine Bleue, ou plutôt son squelette, au Muséum d’Histoires Naturelles, a représenté ce que j’étais à ce moment-là. Un animal décharné qui n’a même plus sa peau sur ses os pour affronter les courants d’eau froide que je rencontrais à cette époque. C’est une allégorie. Il est question de couple, de séparation, de dénuement.
Certains groupes suivent le même chemin de textures que vous (je nommerai Arman Méliès). En confrontant la musique rythmique et des textes poétiques complexes. Vous considérez-vous comme un poète qui fait de la musique ou un musicien qui fait de la poésie ?
Très intéressante question. Je dirais : plutôt comme un « poète » qui fait de la musique, pour la bonne et simple raison que je suis venu à la musique par l’écriture. Je suis rentré dans un groupe par hasard, et je n’en suis jamais sorti, car extérioriser ses mots a été une thérapie extraordinaire pour moi, je pense. Je n’ai pas fait d’études de musique étant enfant, je n’ai pas fait de solfège et j’ai pris des cours de chant, compte tenu de ma médiocrité à mes débuts, mais j’ai appris le plus gros sur le tas. Par expérience et remise en question.