MICHELLE BLADES VISITE LE MONDE

Michelle Blades est une artiste aux talents aux expérimentations et collaborations multiples : chanteuse, compositrice, multi-instrumentiste, bassiste pour Fishbach , mais aussi réalisatrice pour Cléa Vincent. Une citoyenne du Monde difficile à cantonner dans un style unique. Ce qui est indéniable, c’est qu’elle participe activement au bouillonnement de la scène musicale indie actuelle. Son nouvel album VISITOR est une incitation à un voyage enjoué et coloré, qui s’impose à l’esprit dans une vision prégnante du monde. Nous la rencontrons dans le cadre du Biches Festival pour évoqué sont parcours.

J’ai eu le plaisir de te voir en live à la Maroquinerie en Avril dernier pour la sortie de Visitor, un moment marquant. Que s’est-il passé depuis pour toi ? 

C’était sympa on s’est bien amusés, tout le monde était cool à la Maroquinerie. Par la suite, je suis rentrée aux Etats-Unis où j’ai fait une tournée en passant par le canada et au moment où je te parle, je suis encore un peu en jet-lag. Je repars à nouveau aux Etats-Unis le 22 août.

Tu tournes aussi beaucoup à l’étranger ?

C’est bien pour la musique de faire du live partout, avec toutes ces couleurs surtout dans le genre Rock. Plus on joue et plus ça évolue sur scène ; ça devient un vrai spectacle qu’on maîtrise et en même temps, tu lâches prise. C’est important de jouer beaucoup, j’ai beaucoup d’arrangements maintenant dans ma tête.

Et comment tu te positionnes justement face à ces scènes française et étrangère qui n’ont pas exactement la même attitude ni la même vision des choses ? Comment tu appréhendes ça sur tes concerts ?

J’essaie de ne pas trop y penser. Je me concentre sur la musique, sur moi-même, sur mon jeu, sur le plaisir de jouer live et de le restituer au public. Pour que rien ne soit gâché.

Pourquoi avoir nommé ton album « Visitor » ? Y-a-t-il un fil conducteur tout au long de l’album ?

Je voulais un titre que je pouvais lier avec des paroles de chansons. Il ne s’agit pas que d’une femme qui parle d’un simple voyage. Si tu écoutes l’album en entier, ça raconte l’histoire d’une jeune femme qui n’est plus simplement un visiteur en retrait du monde, mais qui en fait pleinement partie. C’était une sorte de challenge littéraire…

Avec ta double culture, tu es très attachée à la langue française, que tu maîtrises parfaitement bien. Ça te vient d’où cette envie de maîtriser la langue Molière?

Lorsque j’étais jeune, j’ai dû partir aux États-Unis et j’ai dû apprendre l’anglais. C’était une nécessité d’apprendre la langue pour aller à l’école, pour parler avec des gens, pour m’intégrer à la Société. Lorsque je suis arrivée en France, il était naturel d’apprendre le français aussi, de rentrer dans votre Culture. Les amis que j’ai sont des amitiés très profondes, sûrement parce que je comprends la langue. 

D’où es-tu originaire ?

Panama Je suis née en juillet 1990, peu après l’invasion de l’armée US les 20 & 21 décembre 1989, qui a énormément déstabilisé le pays. Nous avons immigré à Miami. J’avais un oncle qui était un peu dans la politique ; mon père jouait au sein de Miami Sound Machine (NDLR : groupe américain de musique latine qui a notamment participé à plusieurs albums de la chanteuse cubaine Gloria Estefan) puis il a trouvé un boulot chez Criteria Studios (NDLR : fameux studio d’enregistrement de Miami où ont été enregistrés près de 250 disques d’or et de platine – singles ou albums-, parmi lesquels AC/DC, Michael Jackson, Beach Boys, Dylan, James Brown, etc). J’ai appris l’anglais et je suis restée à Miami jusqu’au lycée, avant de partir en Arizona. Je suis arrivée en France en 2012, à l’âge de 22 ans.

Et maintenant, est-ce que tu considères la France comme une de tes patries ?

Oui. J’ai un label ici avec des français qui sont aussi un peu citoyens du monde comme moi, qui n’ont pas de limites et qui pensent qu’avec le travail, on peut tout achever, tout faire. C’est ici que je trouve ça avec mes amis comme Victor Peynichou de Midnight Special Records, mon label. Je sens que j’ai des racines ici maintenant, bien sûr.

Tu as plusieurs points d’ancrage à travers le monde ou as-tu un « chez toi » ?

Si on emprunte un langage du luxe (sic), j’ai plusieurs héliports mais l’hélicoptère est toujours quelque part en vol.

Tu es toujours en voyage ?

Là, je rentre aux Etats-Unis pour y enregistrer. Après, je reviens. Je bouge tout le temps ; j’ai mon petit appartement dans le creux de ma main et ma main est presque trop grande.

Cette volonté de vivre comme dans un monde de Babylone où toutes les cultures sont mélangées, c’est quelque chose qui te nourrit et te fait avancer ?
Oui mais je crois que ça pourrait faire avancer n’importe qui !

Il y a aussi des gens qui ont besoin d’une racine forte dans un lieu et qui ont du mal à bouger, à s’exporter ailleurs. Alors que toi, tu as cette faculté de transporter ton univers comme un bagage et de le faire partager aux autres. Cela se ressent fortement dans tes compositions. Pour nous, cela semble mystique mais là tu le démystifies ; à t’entendre, tu en fais quelque chose de très naturel !

Il faut jouer pour évoluer et comme ça, on voit le monde et notre façon de l’appréhender ; ça c’est mystique ! Mais j’ai surtout la chance de pouvoir le faire. 

Peux-tu nous parler des différentes personnes avec qui tu collabores en ce moment ?

Il y a tout d’abord Victor Peynichou, de mon label Midnight Special Records, qui m’accompagne à la basse depuis que je suis en France. Il m’a fait connaître mes meilleurs potes et m’a beaucoup apporté. C’est essentiel d’avoir quelqu’un comme lui pour trouver l’inspiration. C’est le genre de personne qui te donne l’envie de te challenger, d’aller au-delà de ce que tu connais. Je citerais également Marius Duflot, l’ingénieur du son du label. Je travaille aussi beaucoup avec Bertrand Fresel (NDLR : Marianne Faithfull, Tony Allen, Philippe Katerine, Feu ! Chatterton, etc), qui a été aux manettes pour l’enregistrement de ATARAXIA (2015) puis de VISITOR (2019), qu’il a également mixé. Enfin, il y a Pilou Vizioz, mon batteur, Alexandre Bourit, mon meilleur ami guitariste.

C’est avec Alexandre que tu vas jouer ce soir ?

Oui, on va jouer face-à-face en duo. 

Parlons de l’artwork haut en couleurs de « VISOTOR ». Qui a réalisé cette pochette et pourquoi ?

J’ai dessiné la maquette lorsque nous étions en studio pour l’enregistrement de l’album. Lou Benesch de Gastines (NDLR : artiste, designer graphiste et illustratrice), qui réalise les pochettes pour le label Midnight Special Records, l’a finalisée. J’aime beaucoup les couleurs elles me rappellent le Mexique.

Ton album contient beaucoup de chansons où le sentiment amoureux est présent. L’amour est-il une source d’inspiration pour toi ?

Il y a beaucoup à explorer dans l’amour. Tu n’as pas besoin d’être amoureux pour écrire, réfléchir et revisiter des moments de ta vie. Tu peux aussi observer les autres et voir leur façon de le vivre. On a tendance à chercher plus des autres comme une source plutôt que de partager. L’amour peut aussi s’exprimer différemment que pour l’humain, pour cette planète, pour des idéaux, pour les religions ; c’est l’amour qui fait tourner le monde.

L’amour fait tourner le monde ?

Oui ! Quand il y a un manque d’amour, il y a la haine.

Est-ce que l’amour, ce n’est pas déjà l’amour pour soi avant d’aller vers les autres ? 

Normalement, ce serait la chose la plus saine mais ce n’est pas le cas. On a tendance à considérer les autres comme une source plutôt que de partager avec eux.

Sur le morceau “TIME IN WATER”, tu parles aussi du manque d’amour pour notre planète. Il y a là un message écologique fort ?

Je crois que c’est trop tard. Je ne vois pas une volonté de changement. Nous pouvons être solidaires entre nous oui, mais c’est une bulle. Mais là où il y a de l’argent, plus rien d’autre ne compte. Regarde les industries aux Etats-Unis. Il faut changer les consciences, les gouvernants, les comportements…

Beaucoup de gens, même utopistes, voudraient ce changement. Mais ça paraît relativement compliqué ?

Ce n’est pas que je suis pessimiste mais… j’observe l’habitude de l’Humanité et souvent, je constate que l’on agit lorsqu’il est trop tard. Il faut agir maintenant, il faudrait que tout change. Mais il y a tellement de gens qui sont pauvres. Il faut aller au Mexique ou au Panama pour s’en apercevoir… Il y a une pauvreté incroyable. L’écologie n’est pas leur préoccupation première. C’est pour cela que je pense qu’il est déjà trop tard.

Quels sont tes futurs projets ?

En parlant de planète, je repars aux États-Unis pour enregistrer un nouvel album où je serai ma propre planète cette fois . Et aussi un EP en Espagne.

Michelle Blades et Alexandre Bourit extrait du live Biches Festival

Stef’Arzak

Michelle Blades en tournée dans le monde :
Plage de Rock 2019 – St-Tropez – Jeudi 1 Août
Les Nuits d’Hervé Festival – Lodève (34) – Samedi 10 Août
Le Grand Mix – Tourcoing – Vendredi 27 septembre
Le Metronum – Toulouse – Vendredi 4 Octobre
Jokers pub – Angers – Samedi 12 Octobre
L’Echonova – Saint-Avé (56) – Jeudi 24 Octobre

Pour suivre Michelle Blades par ici > https://www.facebook.com/MichelleBlades/
Pour écouter Michelle Blades par ici > https://michellebades.bandcamp.com