Présenté en avant-première lors du 8èmeChamps Elysées Film Festival fin juin à Paris, et librement inspiré de l’histoire de Courtney Love et de son groupe, Hole, Her Smell est un film à prescrire à tous les fans de rock au féminin en manque de sensations. Avec Her Smell, la salle de cinéma obscure et silencieuse (normalement !) se substitue à la salle de concert illuminée et allumée par le jeu des artistes et le feu des instruments.
L’héroïne, Becky Something, rock star à la voix aussi puissante que sa guitare saturée dans les années 90 avec son girls band Something She, cède aux excès et à ses tourments mentaux qui sapent la tournée du groupe et la place dans la voie d’un éveil troublant face à ce qui a fait la renommée et le succès du groupe au tout début.
Dès le début, la mise en abyme porte bien son nom et la situation de Becky est présentée par des attitudes mises en analyse par une caméra micro-scope. Des gouttelettes de sueur aux odeurs de la chaleur d’un concert, les faits sont ancrés dans les gestes et vice versa aux sons et aux cris de Becky et son groupe ou son entourage. Superstar comme on l’imagine, elle se maquille pour la scène mais surtout afin de dissimuler ce qu’il y a sous la beauté. On perçoit que cela se craquelle, que l’intime ne peut rester privé et qu’il y a quelque chose qui cloche, son de cloche palpable au sein des riffs et du volume sonore décuplé comme lors d’un concert, où public etc. convergent et déambulent.
Un volume sonore, des émotions furtives ou durables capturées et une intensité colorée et énergique dans les images font de ce film une œuvre qui fascine et parlera aux oreilles des artistes, femmes mais pas que.
Les ombres portées sur les murs des loges et les excès cachés en coulisses sont faits pour être marquants et pavent la culture stéréotypique du rock. Le réalisateur Alex Ross Perry fait évoluer sa caméra au cœur d’un univers rock, tripant et en perpétuel mouvement vertigineux.
Les coulisses sont mises en lueurs déconcertantes dès lors que l’on assiste au spectacle du tréfonds de la création artistique, où inspiration et improvisation prennent les entrailles de l’esprit et du corps en tenailles.
On est plongé en caméra témoin de la chute de la chanteuse lead, où plutôt la descente inexorablement dépendante de ses excès, avant d’entrevoir l’espoir d’un renouveau, d’un souffle inconscient expiré pour essayer de revenir aux sources de sa musique et de son succès.
L’interprète de Becky Elizabeth Moss est plus que parfaite. Iconique en servante écarlatement parée dans la série The Handmaid’s Tale , ou jouant au cinéma dans The Square ou le film d’horreur québécois Us, l’actrice excelle à mettre tout son talent au service des fils et liens nouant les tenants et aboutissants du long métrage. la voix aux teintes criantes de vérité et au timbre de souffrance intime donne une teneur toute particulière à la plaie de Becky qui est la solitude ; elle est seule et elle le perçoit si bien qu’elle ne fait rien pour ne pas l’être.
Elisabeth Moss fait superbement monter la moutarde (qui pique) d’un microcosme scénique au nez de tous les spectateurs avec ce rôle principal. Her Smell met sur la piste d’un film sensuel, du moins où quatre sens sont décuplés à la mise en haut de l’affiche d’un seul, l’odorat. Du flair, oui en ayant choisi d’aligner un tel casting, certes un peu girly mais avec de fortes personnalités qui apporte aussi un certain côté VIP avec retombée médiatique au soufflé artistique réussi et odorant car bien cuisiné et présenté.
Aller encore un peu de patience, Her Smell (Potemkine Films) sort le 17 juillet prochain en salles, de quoi faire un carton plein chez les fans de concert et films de concerts !
Van Memento Mory