La belle vie de Matthew Stokoe

Roman la belle vie

traduit par Antoine Chainas
448 pages paru aux éditions Gallimard 2012

Pitch : Hollywood, l’usine à rêves. Jack n’a qu’une ambition : devenir célèbre, peu importe le prix. Il veut ressembler à ces stars dont la vie s’étale dans les tabloïds : Brad , Johnny, Tom et Nicole. Pour assouvir son désir, il est prêt à côtoyer un monde dont les vices défient l’imagination. Un univers de drogues et de crimes, de putes, de spectacles extrêmes, d’incestes, de trahisons et de désespoir.
Lorsque son épouse, Karen, est retrouvée morte, il se met en quête de son meurtrier et rencontre Bella, une femme de pouvoir. Alors qu’il voit en elle une chance unique d’accéder à la gloire, sa descente aux enfers commence…

L’auteur: Matthew Stokoe, né en 1963 en Angleterre, est un écrivain et scénariste britannique, auteur de roman policier. Auteur de Cows en 98, High Life en 2002, Empty miles en 2010 et Colony of Whores en 2013.

Je suis tombée un peu par hasard sur ce livre, qui était mentionné dans un roman de Ken Bruen, un auteur de polar irlandais que je vous recommande ! Le personnage principal, un privé bourru et fan de littérature, faisait mention de La belle vie comme étant le roman le plus « coup de poing » qu’il ait jamais lu. Me voici donc à chercher La belle vie, histoire de voir ce qu’il en est.
Bien sûr la première approche, je dirais même l’excuse de l’auteur, est la plongée dans un Hollywood crasseux et vomitif mais pour moi, repousser ses limites voilà le véritable enjeu du roman. Ses limites en tant qu’auteur, les limites de ses personnages, les limites des lecteurs et même les limites du voyeurisme. L’argent permet tout. Si vous en doutiez, Matthew Stokoe vous le prouve de la façon la plus sanglante qui soit.
Si il a été reproché à cet ouvrage de ne pas trouver sa place entre Fight Club et American Psycho, mais c’est tout simplement parce qu’il n’aurait rien à y faire. Beaucoup plus extrême, beaucoup plus froid, beaucoup plus difficile à lire aussi… J’irais même jusqu’à dire que les propos sont quasiment contradictoires ; dans Fight club on parle d’annihilation de soi et, dans American Psycho, l’envie de maintenir un mode de vie qu’on abhorre. Dans La belle vie, il s’agit bien d’une ascension vers un monde que Jack phantasme sans le connaître vraiment et qu’il va chercher à intégrer au mépris de toutes les règles qui régissent l’humanité.
Le roman est construit comme une descente dans les cercles de l’enfer alors que le héros grimpe de plus en plus vers la gloire. Outre la galerie de dégueulasseries auquel il faut vous attendre, ce qui choque le plus c’est l’indifférence la plus totale avec laquelle Jack, l’anti héros le vrai, traverse cette histoire. Il pourrait être un modèle de sociopathe mais il est beaucoup trop calme pour ça. Il pourrait être un modèle de psychopathie mais il ne ressent vraiment pas assez de choses pour ça. La fin du roman permet de trancher dans le vif, sans mauvais jeu de mots, mais laisse pantois quant à son choix de l’immoralité la plus totale.
Il faut vivre cette lecture comme une expérience unique, comme un trou dans lequel vous n’avez pas envie de tomber, c’est à double tranchant. Mettre du temps à s’en remettre ou trouver que finalement, la vie est belle !