“Jumanji Next Level”. It’s a Jungle Out There.

A présent, il faut abdiquer. Se résigner et dire OUI. OUI aux suites, aux franchises interminables et aux sagas dignes d’un feuilleton brésilien. OUI aux retrouvailles avec des personnages charismatiques issus des décennies précédentes. OUI aux remakes, aux reboots et à la relecture de blockbusters datés et scintillants. Enfin, OUI à un carnet de notes plus que satisfaisant dans ce premier trimestre terne et glacé.C’est, donc, décidé, j’emmène le fiston sous le bras voir la suite de “JUMANJI” et abandonne toute critique, dissection ou analyse dudit long-métrage. Enfin, je vais m’y employer.Il y a  deux ans, je n’avais aucune raison ou envie de voir un décalcomanie du film culte de Joe Johnston. Le réalisateur “old school but so chic” de “Rocketeer” et “Captain America” se posait là en matière de films divertissants et intelligents. Un pied dans le numérique et l’autre dans une certaine vision du cinéma tournée vers le passé. Son credo? Faire se croiser des effets spéciaux bluffants avec les grandes figures hollywoodiennes d’antan. Il suffit de voir Timothy Dalton se mesurer à l’épée contre l’homme-fusée pour voir l’amour incommensurable que porte notre “movie-maker” à “Robin des Bois” et autres justiciers en vert, noir et blanc. Impossible, donc, de transposer “Doom” dans une jungle tropicale! Impossible de supplanter, dans mon cœur, le talent de Robin Williams et la douce folie qui imprégnait ce film pour enfants en 1996! Dwayne Johnson en aventurier musclé perdu dans un jeu de société re-lifté? Quelle idée?! Et puis, à force de conseils avisés de mon rejeton, j’ai craqué…dans tous les sens du terme.La bonne idée du premier opus de 2017 (ou suite du précédent, au choix) fut de proposer une continuité plus qu’un pompage éhonté. Point de pillage dans cette nouvelle entreprise. Nous sommes au 21ème siècle et les ados aiment le “vintage”. Nous aurons droit à des avatars de personnages “clichés” inspirés d’un jeu vidéo lui même inspiré du jeu de plateau? Vous me suivez? Et là, le miracle. Jake Kasdan, en digne fils de son père, soigne ses personnages, leur psychologie fatalement limitée et secoue la boite de Pandore pour notre plus grande jubilation. Le box-office s’affole. Une suite est dans les tuyaux…
Quid de ce nouvel épisode? Du changement!Car c’est la grande force de ce “Next Level”. Prendre le contrepied  de ce que l’on peut attendre d’un film de Noël équatorial. Les figures iconiques sont connues, le terrain balisé, les règles respectées? Qu’importe! La machine s’est détraquée et tout va de travers. Vous désirez de l’action non-stop? Il vous faudra attendre de longues minutes avant que “JUMANJI” ne prenne son essor- je vous laisse en découvrir la raison sur grand écran- jusqu’à un dénouement délirant en forme d’hommage ( collatéral) et les abdominaux en compote.Autre atout de taille XXL: le casting. Le quatuor reprend du service mais change la donne. Sans trop vous dévoiler l’intrigue, sachez que “The Rock” joue les prolongations dans la stupidité assumée,  l’ironique Jack Black s’amuse à camper de nombreux personnages et oscille entre acting ostentatoire et minauderies nunuches, Kevin Hart ralentit le tempo de son débit oral avec brio et la flamboyante Karen Gillan, mi fille à la vanille, mi rousse au chocolat, nous laisse baba.Ajoutez à cela une réalisation enlevée, un morceau des Guns & Roses pour le plaisir et la présence de l’immense Danny De Vito et de l’imposant Danny Glover en guest-stars… et vous obtiendrez un blockbuster familial et frénétique qui tient toutes ses promesses!Enfin, je me dois de saluer les marques d’affection (qui parsèment cette aventure) de Jake à Lawrence Kasdan- scénariste des “Aventuriers de l’Arche Perdue”. Lui seul pouvait emprunter le cinéma de papa et convoquer plan par plan “Indiana Jones et le Temple Maudit” sans être traité de faussaire.A l’approche des Fêtes de fin d’années et afin d’encourager nos jeunes cinéphiles dans cette dernière ligne droite, je terminerai cette bafouille bienveillante par une équation: Spielberg réalise “Jurrasic Park”, en confie la réalisation du 3ème volet à Joe Johnston qui réalisa “Jumanji”premier du nom, lui-même relooké par le fils de Lawrence Kasdan.Résultat?A Family Affair, of course.
John Book.
https://youtu.be/F6QaLsw8EWY