Le combo 1=0, avec Ali Veejay en maître de cérémonie, nous revient avec un EP au nom évocateur, « Secte ». Intense, contestataire, aussi cinglant que sanglant, cet ovni au confluent d’un rock progressif, d’un rap inspiré et d’un hip-hop incendiaire nous offre 5 nouveaux titres nappés d’une furieuse envie d’en découdre. Dès le single d’ouverture, éponyme, l’ambiance est installée et ne fait pas dans la mièvrerie : il nous en met plein les oreilles avec son spoken-word contestataire teinté d’un savoureux éventail d’influences insoupçonnées. Profondément humain et compact à vous couper le souffle, le disque s’ingurgite en quelques minutes avec un arrière-goût de reviens-y si plaisant qu’on se surprend à l’écouter dans une sorte de boucle infinie et infernale infiniment captivante. Ça fait mal, ça sent la vraie odeur de notre époque, où l’amertume est partout. Ça claque fort dans le palpitant, ça fait saigner les gencives, avec ce sentiment plaisant de cracher du vitriol à la face d’un vieux monde agonisant. Anticonceptionnel et surtout plein de sensibilité, cet EP a le charme d’un combat rock moderne sonique qui frappe là où ça fait mal pour notre plus grand bien.
Bonjour, pour commencer, pouvez-vous nous dire ce qui vous a mené à ce projet 1=0 ?
Salut Stéphane, J’avais un collègue qui, comme moi, était fan du côté dépressif des Cure. J’allais jouer chez lui après le boulot, et voilà.
Après vos deux albums et vos nombreux EP’s vous revenez avec votre nouvel opus, « Secte ». Quel en a été le point de départ créatif ?
Je suis allé faire une retraite spirituelle dans le sud, c’était le pied. De là est née l’idée du morceau Secte, avec l’envie de faire un titre de 15 minutes. Il ne voulait en faire que 7 au final, c’est très bien. Les autres titres se sont greffés à la suite de manière assez naturelle.
Dans votre univers, il y a une sorte d’amertume grandissante et de vivacité rugueuse. Selon vous, qu’est ce qui a insufflé ce goût si particulier ?
C’est l’ensemble du rock qui est mièvre et « sympa ». Personnellement, je ne viens pas de cette école. S’il n’y a pas une tension dramatique, ça ne m’intéresse pas.
Difficile de ne pas être sensible aux textes de votre rock français « engagé » à l’allure un peu punk. Quel est le message le plus important que vous souhaitez transmettre ?
Répondre à cette question serait tuer le charme du groupe très cher.
De prime abord, j’entends chez vous un brin de Diabologum (Michel Cloup), Les Vilars ou encore du Mendelson. Mais qui sont ceux qui vous influencent le plus dans cette esthétique-là ?
J’ai pas mal écouté Diabologum, mais c’est le premier album de Booba qui m’a le plus marqué. Ensuite, on peut citer Tool. Côté écriture, je puise dans la littérature classique et la philosophie indienne.
Pour confectionner de tels titres, il y a forcément (enfin j’imagine) une phase d’introspection et de création importante. S’agit-il pour vous d’expériences complexes ou plutôt instinctives ?
Les deux, mon général. J’écris à partir d’expériences marquantes, ce qui fait naître des phrases spontanées, puis je cherche des phrases de lien, ce qui fait naître des lignes plus construites, mais toujours avec une recherche d’intensité.
Certains artistes disent que lorsqu’ils entrent dans le processus d’écriture et de création, il est parfois difficile de s’en extraire complètement. Est-ce quelque chose auquel vous êtes confronté ?
À partir du moment où tu veux présenter ta musique au monde, tu es obligé de passer à autre chose : orga, promo, design. Si je passais mon temps à composer, il n’y aurait pas de groupe. La vie de l’artiste est un va-et-vient entre sa bulle créatrice et le monde avec ses occupations, ses buts et ses difficultés.
Quelques concerts cette année où vous avez, une fois de plus, confronté votre énergie en live. Pour vous, est-ce toujours aussi important de partager avec le public ?
C’est le graal. Tu as l’impression de fondre dans ta musique.
Quels souvenirs les plus marquants gardez-vous de ces dernières dates ?
La participation au plateau de Muzicalarue, à Luxey. Le feu.