[Interview] YGGL « Gaijin »

« YGGL. Derrière ce nom étrange se cache Yrwan Garcia Léal, ancien snowboarder pro, amoureux de Kurt Cobain et de sensations fortes. Un artiste qui joue en solo, façon « one-man band » atypique, que je découvre avec son 4e album “Gaijin” et j’étais donc très curieux d’entendre ce que ça pouvait donner. En l’écoutant, on comprend assez vite le lien entre les différents univers de YGGL et son amour pour le grunge. Ça donne une ambiance sombre et intime que j’ai aimée découvrir, avec une belle place laissée aux parties instrumentales. Et pour que ce ne soit jamais répétitif, il a aussi parfois une guitare qui devient bruitiste et un chant à grands coups de cordes vocales éraillées où les notes semblent jouées sur une pente aiguë jusqu’au crépuscule. Gaijin est un disque sans compromis où la voix doit être en accord permanent avec la saturation des guitares au maximum. Un ensemble qui en devient vite contagieux et surtout, s’il vous donne envie de jumper sur des riffs d’enfer, rassurez-vous, c’est bien normal. Interview… »

 


Peux-tu nous parler de l’origine de ton projet sous le nom de YGGL ?

Le projet est né quand je me suis installé dans le pays basque après ma « carrière » de snowboardeur. Je voyageais beaucoup pour le snowboard avant et je n’avais jamais eu l’occasion de me sédentariser quelque part. J’avais appris quelques accords à la guitare lors d’une blessure au genou auparavant et ça m’avait déjà donné envie de faire de la musique. Un jour en 2017, un pote m’a filé un petit looper qu’il n’utilisait plus et j’ai fait mes premières démos avec ça. Assez vite, un autre pote m’a proposé de faire un concert à Bordeaux et c’est parti comme ça, complétement à l’arrache. Je n’avais aucune connaissance technique au début, si bien que pour ce premier concert, je ne savais même pas qu’il fallait une sono… Ma voix et mon loopeur sortaient directement de mon ampli guitare ! Ahaha !  Depuis, je ne cesse d’apprendre de mes erreurs et de me perfectionner, aussi bien techniquement que musicalement.

Tu es ce qu’on appelle un one-man-band, au demeurant excellent, mais pourquoi vouloir jouer seul ?

Au début, c’était surtout un choix lié à la timidité et à la pudeur. Chaque compo était pour moi un « exercice », une façon d’apprendre à me servir de ma voix et de ma guitare ainsi qu’à mettre mes émotions en musique. Mais, j’avoue que le côté pratique et sans concession me plait aussi beaucoup. Et, en fin de compte, je n’ai connu que ça. J’ai une salle de musique chez moi et je joue dès que l’envie m’en prend, à l’heure que je veux. Pas de galère d’organisation pour répéter ou aller faire un concert. Je suis libre et c’est très important pour moi. Surtout que j’aime la musique mais pas au point de louper une session de surf parfaite ou de snowboard dans de la poudreuse. Donc, finalement, je représenterais moi-même une galère pour les autres si je jouais dans un groupe. De plus, je ne me verrais pas imposer mes idées à d’autres gens, le côté leadeur ne me plairait pas du tout.

Tu es un ancien snowboardeur pro, retrouves-tu une certaine forme d’adrénaline similaire à celle du sport extrême lorsque tu es sur scène ?

Alors, je ne dirais pas que c’est similaire mais c’est sûr que je me fais peur en allant sur scène, voir même plus que lorsque je sautais des jumps ou que je prenais des risques en snowboard. A chaque fois que je joue live, j’ai le bide tordu en deux et je me demande pourquoi j’ai accepté la date. Mais bizarrement, une fois que c’est passé, ça me manque aussi donc oui ça doit être une forme d’adrénaline.

Tu vas dévoiler ton 4e album « Gaijin » le 24 novembre. Quel a été le point d’ancrage de la conception de cet album ?

Après mon dernier album « Forgotten » (sorti en 2022), qui avait été un album très émotionnel pour moi (j’avais pas mal de choses à évacuer et j’ai essayé d’aller plus loin dans le côté mélodique), j’ai immédiatement eu de nouvelles idées de chansons plus tranchantes, plus percutantes. Je me suis aussi mis à réécouter de la musique plus lourde et ça m’a donné envie d’ajouter ça dans ma musique. J’ai eu l’occasion de faire une petite tournée au Japon et de tester les nouvelles chansons, sur scène là-bas, pour les peaufiner. C’est ce voyage qui a donné le titre « Gaijin » à cet album, qui était alors écrit à 75 %.

Pour réaliser les 10 titres de cet album, avec qui as-tu travaillé ?

Je suis allé voir Christian Bolognaise dans son Macaroni Studio en Gironde. J’avais déjà enregistré mon précèdent album là-bas et c’est devenu un pote depuis. J’avais vraiment envie de rebosser avec lui parce qu’on a beaucoup de goûts en commun et pas seulement musicaux. Et puis, son studio est assez atypique. C’est une véritable capsule magique qui fait revivre les années 90 et qui me rappelle mon enfance. Un environnement qui change des studios pros qui peuvent parfois être froids. Mais, malgré cet environnement cool, on n’a pas chômé puisqu’on a enregistré l’album en 5 jours. Ça a été assez intense et j’ai fini les voix dans la dernière heure de la dernière journée. D’ailleurs, j’ai réalisé un petit making off de l’enregistrement si jamais vous voulez jeter un œil. (https://youtu.be/y5HJfeYoL_g?si=z-NAndF0lHAin4ww)

Dans cet album, tu navigues plus que jamais dans des ambiances de post-punk, grunge qui forment ton identité musicale. D’où te vient cette passion que tu transmets d’album en album, avec fougue et quels sont les artistes qui t’inspirent le plus ?

Le rock m’a marqué dès mon plus jeune âge. Quand j’étais à l’école primaire et que tous mes petits camarades écoutaient de la dance, j’avais déjà découvert le Graal avec les cassettes de mon grand frère. Mais le choc est arrivé quand une collègue de ma mère, institutrice, m’a offert « Bleach » de Nirvana. Je ne m’en suis jamais remis et ça m’a permis de découvrir pleins d’autres groupes qui avaient influencé Nirvana. Et ensuite, à travers les bandes sons des VHS de snowboard et de skate. Sinon, dans les influences plus contemporaines, en ce moment j’écoute pas mal Cloakroom et l’album « Am » de OVLOV.

À quelques jours de la sortie de « Gaijin » et de la release party à la Rhapsodie (Biarritz), quel est ton état d’esprit ?

J’ai vraiment hâte que cet album sorte. Je suis de nature impatiente et c’est toujours compliqué pour moi d’avoir un projet fini depuis pas mal de temps sous le coude et d’attendre pour qu’il sorte… Pour la release party, je vais jouer l’album dans son intégralité et dans l’ordre de la tracklist. Ce sera une première pour moi de dérouler un album en entier sur scène. Et l’idée de faire vivre l’album comme il a été conçu en studio sur scène me plait bien. Ne pas uniquement jouer les morceaux les plus énergiques de chaque album.

 

 


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Photo de couv. © Guillaume Fauveau