Dans le tumulte électrique des guitares et la ferveur brute des amplis poussés à bout, « We Hate You Please Die » sculpte sa rage avec une sincérité viscérale. Leur nouvel album, Chamber Songs, résonne comme une catharsis, un cri écorché qui mêle urgence punk et mélancolie viscérale, là où les mélodies lacèrent et cajolent tout à la fois. Ce n’est pas seulement un disque : c’est une chambre d’échos où résonnent les doutes, les désillusions et les espoirs d’une génération en quête de sens. J’ai rencontré le groupe pour parler de cet opus aussi intime qu’explosif, et de l’énergie indomptable qui anime toujours leur musique. Une discussion à cœur ouvert, portée par l’envie d’en découdre.
Est-ce que vous pouvez me parler de ce qui vous a mené à l’écriture de ce nouveau disque ?
Mathilde : Ces chansons ont été composées début 2023, juste après notre passage en trio. On les a créées rapidement, dans l’urgence, pour les défendre sur scène, avec seulement deux singles sortis cette année-là. L’album regroupe tous les titres composés en deux mois, à l’exception de « Adrénaline », écrit un peu après, en octobre 2023.
Chloé : La majorité des morceaux ont effectivement été écrits au début de l’année, dans le cadre de la réécriture de notre set pour honorer nos dates en trio.
Joseph : Même si une partie a été composée rapidement, plusieurs morceaux ont été retravaillés tout au long de l’année, jusqu’à l’enregistrement.
Revenir à un format album en changeant le line-up, c’était une manière de refixer votre identité ?
Mathilde : Oui, ça s’est fait progressivement. En avril 2023, on a sorti nos premiers singles en trio, « Control » et « Sorority ». Puis, début 2024, les premiers extraits de l’album, avec « Adrenaline » et « Stronger Than Ever ». Cela nous a permis d’introduire ce nouveau line-up petit à petit.
Joseph : Travailler tous les trois n’était pas complètement nouveau, car on avait l’habitude de créer ensemble. Ce changement a juste renforcé la cohérence dans notre manière de fonctionner et notre dynamique sur scène.
Chloé : La transition a permis de solidifier notre identité de groupe. Aujourd’hui, on se perçoit davantage comme un trio équilibré, sans hiérarchie entre un leader et les autres.
Avez-vous envisagé de changer de nom pour marquer ce renouveau ?
Mathilde : Très brièvement, mais cela n’avait pas de sens pour nous. Nous jouons ensemble depuis sept ans et ce projet est une continuité naturelle.
Joseph : Chloé chantait déjà sur certains morceaux des deux premiers albums. Il nous semblait logique de garder le même nom, même avec ce changement de line-up.
Chloé : Dans la plupart des groupes, un changement de musicien ou de chanteur ne justifie pas de changer de nom. Cela a été notre réflexion également.
Avez-vous repensé votre identité musicale dans ce contexte ?
Mathilde : Oui, on a profité de cette transition pour mettre à jour nos inspirations et définir une direction musicale plus claire, ce qu’on n’avait jamais fait aussi consciemment avant.
Chloé : On a cherché à s’éloigner de notre étiquette « garage » pour aller vers un son plus post-punk. On est aussi devenus plus exigeants sur nos créations, en prenant davantage de recul pour peaufiner chaque morceau.
Joseph : Ce travail sur notre son a aussi renforcé notre identité globale. Avec Chloé qui écrit les paroles, le projet gagne en cohérence et en authenticité.
Comment avez-vous travaillé techniquement sur cet album ?
Joseph : Depuis le début, notre méthode reste assez stable. Je compose chez moi et enregistre des démos que je partage avec le groupe. Ensuite, on sélectionne ce qui plaît, et Chloé développe des idées de chant et de paroles. En répétition, Mathilde apporte sa touche à la batterie et on ajuste les morceaux ensemble.
Mathilde : Cette phase de création est très minutieuse, mais une fois les morceaux maîtrisés, jouer en live devient naturel. Cela nous permet de nous lâcher sur scène.
Votre énergie live reflète une grande concentration malgré un style punk très énergique. Comment parvenez-vous à cet équilibre ?
Mathilde : On ne cherche pas à bouger pour faire « le show », mais à profiter sincèrement de ce qu’on joue. C’est peut-être ce qui donne cette impression de cohérence et de spontanéité.
Chloé : On évite les mouvements calculés ou les répétitions trop rigides. Cela nous permet de rester authentiques et connectés avec le public.
Joseph : Même si notre musique s’inscrit dans le punk, nos influences variées ajoutent une dimension différente, plus introspective, qui se ressent dans nos performances.
Avez-vous découvert récemment des groupes qui vous ont marqué ?
Mathilde : En ce moment, on a moins l’occasion de voir des concerts, mais nos influences restent très présentes dans notre démarche. Chaque spectacle auquel on assiste nourrit indirectement notre réflexion musicale.
Photo de couv. Charlotte Romer.
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