[Interview] June Bug “Fearless”

L’electro-pop incisive et originale du duo lillois June Bug se dévoile dans un nouvel opus  épatant “Fearless”. Haute tension et hypervoltage, “Fearless” est fait de chansons créées dans l’ombre morne et dans la lumière aveuglante, les deux doigts dans la prise d’un courant porteur qui puise ses racines dans le post rock de Bark Psychosis, Mogwai ou stereolab et la new wave de New Order. Sept morceaux de premier choix qui crépitent et donnent le tournis. Fourmillement d’idées noires et d’engourdissement des sentiments, l’exigence de leurs sensibilités à fleurs de peaux est un cadeau offert en partage à célébrer sur une piste de danse jusqu’à l’épuisement de nos mouvements elliptiques. Une déclaration d’amour aux désirs noirs, sans désespoir, mais où la colère est un exutoire, un coup de pied dans un bocal qui déborde, un baiser humide intrépide. La vision complète (musicale, scénique et graphique) de June et Béryl force le respect et cette rigueur est ce qui se fait de mieux à mes yeux, quelque part entre Working Men’s Club, Agar Agar ou encore PVA .  “Fearless”  est une réalisation aussi étonnante que totalement addictive, un disque fait pour bouger, pour danser, pour s’aimer. Idéal pour les cœurs perdus et les âmes vagabondes. Le duo nous dévoile un peu de leurs potions magiques et de leurs inspirations…  

 
Qu’est ce qui  se cache derrière le combo June Bug ?
J : Derrière June Bug, il y a June à l’écriture/composition et il y a Béryl à la composition et aux arrangements. 
 
B : Et puis, parfois, on ne fait pas seulement de la musique… June s’est auto-formée dans le domaine du graphisme, des tâches administratives et moi un peu plus dans la recherche de dates… On fait énormément de choses nous-mêmes avec June Bug. On s’improvise aussi réalisateur et monteur vidéo…comme beaucoup d’artistes indépendants, on est souvent amené à développer beaucoup d’activités en même temps. Ce qui est intéressant mais demande beaucoup d’investissement.

Comment définiriez-vous votre univers musical ?
B : j’aime bien l’idée que c’est avant tout des chansons en anglais aux mélodies simples puis on vient les traficoter pour tenter d’emmener l’auditeur dans une expérience sonore à laquelle il ne s’attend pas forcément… On s’est arrêté récemment sur le terme de “pop electric psyché” pour essayer de simplifier le propos, c’est très tendance de choisir peu de mots pour délimiter une musique.

Votre nouvel album “Fearless”  vient de sortir et depuis vos débuts, chacun de votre disque semble être une occasion d’explorer de nouvelles sonorités. Quelle est cette fois l’axe que vous vous êtes fixé ?
J : A l’origine je voulais travailler sur un album plus intimiste et très porté sur les voix et les sons organiques. Et puis il y a eu beaucoup de choses qui se sont passées entre les premières envies, la création et l’enregistrement. J’écoute de plus en plus de musique électro, alors finalement on est parti sur des titres beaucoup plus dynamiques. L’idée c’était d’avoir un live et des morceaux plus dansants, plus puissants pour ne pas jouer que pour les débuts de soirées. (rire)

Avez-vous changé votre façon de  travailler pour réaliser les 7 titres de l’album ?
J : Oui et non. On travaille toujours un peu de la même manière, soit j’apporte un morceau chant, accords et mélodies et on brode des arrangements autour, soit Béryl propose des prods et on imagine la suite ensemble. Je reste à l’écriture, ça, ça ne change pas. Ce qui est sûr c’est que cet album n’a pas du tout été pensé pour le live. Au tout début nous partions du live pour créer un album. Depuis quelques années et encore plus sur ce dernier album, le live arrive dans un deuxième temps. On pense d’abord à la production de chaque son avant de savoir comment on va les jouer sur scène.

Quelles sont vos sources d’inspirations pour écrire vos chansons ?
B : On aime bien la recherche de la sensation de transe par l’erreur, les hasards, l’aléatoire. Ça ne se voit pas forcément dans l’écriture de ces nouveaux titres, mais c’est une démarche que je trouve intéressante pour trouver ou apprendre à apprécier de nouvelles perceptions par l’imprévu. Et à chaque moment de création il y a toujours de nouveaux objets qui appellent la curiosité et l’envie de les découvrir. Par exemple, pour ces derniers titres, on a découvert un vieux synthé “Korg Polysix” des années 80’s laissé dans une maison achetée par des proches. Nous avons eu la chance de pouvoir le récupérer. Les sons de cet instrument nous ont beaucoup séduit. Dommage qu’on n’ait pas assez de place et de temps sur scène… mais ça peut donner d’autres idées pour le futur….
 
J : Dans l’écriture, je m’inspire surtout du monde qui nous entoure. Dans cet album j’aborde une naissance, la vie, la mort, les relations sociales et humaines, les peurs, les doutes, les émotions qui nous traversent.

Vous semblez apporter un soin particulier pour développer les atmosphères de vos clips (“CLAP YOUR HANDS”) et encore plus pour “GOLD EATER”. C’est quoi l’idée  ?
J : L’idée des clips c’est que l’image serve au maximum la musique et le propos. Ces deux clips n’ont pas d’histoire en particulier. L’atmosphère et l’esthétique et le montage viennent vraiment se coller aux sons, au rythme au détails qui ne sont pas forcément perceptibles en premier. Ça on aime! 

B : J’aime bien penser la vidéo comme du VJing pas forcément avec un sens direct mais plutôt avec une libre interprétation. Tout se fait souvent dans le montage, même avec peu de matière ou pas forcément de bonne qualité on peut arriver à montrer quelque chose d’intéressant esthétiquement.  Et puis la vidéo, c’est aussi l’occasion de travailler avec d’autres artistes, Henri Lemahieu pour “Clap Your Hands” qui a travaillé sur le graphisme de tous les précédents albums. Comme June a décidé de s’occuper de celui de “Fearless”, Henri a proposé de s’aventurer à l’animation. L’opération était ambitieuse mais le résultat est incroyable. Le rapport à la danse questionne beaucoup June aussi et nous avons travaillé avec des danseuses chorégraphes pour le dernier clip Goldeater: Élise Daubié, Emmy Gaillard et Erle Juge. C’était passionnant.

“Fearless” sera disponible le 12 Mai. Comment vivez vous cette attente ?
J : Impatients, sereins, beaucoup de fatigue liés à la préparation et surtout le besoin de passer à la suite. Une sortie d’album se prépare très longtemps en avance, surtout sur des projets indés où tu n’as pas une grosse équipe derrière toi! Cela fait 5 ans que nous avons commencé à travailler dessus même s’Il y a eu un confinement et d’autres choses qui sont venues chambouler le déroulement ça fait long! Parfois j’ai l’impression qu’on aurait encore besoin de temps pour faire les choses bien mais il est temps de partager tous ces morceaux avec ceux qui nous suivent. A notre échelle, ça change tout et ça ne change pas grand chose. Je préfère ne pas trop attendre de cette sortie par peur d’être déçue. Du coup je profite un peu du moment qui l’entoure mais je me projette déjà un peu dans la suite qui est tout aussi excitante. 

Quels sont vos prochains projets ?
J : On espère faire plein de concerts, voyager et faire des rencontres avec ces nouvelles chansons. On a d’autres vidéos clip en cours de préparation. Avec le précédent album, nous n’avions pas eu le temps d’en créer. Cette fois ci grâce aux aides que nous avons reçues de la région HDF, pictanovo et de nos partenaires (Araki, Quilombo, See you in LA, Kuroneko, Pied de biche) nous avons pu faire chaque étape de travail dans de bonnes conditions, et c’est hyper important. 

B : On aimerait aussi trouver du temps pour composer plein de nouvelles musiques. Et puis on a quelques projets à côté. June travaille également sur une lecture musicale avec une autrice contemporaine “Amandine Dhée”. De mon côté, j’écris aussi un peu de musique pour un quartet de space rock “dEqUOi?”

June Buges prochaines dates :
25.05- PARIS (75) – olympic café
27.05- SAINT-BRIEUC (22) – off d’Art Rock – Le Fût Chantant

22.06 – LILLE (59) – Cours Saint-So
24.06 – STEENWERCK (59) – US Café
02.07- ARRAS (62) – Mainsquare Festival
14.07 – BRIOLLAY (49) – Le Kiviv
15.07- LURAIS (36) – Le Luraistival

Photo de couv. Nicolas Djavanshir

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