[Interview] Fishtalk – « OUT »

 

Comment est né le groupe et pourquoi ce nom FISHTALK ?
On est toustes ami·e·s depuis l’adolescence. Corentin et Ismaël ont grandi ensemble et ont commencé la musique autour de 3-4 ans en faisant de l’air guitar sur du Nirvana. Corentin et Valentin ont monté un groupe au lycée, idem pour Ismaël et Mathilde à la fac. Le groupe a pris sa forme actuelle en 2019, quand on s’est enfermé·e·s dans notre coloc de l’époque pour y composer et enregistrer notre premier EP, Shutdown.

À l’époque où on a choisi notre nom, on avait parfois du mal à communiquer en dehors de la musique et l’idée du mutisme, de l’absence de langage ou d’un langage alternatif, nous parlait.

 

Avez-vous une ligne musicale directrice dès le départ ?
A nos débuts, on écoutait beaucoup de dream pop / shoegaze et des choses mélodiques style Radiohead, Slowdive ou Blonde Redhead, ce qui s’entend sûrement sur notre premier EP. Quand on a commencé à faire du live, notre style s’est vite transformé, puisqu’on s’est aperçu qu’on prenait beaucoup de plaisir en explorant des énergies plus brutes, plus directes.  Aujourd’hui, on continue d’évoluer en intégrant de plus en plus d’éléments électroniques : comme on se sent souvent limité·e·s dans la config rock à guitares traditionnelle, on essaie d’explorer ailleurs, c’est une réflexion qui est toujours en cours.

 

Votre musique n’est pas faite que pour danser, elle est pour le moins militante. Quels sont les messages que vous souhaitez transmettre ?
On n’est pas sûr.e.s que notre musique soit dansante ahah, mais pour le côté militant : on essaie, à notre échelle, de profiter de la scène pour y montrer des représentations différentes, des identités de genre fluides, d’apporter notre pierre à l’édifice pour que la scène et la fosse ne soient plus la chasse gardée des mecs cis, surtout dans notre esthétique. On a pris conscience qu’il était important d’affirmer nos identités quand des ados queers sont venu.es nous demander après un concert “Est-ce que… est-ce que vous êtes non-binaires ?”. Il y a un fort besoin d’identification quand on est jeune, et nous on a grandi avec un sérieux manque de diversité dans la culture, les médias, à l’origine de beaucoup de dysphorie, donc si on peut aider 2-3 personnes à se sentir moins seul.e.s, c’est déjà ça de gagné. 

On aborde plutôt frontalement la question du patriarcat dans Men Are Dead. D’ailleurs les paroles ont été écrites pendant un gros ras-le-bol vis-à-vis de violences sexistes. L’EP est marqué par le sujet, de manière globale. 

 

Vous allez sortir un nouvel Ep en avril  « OUT » et sur la pochette le titre est tatoué à l’intérieur de la bouche. Pourquoi ce titre et ce visuel ?
On avait envie d’un visuel très organique, parce qu’on a une pratique très premier degré de la musique : ce qu’on compose et ce qu’on joue, ça vient de nous, de notre intimité, d’expériences parfois très intenses qui nous ont marqué·e·s profondément. Il y a aussi le rapport un peu complexe entre l’intériorité et l’extériorité, entre l’intime et le public, c’est valable pour nos chansons comme pour nos engagements et identités de genre. Un tatouage à l’intérieur de la bouche, on peut choisir de le montrer ou de le dissimuler, là on choisit de le montrer. Ça correspond à notre évolution en tant que groupe et en tant que personnes : on va vers quelque chose de plus direct, de plus assumé. A plusieurs égards, cet EP est un coming out, on en est très fièr·e·s, même si on prend forcément le risque d’être un peu plus clivant·e·s.



Avec qui avez-vous travaillé pour réaliser les 6 titres de ce disque ?
On a enregistré les squelettes des morceaux avec Laurent Collat, le geek des synthés du 106 à Rouen, qui joue également du modulaire sur le morceau Men Are Dead. On a fait pratiquement tout le reste nous-mêmes, comme pour Shutdown : on a enregistré le reste des prises à la maison et notre batteur·euse Valentin s’est occupé·e du mixage. Et on a confié le mastering à Jamie Hyland, bassiste du groupe M(h)aol, qui a notamment travaillé avec Gilla Band.

 

Avec qui vous sentez-vous proches dans la nouvelle scène musicale ?
On a finalement assez peu d’affinités avec la scène rock. Dans une esthétique pas très loin de la nôtre, on admire beaucoup les Psychotic Monks, autant pour leur musique que pour la façon dont iels se saisissent des sujets politiques actuels.

De manière générale, les groupes et artistes qui proposent une musique à la fois bruitiste et dansante avec une attitude hyper affirmée, comme Model/Actriz ou, dans d’autres styles, Sophie ou Arca, nous inspirent beaucoup. Et au-delà des questions de style, ce sont les affinités humaines qui comptent pour nous : ces dernières années, on a rencontré plein d’artistes adorables qui nous ont fait découvrir des univers totalement originaux (coucou Par.Sek, thx4crying, Rose Super Tranquille, Aghiad…).


Quelles sont vos envies pour le futur ?
On s’aperçoit qu’à notre niveau, les sorties en DIY, même dans le cas d’un EP, demandent énormément de temps et d’énergie quand on fait du live à côté, et comme notre style a tendance à évoluer vite, on prend toujours le risque que les morceaux ne nous correspondent plus tout à fait au moment où on les sort. On aimerait, à ce stade, commencer à sortir des singles un par un pour garder de la fraîcheur et de la flexibilité dans notre façon de faire. Côté musique, on aimerait bien repenser notre config et y intégrer plus d’éléments électro, comme du synthé modulaire.

 

 

 



Prochaines dates de Fishtalk : 

• 06/04/2024 – PALAISEAU – Festival Palmipede 
• 19/04/2024 – CAEN – Lieu secret (Release Party)
• 17/05/2024 – ROUEN – MJC La Graine 
• 01/06/2024 – CROUTTES – Festival Douce Amère
• 13/06/2024 – PARIS – La Flèche d’or (Release Party)
• 07/07/2024 – CAEN – Festival Beauregard


Suivre Fishtalk : https://www.facebook.com/fishtalkband/https://www.instagram.com/fishtalk.band/https://fishtalk.bandcamp.com


Photo de couv. Carolina Moreno