Ce soir-là au Liberté de Rennes c’est un moment de pur punk (et oui) que nous nous attendons à vivre, malgré l’annonce d’un concert plus symphonique à l’issue de son dernier album aux ambiances audacieusement jazzy “Free” sorti en 2019 et à la tournée mondiale reportée jusqu’à ce soir par la Covid. Les précédentes dates de la tournée avaient laissé fuiter un retour à une sonorité plus originelle, don l’iguane nous a déjà maintes fois habituées. Lorsqu’il s’agit d’Iggy, impossible de ne pas revenir sur les trois sublimes albums des Stooges qui avaient secoué la scène rock mondiale entre 1969 et 1973, et qui encore aujourd’hui marquent au fer rouge un renouveau musical aussi détonnant que pertinent, sans lesquelles on ne saurait reconnaitre un autre destin que des dizaines et des dizaines d’enfants et petit-enfants du rocks volontaires et de plagieurs (plus ou moins involontaires) des décennies plus tard.
À 75 ans, plus que jamais charismatique et d’une classe infinie, en véritable showman, notre papy adoré est visiblement toujours près de brûler les planches.
Le spectacle va commencer dans un décor minimaliste, la salle bondée en configuration assise est prête à accueillir l’Iguane sur scène.
Les six musiciens entrent en pistes et entament l’intro alors que sur le voilage de fond de scène d’anciennes images live monochromes défile avant que la silhouette mince d’Iggy Pop bondisse enfin sur scène dans un costume Gucci, sobre et sombre, et torse nu forcément. Regard souriant, l’air narguant la foule le jeune homme de soixante-quinze ans entame “Five Foot One” les hurlement de joie fusent, alors d’un geste de la main Iggy invite l’assemblée à se mettre debout. Sans se faire prier davantage un carrousel de cris, de sifflement d’applaudissements et des sauts submerge le Liberté. L’orchestration est rock, l’ambiance est là et elle est celle que nous attendions.
S’enchainent “Loves Missing“, “T.V. Eye” et “The Endless Sea” le public est en feu, le chant de est clair et puissant. Puis avec “Lust for Life“, “The Passenger” et “Gimme Danger” qui déboulent, iggy tombe la veste il semble impossible alors de contenir les plus fougueux des envahisseurs qui les uns après les autres montent sur scène pour un petit moment de gloire ou juste pour un body surfing rapidement rattrapé par la sécurité et renvoyés dans la mêlée. Impossible aussi de ne pas chanter en chœur de tels monuments du punk rock. Le show est passionnant et la joie est aussi irrépressible que communicative. Iggy bondit à gauche et à droite comme un kangourou fou, tourbillonnant au-delà de tout entendement, tapant dans les mains des chanceux spectateurs aux 1ers rangs. L’âge ne semble pas avoir d’emprise sur lui.
Sa présence scénique est d’un magnétisme unique, il occulte l’ensemble de la scène, qui semble trop petite à présent…
On reprend notre souffle un peu, avant avec la combinaison “Sister Midnight” “Run Like a Villain“, “I’m Sick of You” et “Search and Destroy” c’est encore une fois le délire généralisé. Iggy lance littéralement de l’huile en feu d’un public en chaleur, jamais fatigué…
Et puis salut final. Les oreilles siffleront pendant un bon moment…
Une setlist revisite les titres phares des Stooges et les moments forts de son dernier opus jazzy “Free“, pour un show tour à tour sauvage, puissant et lumineux. Iggy Pop occupe encore incontestablement les hautes sphères d’un punk rock intergénérationnel.
Indétrônable homme de scène qui incarne à lui seul le rock underground d’hier et d’aujourd’hui. La plus grande histoire du rock c’est lui… Lust for Life…
Photos : Stéphane Perraux
Iggy Pop – Free Tour 2022 – Le Liberté (Rennes) – 12-05-2022