“Fortitude” de Gojira. King of the Monsters.

Autant l’avouer tout de suite : je suis totalement néophyte en matière de “Metal”. Certes, durant ma prime jeunesse, j’ai pu me rassasier de nombreux groupes de hardcore ( Fugazi, Minor Threat, Rollins Band, Stormcore, Condense, etc.…) et de fusion (Living Colour, Fishbone) avec délectation, mais jamais Metallica ou Slayer ne me firent de l’effet. Trop “grosse cavalerie” à l’écoute ? Trop “cadré” ? Pas assez rapide ? Je suis incapable de décrire mon désamour pour ce genre musical, tout en reconnaissant un “savoir-faire” évident. Ecrire “Nothing Else Matters” n’est pas donné à tout le monde, convenons-en.

Respect, donc, mais indifférence polie.Et pourtant, ils furent nombreux les amis de longue date à me vanter les morceaux ébouriffants de leurs groupes préférés !Tel pont, tel refrain, tel solo. Telle voix gutturale. Telle montée.
Mais, that’s all, Folks !  Nick Cave l’emportera, toujours, sur Soulfly ou Pantera. C’est comme ça.

Attention ! Ne me prêtez pas des intentions dignes de clichés ambulants. Je ne suis, en aucun cas, l’apôtre du “bon goût” ou des clivages attendus dans le monde du Rock.Ceci est bien. Ceci est mauvais. Trop manichéen.  Dans l’univers des guitares rugissantes, on peut, tout aussi bien, apprécier les constructions déjantées de John Zorn et la pop foisonnante de Brian Wilson. Défendre Richard Gotainer (un autre rocker extra-terrestre, si, si !) et aduler Samantha Fox.On peut, aussi, arborer un sac “Unknow Pleasures” et des tongs LIDL (vu ce matin !) dans les transports en commun.
Au risque de balbutier, rien n’est interdit (surtout en matière d’humour) et tout se nourrit de tout. Toujours.Il est, juste, question, ici, de sensibilité et de perméabilité à des courants musicaux.
Je ne suis pas fan du “Métal”. Point.Jusqu’au dernier opus des “Gojira”.Je vous vois, déjà, sourire entendu au coin des lèvres.

Non, je ne me suis pas fié aux quatre clefs décernées par Télérama afin de me pencher sur leur nouvelle production. Entre nous, cet engouement soudain, pour les formations qui font du bruit, sent un tantinet la récupération chez nos confrères ! Non. Je me suis juste basé sur la curiosité de mon collègue de travail et son avis en tant que batteur.Alors ?Ce qui “frappe”, dès l’écoute de ce “Fortitude”, c’est ce mélange singulier entre Mur du Son et légèreté des compositions. Certain(e)s reprocheront au groupe un virage “pop” un peu trop facile, d’autres vanteront cette soudaine prise de risque.

Pour ma part, n’ayant aucune idée de l’historique du french-band et étant un adepte de la pop-rock ciselée, je me réjouis à la découverte de ces morceaux mordants et aériens digne de “Refused” !Ils me rappellent-en partie- les déflagrations de Faith No More, de Nirvana et d'”At The Drive-In”. La rage en dedans et l’indie en façade.
Et pour cause !L’infatigable et méticuleux Andy Wallace est à la production de ce septième “saut” et l’on reconnait, sans mal, le travail d’orfèvre d’un maniaque du son.Ainsi, “Fortitude” s’écoute à bloc et se déguste d’une seule traite. Sans escale ni repos.”Fortitude” est un cri bestial en plein champ de bataille écolo.
La progéniture turbulente et incendiaire d’une hydre à quatre têtes.

Enfin, si vous doutiez encore des qualités intrinsèques de cette ode à l’accomplissement de soi, attardez-vous sur “The Chant” et ses réminiscences marquées aux “Bloddy Roots” de Sepultura.
Un tour de force ascensionnel et sensationnel où la conscience planétaire le dispute à l’engagement politique. Opposition frontale sans pose superfétatoire.
Cet album monstrueux est, apparemment, moins apprécié par les fans de la première heure. Je ne peux me mesurer à eux, ni à leur culture de la sphère bruitiste, ni à leur savoir encyclopédique du groupe le plus populaire (et vendeur outre-Atlantique !) du Métal français.
Je peux juste m’enthousiasmer pour un putain de LP, bouillonnant comme un magma et bruyant comme un lézard géant.Damned !
Y’a pas à tortiller.Chez nos amis de “Grogigo”, le rock, ça envoie du steak!

John Book.