L’idée de ce livre, David Bowie, la fabrique d’un mythe, Cédric Moreau l’a eu lors de la sortie de The Next Day en 2013, album préparé dans le plus grand secret par David Bowie. Après 10 ans d’absence médiatique, cette sortie créa ainsi la vive surprise sans aucune publicité, apparition publique ni interview lors du jour de son anniversaire le 8 janvier 2013 et trois ans avant son décès en janvier 2016. On assista à un big buzz, surtout sur internet et les réseaux sociaux avec un relais de l’événement à l’international.
Cédric Moreau expose comment David Bowie fut un pionnier en matière de création musicale comme en marketing à travers toutes les différentes branches du marketing, de l’ événementiel au storytelling etc. en appliquant ces préceptes tout au long de sa longue carrière. Ceci afin de s’imposer en légende culturelle atemporelle.
A 20 ans, David Bowie est le futur père d’une carrière hors-pair. Il va vite se mettre à développer le « comment se faire remarquer pour se démarquer ». A la pointe de la mode niveau vêtements, manière de se vêtir, de se tenir et de capter l’attention, le jeune David Jones délaisse l’école pour briller ailleurs, en musique et en solo sous le pseudonyme David Bowie. Un artiste mime le remarque et l’initie au langage corporel, au maquillage et au langage scénique de l’artifice qu’il ne tardera pas à maîtriser et cultiver. Son excentricité bien au centre de l’attention car unique en son genre fut telle qu’elle annonce le mouvement trans ou androgyne.
Dans cet opus on redécouvre la vraie nature des yeux vairons de David Bowie, une asymétrique couleur qui affectera son œil gauche, d’une mydriase (pupille dilatée…mais là ne signifiant pas le désir…..ou alors désir constant de musique ?).
David Bowie a bati son mythe à la force de l’édification d’un storytelling bien orchestré et suffisamment hors normes pour arriver sous les yeux des journalistes, fans ou nombreux curieux du monde entier. En 1969 notamment pour les premiers pas de l’homme sur la Lune, rendus possible par la mission Apollo 11. La BBC diffuse alors ‘‘Space Oddity’’ (monté direct à la 5ème place du hit parade anglais, pas rien à l’époque) lors de la rediffusion et la couverture médiatique de l’événement interplanétaire.
Stanley Kubrick s’en est inspiré en 1968 dans 2001, L’Odyssée de l’espace. David Bowie a conquis les étoiles avant même le début du tourisme spatial et ce n’est pas Elon Musk, qui dirait le contraire lui qui lors du lancement de sa Space Tesla Car électrique dans l’espace en 2018 le fit au son de ‘‘Life on Mars ?’’ l’ode aux étoiles de David Bowie.
Mais son grand succès coïncide avec l’arrivée de Ziggy Stardust sur Terre, l’extraterrestre androgyne et sexy et son coming-out à prise de risques dès janvier 1972 qui loin d’être spontané aida la dure condition des gays en résonnant dans la presse musicale comme une provocation à s’intéresser aux gays. Son orientation importe peu, c’est l’inouï et l’effet de surprise de cette confession qui marqua la mémoire collective, telle une publicité à succès passant sur les médias. Cédric Moreau révèle la manière dont David Bowie mit à profit cette audace impensable à l’époque dont il pouvait se prévaloir, en jouant à la roulette russe du qu’en-dira t’on avec l’arme de l’opinion publique pouvant tuer sa carrière. Mais son aura était déjà trop grande et adulée pour qu’il ne soit rejeté ou que sa carrière ne stoppe net au regard de l’intérêt et la reconnaissance du public déjà bien acquise.
Cédric Moreau nous livre tous les rudiments du marketing événementiel que David Bowie ne cessa de cultiver tout au long de sa vie d’artiste. Le mythe fabuleux de David Bowie n’est pas égratigné au détour de ces pages et cela va même élargir sa ‘’fanbase’’ tant il a montré avant les autres ce qui est dans l’usage courant à présent.
Cédric Moreau, David Bowie, la fabrique d’un mythe, Ed. Balland, 18 €.
Van Memento Maury