[Chronique] Louïse Papier – « C’est la fin »

Louïse Papier, alias Blanche Leblond, revient avec « C’est la fin », un premier album sorti le 11 avril 2025 sur So Fresh So Clean Records. Après un EP prometteur en 2022, « Les Idées Roses« , elle affine ici son univers musical : une pop minimaliste, synthétique et poétique, où la fragilité se mêle à une modernité désabusée. L’album, composé de neuf titres, explore les ombres de l’intime, les détours du destin, les peurs qui deviennent des forces. Une artiste d’une infinie sensibilité.

Une esthétique underground entre douceur et désenchantement qui s’installe dès le titre d’ouverture « La chanson d’Ariel« , où les synthétiseurs vintage et les boîtes à rythmes lo-fi créent un écrin pour sa voix délicate. Ce morceau d’ouverture évoque une sirène moderne, perdue entre nostalgie et désir d’évasion. « Behind The Veil » poursuit cette exploration introspective, avec des textures sonores qui rappellent les débuts de Pi Ja Ma, mêlant mélancolie et douceur éclairante.

Le titre éponyme, « C’est la fin« , s’élève en un hymne onirique, dépouillé, à vif, où chaque mot pèse son silence. Il parle de ce qui s’efface, de ce qu’on laisse partir sans bruit, et de cette grâce discrète qu’est l’acceptation. Dans « Le mystère de tes yeux » et « S’embrasser« , l’amour se dessine en clair-obscur, avec cette pudeur des corps qui se frôlent, des regards qui se cherchent sans oser trop dire.
Puis vient « The Blue Birds, The Red Ones », valse étrange aux couleurs inversées, où les symboles se balancent dans un rêve éveillé, comme un mobile lent au-dessus d’un berceau de songes.

Louïse Papier marche dans les pas des orfèvres du mot et du souffle : Ysé, Pomme, ou encore Blonde Redhead, dont elle partage sûrement le goût du dépouillement habité. On retrouve chez elle ce sens du fragile qui claque doucement, cette manière de dire peu pour faire résonner beaucoup.
Sa voix, discrète mais souveraine, trace un sillon proche de celui de Robin Poligné (Rouge Gorge) ou d’Aghate Plaisance, artistes de la retenue, faiseurs de vertiges intimes.

La production d’Alter Real et Odge épouse cette vision avec justesse : les synthés analogiques y brillent comme des lampes fatiguées, et la voix de Louïse, chaude, presque confidentielle, en devient l’unique boussole. On y entend le passé dans les textures, et le présent dans l’émotion. Une modernité douce, qui bouleverse sans crier.

Les dernières plages « Blue Glass Age« , « Ces choses-là », « Don’t Trust The Night » glissent lentement vers l’ombre. Ce sont des morceaux de verre brisé, des pensées tenues à bout de souffle.
On y sent le temps qui vacille, les souvenirs qui grattent, la nuit qui ment peut-être. Au fil de ces neuf titres, Louïse Papier explore les failles humaines avec une tendresse aiguë. Ce disque n’est pas un cri, c’est une caresse un peu triste. Et c’est ce qui le rend beau.

« C’est la fin » est un album qui confirme le talent de Louïse Papier pour créer des atmosphères intimes et accrocheuses où elle parvient à capturer les nuances de l’émotion humaine, en s’appuyant sur une écriture poétique. Un disque qui s’inscrit dans la tradition de la pop française introspective, tout en apportant une touche personnelle et moderne des plus séduisante.

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Photo de couv. D.R.