THEO HAKOLA “WATER IS WET”

Qui ne connaît pas Theo Hakola? Chanteur, acteur, écrivain, producteur et j’en passe… Une carrière longue comme le bras d’un géant, Orchestre rouge, Passion Fodder, c’est pas rien quand même !!!

La première fois que j’ai entendu parler de Theo Hakola, c’était pour la production de l’album “Où veux-tu qu’je r’garde” de Noir Désir, au début des années 90. Un ami dingue de rock m’avait fait découvrir le groupe et m’avait questionné : “Tu ne connais pas Orchestre rouge et Passion Fodder ?”. Moi qui étais à l’époque en pleine découverte de groupes new wave, post punk et de rock alternatif, cette remarque avait résonné comme un reproche. Mais en ces temps reculés, il n’y avait pas encore internet; Il fallait déployer des prodiges d’ingéniosité pour pouvoir tout entendre et tout savoir. Il y avait heureusement les postes K7 pour dupliquer nos trouvailles à l’infini. Je repartais donc le soir même avec deux K7 : Orchestre rouge Des resteset Passion Fodder Love, Waltzes and Anarchy (si ma mémoire est bonne) : deux bijoux que j’ai perdu depuis malheureusement…

Je me souviens avoir adoré cette période complètement dingue et tellement créative. C’est aussi le souvenir de superbes chansons qui avaient marqué l’époque, “Friction “(avec la voix de Philippe Pascal) “Speakerine” et ” Hunger Burns “, “ Orwell Cooks ” des ambiances complètement dingues, une voix et une musique hors norme…

Me voici donc aujourd’hui en 2020 avec son nouvel album solo Water Is Wet”, qui sera disponible le 24 janvier sur Microcultures Records. Là, je me suis rendu compte que je n’avais jamais écouté intégralement les albums solo de Theo Hakola, fait plutôt rare me concernant. Alors pour faire fi du passé, surtout le prendre comme une oeuvre du présent, et ne pas le comparer aux sept albums solo précédents, je décide de ne pas rattraper mon retard et l’écoute donc comme si c’était le premier !

À tout plaisir son début, commençons naturellement par le premier titre Who The Hell qui fait naître cet album. Dans une sobriété qui se détache de toute appréhension, la beauté du titre nous saute au visage. Quel bonheur de se laisser ainsi porter par le timbre si particulier de Theo Hakola ! S’ouvre ensuite un monde plus amer, chargé d’ironie avecSo Bad qui nous frôle l’échine par son éloquence épurée .

Sur l’ambiance de Your Baby Blacks, Baby, la mélodique très folk surprend par les échos qui nous parviennent sous la forme d’une voix embrumée, chargée de mélancolie prégnante.

Never Bought a Bottle of Water et In a Suna You Sweat touchent directement l’auditeur au plus profond de lui-même par ce flot d’émotions, cette puissance brute et des textes désenchantés…

…”Blood is red Snow is white Water is wet And truth is light“…

Le plus beau titre reste pour moi Bury Me Standingqui développe une atmosphère lente, qui va se densifier et refermer doucement sa prise, en vous berçant au travers des chants langoureux où résonnent d’insaisissables traces d’une douleur à demi dévoilée. Une bande- son que l’inclusion discrète mais importante de nappes de piano et de chœurs sacrés contribuent à rendre gracieuse, presque extatique.

L’album se conclut par Weak in the knees où la guitare à la rythmique plus blues se tape la part du lion.

Dans toute cette poésie, il en ressort que Theo Hakola aime toujours autant jouer avec les mots. Avec une grande sensibilité, il sait capter et retranscrire les sentiments profonds, les failles, les espoirs et les illusions qui nous tourmentent.

Water Is Wetest comme une longue ballade parfois posée, parfois énergique. Tous les titres sont imparables, ménageant tour à tour instants de puissance et de calme. Et puis il y a le plaisir d’entendre la voix d’une sobriété magique de Tatiana Mladenovitch qui accompagne parfaitement celle plus sombre de Theo Hakola dans une osmose d’une grande finesse. Une oeuvre subtile et raffinée teintée de folk blues et de rock où se côtoient guitares, batterie et piano, dans une symbiose à la sonorité lumineuse.

Suive Theo Hakola https://www.facebook.com/Theo-Hakola-112146048869563/
Écouter Theo Hakola https://www.youtube.com/channel/UCX_IB7UIQGfb2842dcxAreA

Stef’Arzak

Photo de couverture : ©Jérôme Sevrette https://photographique.fr/