THE MYSTERY LIGHTS, TAILLÉS POUR L’HAUTURIER

A cette époque de l’année, le quartier de la Villette, entre le canal de l’Ourcq et le canal Saint-Martin, est un havre de détente, très loin de l’encombrement général des Champs-Elysées. Ici, pas de vignette anti-pollution, on flâne à pied ou en fixie.

En chemin vers le Cabaret Sauvage niché dans le Parc, des parisiens s’alanguissent sur l’herbe et un fox-terrier s’ébroue dans le frais canal aux côtés de ses maîtres nageurs.

Le Cabaret Sauvage est une sorte de yourte non pas au goût bulgare mais New-Yorkais (The Mystery Lights) et Aussie (King Gizzard and The Lizard Wizard) ce soir. La salle de 600 places à la programmation diversifiée, a déjà accueilli l’inégalable Polly Jean Harvey, Noël Gallagher et Animal Collective entre autres, mais aussi Sheila et Zucchero. Comme quoi, l’humain a des errances et n’est jamais tout à fait linéaire.

Quelle belle surprise de découvrir The Mystery Lights en première partie. Le quintet de Brooklyn joue un rock garage 60’s psychédélique. Leur album éponyme, sorti il y a tout juste un an, avait embelli notre année musicale 2016.

Emmenés par un Mike Brandon bondissant, nos comparses ricains délivrent une prestation fiévreuse et énergique, toute en convulsions psychédéliques. Le public jeune et turbulent s’agite rapidement. Ça pogote joyeusement. Positionné juste devant la scène, je me retrouve soudainement, sous l’effet d’une déferlante venue de l’arrière, le visage plaqué dans la crinière blonde d’une Barbarella australienne, tel un talonneur de rugby subissant la poussée de son pack. Cet airbag capillaire inespéré m’évite à coup sûr céans une fracture du nez. Le reflux désordonné est libérateur mais temporaire. A peine le temps de profiter de cette accalmie que déjà une nouvelle vague s’abat brutalement vers la scène, comme une lame de fond sur un chalutier breton en mer d’Iroise.

Ça transpire dans la moiteur de l’été mais les jeunes n’en ont que faire, ces canicules les emballent.

Mike Brandon a des allures de Jim Morrison, menant la transe chamanique entre ‘’conscience endormie’’ et ‘’rêve éveillé’’ à l’instar de son aîné.

Le set défile vite. Trop vite. Le groupe enfile les morceaux comme Eve Angeli les phrases cultes (vous savez, du genre : ‘’Mon rôle, ça va être de réfléchir à voix basse dans ma tête’’) : Follow Me Home (énergique), Too Many Girls (entre soul et surf garage, mais on s’insurge avec véhémence contre le titre de la chanson) ou Melt (à l’énergie punk) sont addictifs, quelque part entre Doors et Allah-Las.

Le fuzz et la reverb sont omniprésents. Le son est hendrixien.

Quand bien des groupes naviguent dans des eaux calmes et ennuyeuses ou se perdent en eaux troubles à proximité de la plage, les New-Yorkais eux sont taillés pour l’hauturier, laissant tous les autres sur le côtier.

Exercice de style rédactionnel : définir The Mystery Lights en huit mots. Une gageure relevée ici :

The Mystery Lights : une dose de mescaline sans les effets secondaires.

Alechinsky.