THE MADCAPS, VOIX DE GARAGE

La nouvelle est tombée ce matin à 10h comme un couperet aiguisé sur les réseaux sociaux : « Après 5 ans d’activité, 3 albums, autant de 45 tours, une douzaine de tournées en France et à l’étranger, des milliers de kilomètres dans des camions plus ou moins confortables, un bon paquet de rigolades et de sacrés moments sur scène, il est temps de mettre un terme aux Madcaps ».

Stupéfait, abasourdi, pris à froid tel un boxeur recevant un bourre-pif tysonien en pleine poire, j’avoue m’être assis pour reprendre mes esprits quelque peu brutalisés par l’annonce de la séparation des « Maboules »..

On sait les difficultés à pérenniser une telle entreprise rock, soumise aux envies qui divergent, aux disponibilités de chacun qui évoluent au fil du temps et à l’usure parfois.

Dois-je vous l’avouer, cher Thomas Dahyot, que je ne m’attendais pas en me levant ce matin – du pied gauche, j’aurais dû me méfier -, que vos saillies vocales deviendraient bientôt voix de garage.

Après cette phase de stupeurs et tremblements, je me suis remémoré vos merveilleux albums, The Madcaps (2015), Hot Sauce (2016) et Slow down (2017), qui vous valut une chronique méritée dans le Rock & Folk d’avril 2017 sous la plume avisée de Thomas E. Florin : « Trois étoiles pour votre rock, une étoile supplémentaire pour nous avoir fait danser le matin. Le compte est bon : quatre étoiles ».

Je me suis souvenu encore de vous avoir vu au concert très remuant des Mystery Lights et de King Gizzard and The Lizard Wizard au Cabaret Sauvage le 22 juin 2017 (vous arriviez directement de Rennes visiblement), et de ne pas avoir osé vous aborder pour vous dire deux mots, trois fois rien et mille mercis, sûrement plus impressionné devant vous ce soir-là que devant l’énergique Stu MacKenzie.

Ne comptez pas sur nous néanmoins pour faire de ce jour un marqueur calendaire funeste.

Nous préférons bien mieux être dans la gratitude de ce que vous nous avez donné à voir et à écouter : la flamboyance de chacun de vos concerts menés tambour battant, le plaisir et les émotions qu’ils nous ont procurés (rien de religieux pour autant), à en perdre notre haleine houblonnée et nos kilos superflus à pogoter comme des lycéens au-devant de la scène.

Nous nous souviendrons aussi de vos clash à répétition avec Sapin, vos ennemis hystériques, dont le paroxysme fut atteint lors de votre fight à l’aéroport Rennes Bretagne à Bruz, avec le saccage en règle de la Brioche Dorée et les pains aux raisins virevoltant au beau milieu du hall d’embarquement ; un fait divers qui restera longtemps dans les annales du rock garage régional ! Un fight imaginaire singeant ces gros lourdauds pré-pubères de Booba et Kaaris, qui n’aura jamais eu lieu, mais qui nous aura bien fait marrer. Encore une fois.

Derrière le chaos, se profile toujours le retour à l’ordre ; c’est une loi universelle dans la vie, qui prévaut aussi dans la vie des groupes de rock.

Vous nous donnerez toujours à voir le meilleur de vous aux quatre coins de l’hexagone, certes un peu plus éparpillés par petits bouts, façon puzzle, comme le disait Audiard. Nous irons soutenir Léo Le Roux à la batterie et aux percussions avec Initials Bouvier Bernois, Bastien Bruneau Larche à la guitare et aux claviers avec Carambolage et Kaviar Special et Wenceslas Carrieu à la basse avec Cadaveric Fumes et RexRegis et vous Thomas, là où la fuzz vous guidera.

Nous serons avec vous pour faire la fête jusqu’au petit matin lors de vos « zinzins funérailles » le 14 juin au 88 Club à Rennes et le 28 juin au Hasard Ludique à Paris, aux côtés de vos compagnons de route les Kaviar Special.

Sans nul doute, vous donnerez une dernière fois le meilleur de vous-mêmes car médiocrité n’aura jamais, au cours de ces 5 radieuses années, fait partie de votre lexicologie pop garage.

Hats off gentlemen, merci encore et longue vie !

Alechinsky