THE DEAD DON’T DIE: Herbe de Zombies.

Enfin, notre Tonton d’Amérique revient, les bras chargés de cadeaux, sur la Croisette! Que penser du dernier « Jim Jarmusch », film au casting étincelant mais au service d’un genre tombé, un tantinet, en désuétude?

Et bien, à l’instar de Spielberg qui pourrait filmer durant deux heures la cuvette de mes chiottes avec une maestria bluffante, je peux tout pardonner à Big Jim, tant sa réalisation épurée et classieuse m’emporte à chaque plan.Et quand je dis « pardonner », vous sentez bien , en filigrane de ces modestes lignes, que je suis, avouons-le- déçu.

Car dans cet hommage appuyé et amoureux à la filmographie sans tache (oui, je sais) du grand Romero, la forme l’emporte sur le fond.Bill Murray et Adam Driver forment un duo impeccable dans cette annonce de Fin du Monde dont l’issue semble absolument compromise. Et le reste du casting complète l’excellence de l’interprétation à tous les niveaux. Les références sont nombreuses ( Selena Gomez et sa bande rappellent inévitablement les étudiants perdus de « Massacre à la Tronçonneuse », « Iggy Pop » semble tout droit sorti d’un making-of de Thriller et Tilda Swinton impose son charisme serein en écho à un « Ghost Dog » devenu mythique, …). Et la marque de fabrique de Jarmusch, cinéaste indolent mais rebelle, transpire à chaque plan.  Nonchalance, humour à froid, second degré, running-gags désabusés , tous les ingrédients sont présents pour nous emballer, y compris la bande-son atomique du  groupe Sqürl ! Mais…mais…. la sauce ne prend, malheureusement, pas.La faute à une mise en abime régulière, coquille humoristique malhabile, qui flingue le film en tant que procédé narratif et nous fait prendre de la distance quant à sa nature « filmique ».

Un Exemple: Bill Murray demande à son acolyte la raison pour laquelle la chanson « The Dead Don’t Die » diffusée dans l’auto radio lui semble si familière. Réponse d’Adam Driver: « C’est normal , c’est le générique du film ».Et ce n’est qu’un faux pas parmi tant d’autres…
Pour reprendre une phrase de mon fiston qui résume le sentiment partagé qui m’a étreint à la sortie de la salle : « Mais? Ils spoilent la fin du film!? Pourquoi? ». »The Dead don’t Die » ressemble à un aveu d’impuissance de la part du réalisateur, comme si ce mélange peu équilibré des genres (satire sociale de notre société de consommation-déjà entrevue dans « Zombie »- épisode de « Scooby-Doo » gore, « Three Billboards » mâtiné de fantastique, enquête policière bucolique digne d’un « Hercule Poirot ») rendait l’entreprise bancale, hybride et périlleuse.Loin de l’excellence qui transperçait « Paterson » via son regard tendre et poétique sur le Monde, Jim Jarmusch perd de sa finesse,  abandonne toute idée de scénario pour son dernier long-métrage et dénonce la vacuité qui nous entoure (les zombies accros à leur portable) avec de gros sabots.

La dernière phrase qui clôt son film  est l’aveu rigolard mais gênant d’un réalisateur un peu stone… et vertigineusement au dessous de ses moyens.Une attitude de « branleur » rock dommageable qui nous laisse littéralement exsangue. 

Jim, reviens avec une épopée intime dont tu as le secret, i’m still loving you!

John Book.