“SPIDER MAN: FAR FROM HOME”, un blockbuster appelé à régner!

J’étais resté circonspect devant “Homecoming”,  premier “nouveau” volet des aventures du monte-en-l’air interprété par l’épatant Tom Holland. Casting impeccable, réalisation alerte, effets spéciaux vertigineux et un méchant digne de ce nom en la personne du Vautour ( le charismatique Michael Keaton, en plein revival “BirdMan”). Mais quelque chose tintinnabulait au fond de mon cortex. Spider-sense! Et révélation:  En dépit d’une louable volonté de dépoussiérer l’univers de l’Homme-Araignée, le scénario n’échappait pas à de nombreuses phases imposées-dont un inévitable duel final usé jusqu’à la corde-et l’ensemble finissait englué dans une toile cinématographique un brin collante. 
 
Un constat d’autant plus regrettable lorsque l’on voit le soin apporté-en matière de blockbusters intelligents- aux différents films MARVEL. Respect des personnages, enjeux mythologiques, procédés narratifs incluant des histoires parallèles au service d’un “grand tout” . Sans oublier un choix culotté mais payant d’employer des réalisateurs doués venant d’ horizons diamétralement opposés.
 Mais, alors, qu’est ce qui cloche chez notre tisseur, éternel mal-aimé ?
Serait-ce la faute à Sony, frileuse major veillant jalousement sur sa lucrative poule aux œufs d’or et peu encline à fricoter avec l’ennemi?
Ou une erreur monumentale de casting en la personne de Jon Watts?
Bingo!
 
 
Tandis que Sam Raimi s’ingéniait à “noircir” son protagoniste (et je ne parle pas du symbiote) à grands renforts de tourments et de destin contrarié, Marc Webb (le bien nommé) privilégiait le romantisme et la “coolitude” du funambule arachnéen. “500 jours ensemble” oblige.
Jon Watts, quant à lui, brille par une réalisation électrique mais dénuée de style.
Un comble lorsque l’on voit les possibilités infinies qui s’offrent à notre héros adolescent en matière de graphisme décomplexé et les nombreux auteurs de comics qui on su saisir sa turbulence pop et sa flamboyante jeunesse .  A l’instar de “Spider-Man: New Generation” (couronné par le Golden Globe 2019, du Critics’Choice Movie Award, du meilleur film d’animation au BAFA 2019 et d’un Oscar. Excusez du peu!) pourquoi ne pas changer la donne pour ses aventures en solo et proposer un univers marqué, fun, délirant, aux antipodes d’un sombre Civil War ou d’un classieux Black Panther? 
 
 

La question reste entière et en appelle une autre: Qu’attendre réellement de cette suite? Après le bulldozer “EndGame”, Spider-Man -bien loin des considérations adultes des Avengers- n’allait-il pas souffrir d’une comparaison hâtive et pâtir de l’effet “fausse suite annoncée d’un carton planétaire”? Approchez! Approchez! Venez savourer les nouvelles élucubrations du plus bavard des Super-Héros! De l’action! De la romance! Les causes et effets d’une ellipse de 5 ans résumée en un spin-of, mes Ami(e)s! Des révélations croustillantes sur l’après Avengers!  Wahou! Du rêve à portée de main… Tous ces éléments suffiraient-ils à combler deux heures de frénésie adulescente? Contre toute attente (May), la réponse est: OUI! “Spider-Man: Far from Home” se démarque de son prédécesseur par son sujet ô combien contemporain: la surmédiatisation dans notre société ultra-connectée. Dès le générique, c’est une avalanche  d’ego-trip à la mode web, de SMS intempestifs  et d’utilisation ininterrompus de portables (tu sais, la petite boite noire qui nous pourrit la vie) qui vous sautent à la face.  Spidey est un teenager. Il a 16 ans et comme tout garçon de son âge, il gravite dans une génération désormais le nez sur son téléphone. Un monde où les fake-news fricotent avec une réalité filtrée, déformée et reformulée. Où une sex-tape prend une envergure similaire à la frappe d’un missile en Extrême-Orient. Où les mots d’amour épistolaires se dématérialisent. Où le paraitre n’est nullement synonyme de “par être”. Mais où l’immédiateté et la réactivité de ces engins de malheur peuvent, parfois, sauver des vies.  Sans vous dévoiler inutilement l’intrigue, sachez que Mysterio, le Maître de l’illusion incarné avec rigueur par Jake Gyllenhaal, est l’incarnation parfaite de cette surabondance. Un méchant d’envergure terriblement contemporain. Et nocif comme un SPAM. C’est tout l’intérêt de ce long-métrage malin où tout n’est qu’ apparence, vacuité et torture de l’esprit: rendre compte- via un blockbuster calibré- de l’état d’une société rongée de l’intérieur par une servitude numérique et volontaire. Comme tout bon film de genre qui se respecte, le thème se doit de l’emporter sur l’histoire.  Jon Watts, enfin débarrassé du cahier des charges du premier opus, a très bien retenu la leçon et nous offre ENFIN un second volet ébouriffant d’intelligence et de scènes percutantes!     Fin de séance (après des scènes cachées à ne pas louper) et sourire aux lèvres, mon fiston et moi-même nous dirigeons vers la sortie. Cerise sur la pancake, le complexe diffuse en sourdine “Le vent nous portera” de Noir Désir puis le “Love Theme” de Blade Runner. Joli clin d’œil. Je crois aux signes. Et à la promesse tacite d’un été éclatant. Avec “Far from Home”, il démarre sur les chapeaux de roues. C’est décidé! J’irai revoir la suite de tes pérégrinations, Peter, même si je les connais Parker.  

John Book.