Rock in The Barn 2020 !

Enfin la rentrée ! Étrange de se l’entendre dire ! c’est forcément l’enthousiasme de pouvoir revivre un vrai festival qui le provoque. Il y a de quoi se réjouir même si c’est la fin de l’été ! En effet les 11 et 12 septembre 2020, le festival Rock in the Barn aura bien lieu et il soufflera ses 11 bougies. De quoi se réjouir aussi car la Covid n’a pas réussi à le mettre à terre. Rendez-vous à la Ferme de Bionval (Vexin-sur-Epte) avec notamment MNNQNS, Warmdusher, Michelle Blades et pleins d’autres artistes prêts à en découdre …
Ce festival qui résonne comme un miracle, pour nous mélomanes en manque de festivités estivales, de pouvoir retrouver la fièvre, presque oubliée, du live en public même s’il faudra bien compter sur le gel hydroalcoolique et la distanciation pour respecter les mesures en vigeur.

Entretien avec Martin Carrière et Yves Garrot pour nous en dire plus sur les dessus dessous de Rock in The Barn 2020 !

Pour vous quelle image a le festival Rock in the Barn?

Yves: Pour moi c’est tellement personnel, après cette période de confinement forcé, c’est comme un aboutissement.

Parce que quand on voit tout ce qui se tramait aux alentours, et tout ce qui a été annulé, ou différé, c’était beaucoup de moments de stress. Maintenant tout est mis en ordre pour que ce soit possible.

Martin: Le festival représente beaucoup pour moi puisque j’ai grandi avec. J’ai commencé en 2010 avec des copains de lycée et maintenant j’ai bientôt 27, le lendemain du festival. Mais ce n’est pas pour ça que je l’ai programmé à cette date d’ailleurs, loin de moi cette volonté (rire).
Le festival est un gros bout de ma vie et ça représente beaucoup de travail d’autant plus cette année où nous avons travaillé sur une période où on ne savait plus du tout si c’était la fin du monde ou pas. Nous avons hésité à le maintenir forcément mais finalement on s’est dit qu’il fallait le faire. Parce que ça représente beaucoup aussi localement pour énormément de gens en Normandie et à Paris. Et puis certaines institutions dans la région qui nous soutiennent, souhaitent que cela reste une petite pépite.

On ne parle pas de nombre, il y a plus nombreux que nous, mais en tous cas, de par la qualité de l’événement et sa singularité. Quand on entend ça des institutions, ça fait plaisir.

Et ce n’est pas uniquement non plus par rapport à votre programmation. J’imagine que c’est aussi sur l’investissement que vous avez au niveau de microcosme que ça véhicule.

Martin : Ouais, par rapport à l’investissement qu’on y met. Accueillir des bénévoles, les artistes, la sécurité et les techniciens. Tout ce qui est à la production, la régie, le catering, tout le monde met la main à la patte et moi aussi c’est pareil.

C’est un lien qu’on a pu tisser avec tellement de gens à travers la France, c’est intimement lié aux groupes. Donc, ça représente énormément de choses. C’est un rendez-vous auquel beaucoup d’amis tiennent absolument.

C’est devenu un rendez quasiment incontournable surtout sur les aficionados ?

Yves: J’ai découvert le festival, en 2013, il me semble. J’avais vu l’affiche avec Balthazar à côté de chez moi, je me suis dis : « qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Balthazar juste à côté de chez moi ! Dans une grange ! ». C’est comme ça que j’ai découvert Rock in The Barn. A l’époque on se garait à 1 km à pied à travers les champs de maïs. Je me suis dis: « ça c’est très bien » et depuis j’y chaque année.  

Puis au fil du temps nous avons sympathisé avec Martin et j’ai eu cet immense honneur d’être nommé Président. Heureusement j’étais assis le jour où il m’a annoncé cette belle nouvelle (rire). Martin reste quand même le père de cette grande aventure. Et moi, je suis une pièce rapportée de bientôt 54 ans (rire). Mais je suis fière de faire partie de cette grande famille et d’y contribuer à mon humble niveau, de pouvoir promouvoir le festival et de proclamer la bonne parole au plus grand nombre.

Je vais revenir sur les origines, puisque vous l’avez évoqué un peu. Quand l’idée de faire un festival de Rock, a telle vraiment commencé à émerger dans vos têtes ?

Martin: Depuis 1998, mon père faisait un festival de chanson française avec ma mère et une association. Ils accueillaient beaucoup de d’artistes comme les Têtes Raides, Supertramp, Manu Dibango.etc… J’ai été baigné dedans, puis forcément à un moment j’ai eu envie d’organiser mon propre truc avec des copains. En 2010, j’ai décidé avec des copains qu’on allait le faire. Et on a créé une association au bout de la troisième édition. Donc l’idée vient avant tous de la baignade dans l’organisation d’événements.

Au sujet de la naissance de Rock in the Barn. Il y a parfois des festivals qui se créent dans des secteurs assez ruraux mais quand il commence à prendre une certaine notoriété, il change de lieu de résidence.  Voulez-vous garder cette image de festival un peu perdue dans la campagne ?

Martin : Oui, c’est Rock in Barn, c’est rock dans la grange, donc, il nous faut forcément une grange.

Mais tu pourrais trouver un subterfuge avec une grange en plein centre-ville par exemple ?

Martin: On aurait pu parce que quand on a été expulsé de la ferme par la fondation Monet en 2016, ça aurait pu se faire avec Vernon qui était vraiment motivé pour nous accueillir. On avait trouvé quelques endroits, pas en plein centre-ville, ont avaient quelques idées, malheureusement ça n’a pu se faire, ça s’est joué en 1 an. On préparait notre édition et on ne pouvait pas se permettre de faire une année blanche, donc il a fallu trouver quelque chose et c’est à bras ouverts que nous ont accueilli la commune Vexin-sur-Epte. Il y a une vraie entraide, on est très heureux d’être avec eux et c’est en milieu rural que ça se passe.

Donc c’est un modèle qui pour vous restera toujours un refuge ?

Yves : D’ailleurs, pour la petite histoire la première édition était tenu secret à l’époque. 

Martin: c’est vrai, c’est ce qui a fait très peur la sous-préfecture et en fait je ne sais pas comment ça se fait mais depuis le début du festival. On a une bonne étoile et on n’a jamais eu une commission de sécurité. en 2017, les autorités voient un lieu secret et on se retrouve confronté à la commission de sécurité qui nous a bien remis les pendules à l’heure. Et en 2018, 2019 on a pu faire deux commissions de sécurité avec les encouragements des autorités.

Ça doit être quand même un peu flippant, j’imagine ?

Martin: oui, bien sûr, faire sept ans de festival ne pas savoir ce que c’est une commission de sécurité, ça fait pas du bien, mais bon c’était un mal pour un bien, il a fallu qu’on le fasse. Maintenant on est pleinement conscient de tous les enjeux, la commune nous aide beaucoup là-dessus.

Les notions de sécurité sont fortement renforcées sur les festivals, les événements culturels, c’est devenu quelque de très pointu, on ne peut plus passer à côté en tous cas.

Martin: Très contraignant d’autant plus cette année avec le Covid.

Mais, bien sûr, c’est un peu en fonction de l’actualité. 2017 – 2018 on a insisté énormément sur le côté attenta, espace blessés, évacuation en cas d’attaque. 2016, on insiste beaucoup plus sur la sécurité incendie à cause de l’incident du Cuba libre et là on insiste sur la Covid19. On a eu vraiment plusieurs aspects en fonction de l’actualité. 

Il est aussi intéressant de voir que certains festivals qui commencent petit, au moment où tu veux grandir et perdurer, tu n’as plus le choix, tu dois te plier à des mesures qui sont souvent un peu pénibles, mais qui sont aussi preuve de bonne foi et de stabilité. Si tu arrives à t’y coller, c’est bon.

Martin : Justement, c’est une capacité d’adaptation fort de pouvoir se sortir de tous ses démêlés et pour malgré cela de pouvoir faire garder quand même la programmation qui nous ressemble.

On va passer à quelque chose de plus léger. Depuis le début du festival vous avez programmé pas mal de monde avec une certaine notoriété. Quels est l’artiste ou le groupe, dans votre mémoire collective, qui vous a marqué le plus ? 

Yves: En étant bénévole, on n’a pas l’occasion forcément d’assister à tous les concerts, mais je me souviens dans la grange, justement avec Rossignol, ça a duré une petite heure mais c’était une heure très intense. J’ai vraiment un super souvenir de ce concert. C’est vrai qu’après la frustration, ce n’est pas pour assister à tous les concerts, parce que le principe du bénévolat est aussi de remplir ta tâche. Je suis souvent au bar, mais on se tient les bonnes dates quand même et on s’arrangera entre bénévoles pour assurer le service.

Martin: Je pourrais en citer plein c’est sûr ! Mais d’avoir eu balthazars, on passait à un palier assez costaud, puis Black Stobe c’est un grand moment, on était très heureux de l’avoir eu et il avait été très généreux. A l’époque c’était plus un festival très lycéens comme on était à Giverny. Ça a suivi un peu nos équipes de bénévoles et on a un public plus mature maintenant parce qu’on a une aussi des bénévoles plus âgés. Voilà ça correspond un peu, Arnaud Rebotini avait bien vu le festival auquel il avait envie de participer et de faire des choses avec un public très jeune, mais c’était sérieux, décalé. Il a fait le concert qu’il fallait, c’était vraiment très classe. C’est un très bon souvenir.

En 2015 The Warlocks qui jouaient dans la grange alors qu’il pleuvait sur la grande scène, ils étaient en retard du coup on les a switchés une heure plus tard dans la grange à la place de Cheap Wine qui a pris la grande scène et qui a assuré. Et The Warlocks dans la grange pleine à craquer ! Un concert d’anthologie ! C’était assez exceptionnel.

Dans la grange nous pouvions accueillir 250 personnes maximum. Maintenant la nouvelle peut en accueillir 500. Mais cette année, il n’y a pas de danger tout est en plein air. Puis évidemment Flavien Berger l’année dernière puisque ça faisait des années que j’essayais de l’avoir, pour être franc, et l’avoir en fermeture du festival le dimanche, c’était un aboutissement.

Acid Arab, c’était la star la plus grosse édition de l’édition 2015 ! On a fait complet le samedi, c’était assez incroyable.

Pour parler de cette nouvelle édition. Comment ça s’est passé cette année pour l’organisation du festival avec la Covid ?

Martin: Premièrement, il faut faire des concessions sur sa programmation, donc pas de groupes américain, australiens et canadien. Il a fallu faire des concessions là-dessus et puis composer avec ce qu’il y avait. Ensuite, il y avait ces histoires aussi avec les Anglais, le Brexit n’arrangeant rien. Mais aussi cette histoire de quatorzaine de réciprocité. Ça, c’était déjà un bon micmac. On est un des rare festival à se maintenir comme l’édition de hop, hop, hop.

On est très contents parce que je suis en lien avec Mathieu le programmateur depuis quelques mois au sujet du Covid. Du coup il me disait que la préfecture de Orléans a validé le festival, donc grâce à leur protocole sanitaire un peu stricte et un soutien indéniable de la ville d’Orléans, voilà, ça c’est super. Ce qui est bien, ce qu’on a un protocole sanitaire de notre côté bien rodé aussi, la veille sanitaire nationale qui nous soutient aussi, donc ça c’est super. Ils nous font confiance.

Il y a forcément plusieurs paramètres qu’il faut prendre en compte, qui rend les choses très complexes ?

Yves: C’est vrai du fait de la localisation de ce festival, il a fallu améliorer un peu l’acheminement avec les navettes d’Orléans à Paris ce qui n’était pas le cas jusqu’à maintenant. Alors c’est vrai qu’avant le festival était plus près de Vernon, il y avait plus de possibilités d’accès.

Il y a plein l’effort fourni, j’ai assisté aux échanges sur les règles sanitaires, le lavage de main, les douches, la distanciation à respecter, les masques avec le logo du festival. Donc toute l’intendance suit avec des efforts décuplés.

Les gens ont envie il y a un réel engouement.

Le camping est complet mais il reste toujours des places avec la navette. C’est la rançon du succès entre guillemets.

Quand la Covid19 est arrivée, vous aviez déjà commencé votre programmation. Ça a dû être une véritable douche froide pour vous de voir que cela pouvait tout annuler. J’imagine que ce n’était pas à simple à vivre sur l’instant ?

Yves: Pendant le confinement, il y avait un gros doute. On a parlé avec d’autres personnes qui sont aussi organisateurs de festival, eux malheureusement ont dû annuler parce que ce n’était pas la bonne période. Nous étions tous avec un gros questionnement sur la possibilité de faire les choses ! Est-ce qu’on continue ou est-ce qu’on arrête tout ? Enfin ça fait partie aussi d’une énergie qu’on replace.

Martin : Il est déjà très énergivore, ça c’est sûr, parce que ça te pompe l’air. C’est déjà un gros investissement, mais en plus avec la covid, c’est très compliqué. Il faut avoir la niaque. Et sinon on comprend évidemment les autres festivals, on avait la chance d’être en septembre, donc loin du confinement et déconfinement. Bien que n’étant pas extrêmement médiatisés, on n’est carrément pas dans la situation qu’il y avait au printemps, ça c’est sûr. Les gens flippent, il faut garder l’espoir et rester vigilant. Mais ce qu’il faut savoir c’est que maintenant, on maîtrise les problèmes ; il faut garder les gestes barrières, être sérieux.

Il faut avoir les nerfs solides parce qu’avec hop, hop, hop, on va être un peu une vitrine en tout cas pour les musiques actuelles. Je pense que beaucoup de gens suivent de près ce qu’on est en train de faire pour espérer faire la même chose plus tard.

Vous êtes une sorte de test grandeur nature. C’est presque ça ?

Martin: Avec ce test, on peut contribuer à pas mal des choses, je pense. 

D’autant plus que vous êtes un festival avec une notion écoresponsable forte, ça va aussi dans l’évolution des choses par rapport aux autres festivals. S’ils pouvaient y avoir cette même notion de l’impact de l’humain sur l’écologie, ça ne serait pas mal ?Martin Carriere : On est toujours aux aguets en matière de responsabilité et au niveau écologique. Cette année, ça devient moins la priorité, on a 700 masques jetables mis à disposition. Maintenant, on a fait fabriquer des 200 masques lavables à l’effigie du festival. On met des jetons réutilisables toutes les années parce qu’ils seront lavables. Malheureusement, on est un peu bloqué en matière de toilettes parce qu’à cause de la Covid, personne ne veut de toilettes sèches qu’il faut changer régulièrement. Aucun prestataire ne veut se mouiller à faire ça dans le contexte sanitaire actuel. On va être obligés de mettre des toilettes chimiques et d’engager une équipe qui les désinfectera avec toutes les normes strictes qui s’imposent. Il y a forcément quelques concessions à faire.

Syef’Arzak
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