PETER HUJAR AU JEU DE PAUME : « SPEED OF LIFE »

Cette exposition intitulée Speed of life – on ne pouvait trouver titre mieux approprié – m’a donné envie de courir comme ce morceau de Pulp, “Do you remember the first time ?”, que j’écoutais en boucle à sa sortie et qui exhortait mon corps à se mouvoir dans tous les sens.

En parcourant l’expo de Peter Hujar au Jeu de Paume, j’ai ressenti une soif inextinguible de vivre en accéléré, de profiter pleinement de ce passage éphémère qu’est le nôtre sur Terre, comme un besoin intrinsèque de courir après le temps en sachant qu’il passera trop vite.

Au-delà de cette fureur de vivre, Peter Hujar nous offre des mises en scène à l’esthétisme impeccable, sophistiquées, recherchées et paradoxalement comme prises sur le vif. Il photographie naturellement des personnages compliqués, abîmés par la vie, les excès, la maladie. Cette rage de vivre est bien réelle, palpable, elle vous inonde d’émotions, vous fait frissonner, foudroie face à la profondeur des regards et aux attitudes excentriques de ses modèles : singuliers et hors normes.

À travers ses clichés, j’ai ressenti l’acceptation et l’affirmation de soi, être heureux d’être qui l’on est et le revendiquer, refuser les conventions, s’en affranchir. Peter Hujar nous propose une réflexion sur la différence, il montre et sublime ceux qui ont choisi une autre voie et qui l’assument totalement, il leur donne le droit de s’afficher comme ils sont et sans jugement.

Pour illustrer cette chronique, j’ai choisi la photo de Candy Darling, icône LGBTQ et muse d’Andy Warhol photographiée par Peter Hujar quelques mois avant son décès; elle est apprêtée comme s’il fallait retarder le moment où la mort viendra la cueillir, entourée de fleurs sur son lit d’hôpital dans une élégante et morbide mise en scène. Encore une fois, on ressent l’urgence, celle de vivre jusqu’au bout dans la dignité. Pour habiller ce cliché, j’ai choisi le morceau de Lou ReedWalk on the wild side” qui cite Candy Darling, entre autres représentants de la scène underground new-yorkaise de l’époque…

Les modèles de Peter Hujar crèvent l’écran au premier plan, juste avant de passer derrière…

Son exposition au Jeu de Paume rencontre un franc succès amplement mérité et je vous invite à y courir !

Peter Hujar est mort d’une pneumonie liée au sida en 1987.

Lolo Patchouli.