JULIE LONDON, « LIKE THE BUBBLES IN A GLASS OF CHAMPAGNE » À NOËL

Au moment de choisir quelques musiques pour agrémenter la « magie de Noël », je pris le parti de délaisser le single planétaire « All I Want For Christmas Is You » issu de quatrième album studio de Mariah Carey (628 millions de vues sur YouTube !), auprès duquel « Last Christmas » de Wham ! (500 millions de vues sur YouTube tout de même !) et « Santa Claus Is Coming To Town » de Michael Bublé (seulement 23 millions de vues !) font figure de fours commerciaux !

Mon choix s’orienta vers Grégory Porter mais au fil de la soirée, l’aléatoire de la plateforme de streaming aidant, la tracking list dériva, sans que je m’en aperçoive véritablement, vers Julie London, née Nancy Gayle Peck (un fait singulier à noter puisque je me souviens avoir chroniqué en avril dernier le cow-boy queer Peck, Orville de son prénom, pour la sortie de son album « Pony », l’un des plus beaux de 2019. Démarrer l’année par un Peck et la finir avec une autre (Peck), avouez que la synchronicité méritait d’être contée. Moralité : « Pour garder la forme tout au long de l’année, travaillez vos Peck ! »).

Julie London naît en 1926 à Santa Rosa, Californie, dans une famille d’artistes (papa et maman sont danseurs et chanteurs de vaudeville). Elle est l’ « archétype » de la pin-up des fifties : blonde, sexy et sensuelle. Et surtout très talentueuse, menant parallèlement une carrière d’actrice et de chanteuse.

Repérée par l’actrice de cinéma muet Sue Carol qui voit en elle une « jeune Bette Davis, provocante et résolument différente », elle tourne dans 22 films, dont plusieurs westerns, jouant auprès de grands acteurs (Gary Cooper, Rock Hudson, John Cassavetes, Robert Taylor,…) et sous la direction des plus grands réalisateurs (Michael Curtiz, Robert Parrish, Anthony Mann,…)

Côté musique, Julie London se rend célèbre grâce à son interprétation de Cry Me a River écrit par son camarade de lycée Arthur Hamilton en 1955 et produit par l’émérite acteur, chanteur, pianiste et compositeur Bobby Troup (auteur du standard Route 66, immortalisé par Nat King Cole) qu’elle rencontre sur le tournage du film « La Blonde et Moi », et qu’elle épousera en secondes noces le 31 décembre 1959.

Sa voix chaude, grave et sensuelle, la propulse comme une chanteuse à succès dans les années 50. Influencée par ses aînées Billie Holiday et Peggy Lee, elle chante dans des clubs au début de sa carrière avant que le Billboard Magazine ne la sélectionne dans le classement des meilleures chanteuses en 1955, 56 et 57.

Il faut dire que sa voix, subtilement feutrée et voilée (elle est une grande fumeuse), d’une diction remarquable (assurément due à son passé de comédienne), dégage un charme et une élégance rares. De la pure émotion. D’aucuns affirmeront que le chant de Julie London est « l’esthétique de l’intimité » et la « quintessence du cool glamour ». 

Les années soixante la voient peu à peu disparaître des radars cinématographiques (seulement trois films à son actif, dont le dernier « Espions en hélicoptère » de Boris Sagal en 1968) mais elle continuera à sortir plus d’une vingtaine d’albums, portant sa discographie à 32 albums au total (29 albums studio, 1 album live, 6 albums de compilation, 2 albums supplémentaires) et 29 singles. 

Elle réapparaît à la télévision dans les seventies, prenant le rôle de l’infirmière Dixie McCall dans la série TV « Emergency » (1971-1979).

La première « J. Lo » de l’histoire musicale décède à Encino, Californie, le 18 octobre 2000, à l’âge de 74 ans. Elle aura inspiré des générations de chanteuses – parmi lesquelles on peut citer Astrud Gilberto, Françoise Hardy ou Tracy Thorn d’Everything But the Girl – et on peut encore l’entendre dans les chaumières du monde entier au moment des fêtes de Noël…

Alechinsky.