LE CALICE JUSQU’À LA (SHANNON) LAY !

Désolé mais je n’ai pas aimé August, le dernier opus de la songwriter indie-folk originaire de Los Angeles Shannon Lay, sorti le 23 août sur le label Sub Pop, et qui fait suite à All this life going down (sur le label Mare Records de Kevin Morby) et Living Water, tous deux sortis en 2017.

On s’y ennuie sans délice, c’est lent et monocorde, long comme l’attente d’un train dans une gare de province désaffectée et plus apaisant encore qu’un concert de gamelan indonésien.

Si l’on ne peut nier que August est beau et poétique (‘’Nowhere’’), il faut avouer qu’il est aussi neurasthénique. L’album idéal pour apaiser une horde de combattants MMA Tchétchènes affamés et rageux, lancés à vos trousses.

Sur “Shuffling Stoned”, on a même l’impression effrayante du retour (qu’on pensait définitivement impossible) de Carla Bruni et ‘’Wild’’ n’a de sauvage que le nom.

La rousse californienne essaime harmonieusement les douze titres de l’album comme autant de petits cailloux (dans la chaussure) poétiques ciselés. Les ballades en fingerpicking ne sont pas désagréables à écouter mais elles font passer le temps plus qu’elles ne l’enchantent.

Se les enfiler à la suite, c’est boire le calice jusqu’à la Lay !

Je suis sûrement à contre-courant des avis laudateurs de la presse musicale qui évoque les émérites influences de Shannon l’angelena, de Karen Dalton (chanteuse de folk-blues préférée de Bob Dylan, que Nick Cave et Lenny Kaye, le guitariste de Patti Smith, citent volontiers en référence, et dont elle reprend “Something On Your Mind”), jusqu’à l’intouchable génie Nick Drake.

Quitte à citer des pointures (et finir de me mettre à dos encore plus de monde mais je l’assume), sachez que Shannon Lay a intégré le Freedom Band de Ty Segall, collaborant sur les deux derniers albums du prolifique génie californien : le live Deforming Lobes (sorti le 29 mars 2019) et le dernier en date (sorti le 2 août 2019), exempt de guitares, First Taste, tous deux sur le label chicagoan Drag City.

Les “folkeux” crieront donc à l’hérétique critic rock qui n’y connaît rien mais qu’importe.

Sur le podium des Shannon, nous lui préférons (et de loin) l’intense Shannon Wright, la charismatique Shannon Shaw (de Shannon and the Clams) ou encore la délicieuse new yorkaise Shannon McNally.

Souhaitons néanmoins qu’elle fera mentir nos propos mitigés lors de sa prochaine venue au Petit Bain le 22 février 2020, en co-plateau avec Mikal Cronin, le musicien-compositeur de Laguna Beach en Californie, lui aussi compagnon de live de Ty Segall et auteur du joli single “Undertow”, dont les chœurs sont assurés par… Shannon Lay.

Si tel est le cas, alors contrition nous ferons, constatant finalement avec un peu de retard que douée, Shannon l’est !

Alechinsky.