« Rêves de jeunesse ». Dream a little dream of me

Le temps est au beau fixe et un vent frais souffle sur les plaines du cinéma français. Précédé de critiques excellentes et s’affranchissant des codes dramaturgiques en vigueur, le troisième film d’Alain Raoust (professeur à l’université Paris 8 de Saint-Denis, bastion de libre pensée où je fus étudiant dans une vie antérieure, respect forever) nous enchante par son intelligence et sa narration tout en brisures et lignes de fuite.Car il est bien question de fuite dans ce long-métrage solaire où l’espace d’un mois d’Août, une jeune fille en proie aux questionnements concernant sa vie, se libèrera de toutes contraintes sociales pour mieux réinventer sa place dans la société.

Contre toute attente, c’est au sein d’une déchetterie que Salomé fera les rencontres les plus improbables mais, aussi, les plus capitales.De celles qui vous marquent une existence.
Entre une candidate survoltée de télé-réalité, un champion de course de vélo licencié et un jeune homme renfrogné, notre héroïne pansera ses blessures, fera la paix avec elle-même et se réinventera-in fine- dans un pays (connu) tout en émerveillement et utopie bienveillante.N’y allons pas par quatre chemins de traverse:
Quel bonheur de cinéphile!


Je pensais trouver en ces « Rêves de Jeunesse » une chronique romantique et romanesque où les émois de l’adolescence s’éveillent en terrain bucolique, je me vois confronter-avec surprise- à une étude sociologique, libertaire, politique et poétique.Un véritable OVNI qui vous sert le cœur dans ses élans culottés (ce plan d’ouverture!), ses dialogues drôles et profonds et une réalisation privilégiant les ellipses et les respirations à la vitesse et l’efficacité.Vous tord de rire au détour de joutes verbales bien senties et d’un casting hétéroclite mais au diapason.
Vous démontre avec beaucoup de générosité qu’un autre monde est possible, libre, réel, palpable et loin de tous les clichés attendus concernant le militantisme , l’engagement et la lutte des zadistes.

Qu’une alternative économique n’est pas forcément synonyme de suicide collectif .Et qu’un budget limité-en matière de cinoche- peut procurer un plaisir infini.C’est la fin de l’été. Laissez entrer le soleil. Hâtez-vous de défendre ce chef-d’œuvre humaniste et beau comme un lendemain qui chante.Et vivez, rêvez, aimez…
Bon Dieu! Un film que n’aurait pas désavoué Bourdieu!
John Book.