« KRULL » de Peter Yates. Un jour, mon Prince viendra…

Après des mois d’attente, Santa Claus tapote enfin à notre porte avec son lot de cadeaux, ses Rennes surexcités, ses lutins malins et son aura de mystère ! Mais de longs-métrages dans les salles en cette période hivernale, point du tout. L’heure est donc au cocooning devant la télé afin de retrouver, l’espace de quelques heures, le « doudou » qui ranimera notre flamme sentimentale. Comédies romantiques sous la neige pour certaines et certains, dessin animé pour d’autres… Instants de partage. Souvenirs d’enfance.
« La Vie est Belle » de Frank Capra,  » Maman, j’ai raté l’Avion » de Chris Columbus, « Les Goonies » de Richard Donner, « Piège de Cristal » de John Mc Tiernan, « Les Gremlins » de Joe Dante…ou « Les aventures de Bernard et Bianca » de Wolgang Reitherman.

Autant de madeleines pour autant de vies.Là est toute la Magie.
Lorsque je songe à ce jour particulier de Décembre, plusieurs films me viennent immédiatement à l’esprit. Les plus évidents, les plus connus. Mais aussi ce » KRULL » qui possède un « je ne sais quoi » qui me fait tant vibrer.Réalisé par Peter Yates et sorti en Février 1984 en France, ce long-métrage fut un (petit) « four » retentissant. Et pourtant ! Seize ans avant la déferlante « Seigneur des Anneaux » et ancré dans un univers de « Fantasy » alors en plein « boom » (le jeu de rôle « Donjons et Dragons » en est à sa troisième version dans nos contrées, « Le Dragon du Lac de Feu » de Matthew Robbins et « Dark Crystal » de Jim Henson explorent de nouveaux territoires cinématographiques et le tournage de « Legend » par Riddley Scott émet ses premiers balbutiements), « KRULL » tint toutes ses promesses.
Une réalisation dynamique, des acteurs impliqués ( Ken Marshall est parfait en jeune Prince fougueux, Lysette Anthony s’applique à donner substance à un personnage stéréotypé, Robbie Coltrane en impose, Alun Armstrong excelle en second couteau et Liam Neeson -tout droit sorti d' »Excalibur » de John Boorman- possède l’étoffe nécessaire), la musique de James Horner est somptueuse, les effets spéciaux remarquables et l’ambiance retranscrite en adéquation avec nos attentes en matière de films d’aventures fantastiques.
Qu’est ce qui a cloché ?


Quoi, mon KRULL? Qu’est ce qu’il a mon KRULL?
Un univers mal dessiné et un scénario à l’emporte-pièce.
En dépit d’un savoir-faire indéniable derrière la caméra, Peter Yates peine à choisir son camp. Ici, les fusils lasers croisent les épées et l’on connait peu les motivations profondes de ce rapt.  Par ailleurs, le scénario de Stanford Sherman se rapproche trop souvent d’un récit initiatique mainte fois ressassé et plagie ouvertement George Lucas. Un jeune Héros doit sauver une Princesse en détresse des griffes du Mal et voit son chemin semé d’embuches (de Noël). Heureusement, des compagnons d’infortune se joindront à cette épopée et l’attribution d’une arme redoutable mettra un terme au joug exercé par « La Bête ».
Cela vous rappelle quelque chose ?
J’ai grandi trop vite?
Qu’importe !
Lorsque vous avez 13 balais et votre frangin 10 en 1984, je peux vous assurer que le voyage devant l’écran géant est total.
Je m’adresse, à présent, aux grands enfants qui sommeillent en chacun de Nous.

Rapprochez-vous du canapé. Installez-vous confortablement. Laissez-vous transporter. Au chaud. Cœur Cacao.
Pour son quatorzième film, le réalisateur de « Bullitt » vous téléporte sur une planète lointaine. Dans cet univers fantasmagorique, un Cyclope doit faire face à son Destin et des chevaux aux sabots de Feu pourfendent des nuages !Des brigands s’allient à un Prophète et s’embourbent dans des sables mouvants !
Vous vous esclafferez devant les pitreries d’un demi- Magicien protéiforme et perdrez tout sens de l’orientation dans une Forteresse Noire et Psychédélique. Et lorsqu’au final, le long-métrage tire vers le conte macabre, vous frémirez à l’idée-même qu’une araignée géante puisse vous prendre dans ses filets !
Jugé « kitsch » durant des décennies, « KRULL » finit par acquérir le statut de film « culte » au sein de la « Pop Culture » et des geeks. Signe des Temps, l’immense Steven Spielberg lui rendit hommage dans son gargantuesque « Ready Player One » et « South Park » se fendit d’une référence appuyée.
Amateurs de fresques familiales et extravagantes, ne loupez pas cette fantaisie.
Le Père Noël existe.
Si vous en doutiez encore, une superbe édition DVD + BLURAY est disponible depuis le printemps dernier.
Mais pour l’acquisition du « glaive-boomerang à cinq branches », il faudra patienter…Prenez soin de vous et Joyeuses Fêtes de fin d’Année !
John Book.