Nicolas Jules, prolifique et déjà auréolé d’un nombre impressionnant de pépites discographiques, est un artiste inclassable et qui ne souhaite surtout ne pas l’être, il oppose à la cadence endiablée de nos vies un langage organique, chantant doucement les angles vitriol d’un Carnaval Sauvage. Déambulation hardie ou dénébulation lumineuse et excitante, les 12 titres, qui figurent au menu de ce nouvel opus, résiste au galop, le mors aux dents, l’amour aux bords des lèvres et pourtant ils nous bondissent au visage sans même nous prévenir. Au bord du tremplin, du bout des doigts, les paroles lâchées dans le souffle chaud de Jules densifient le point d’union, déniche la matière noble là où elle est la plus rare, et ainsi embrase, sans complexe, les multiples beauté en puissance qui réside autour de nous ! Dans ce tour d’horizon étoilé, la fulgurance s’impose, sans trahir l’esprit farouchement libre du dandy, dont l’ivresse romanesque transparaît à travers une incandescence entêtante et pourtant sobre. Pour lever le voile sur cet album, tout en gardant le mystère en ligne de mire, Jules Nicolas a accepté de répondre à quelques questions et il y répond avec cette belle sincérité qu’on lui connaît.
– Comment définirais-tu ton ADN musical ?
je suis né sur un disque de Pink-Floyd, pendant la petite enfance les premières chansons en français que j’ai écoutées furent celles du disque Brigitte Fontaine Est Folle arrangé par Jean-Claude Vannier, à douze ans, j’ai écrit mon premier texte sur la musique de Banlieue Boogie Blues de Jacques Higelin, à 18 ans j’ai commencé à chanter dans un groupe de rock. J’ai commencé la guitare à 21 ans en écoutant John-Lee Hooker. Voilà la bande son originelle. Et puis je continue à nourrir tout ça de musiques expérimentales, traditionnelles et plus si affinités, du monde entier et de toutes époques.
– C’était quoi l’idée de départ de “Carnaval Sauvage”, le fil conducteur ?
des chansons assez solides pour être jouées avec deux fois rien. Textes autour de l’intimité et de l’esseulement. Une seule guitare (d’habitude j’en joue sur plusieurs pistes, une basse, un violon et une percussion légère et basta, le tout encadré par deux titres jumeaux, “les étoiles dans le lac”, plus épais et qui évoquent une multitude.
– Avec qui as-tu composé et réalisé cet album ?
écrit, composé, réalisé, enregistré et mixé seul. Mais avec les présences inspirées et inspirantes de mes deux compagnons de tournée, Roland Bourbon (percussions) et Frédéric Jouhannet (violons).
– Tu as un style narratif très riche introspectif, expressif et profondément poétique avec un niveau d’écriture à la limite du romanesque. Te définirais-tu comme un écrivain chanteur dans l’âme ? Et à quoi attribues-tu ce choix ?
je n’ai pas à me définir. J’ai à écrire des chansons. Du côté des mots, il n’y a pas vraiment de choix de ma part, simplement l’envie puissante de faire au mieux et la conscience de ne faire que ce que je peux. Et je ne peux même pas dire que j’aime les auteurs, qu’ils soient poètes ou romanciers, tant j’en aime peu. Disons que j’aime infiniment une infimité d’écrivains.
– Tu fais le choix de ne pas mettre en dispo ton album sur les plateformes. Peux-tu nous en donner les raisons ?
j’ai essayé de répondre le plus brièvement possible à cette question et ça donne une réponse finalement trop longue pour que je réponde ici. Résumer serait simplifier bêtement. Alors j’invite ceux qui ne sont pas définitivement tombés dans le zapping à lire ceci : https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=pfbid03GnmKXQAyn5xhCHi7ZAX6xaqfxu5uDz8vYL2RYjkBADBbLUvBS2GMFCNqDD9zcKTl&id=100063707011823
– Si je ne me trompe pas, il s’agit là de ton 14eme opus. L’eau a coulé sous les ponts. Entre ‘l’Oreillette au Ventricule” ton premier EP (1998) et “Carnaval Sauvage” comment définirais-tu ta vision d’appréhender la musique ?
c’est comme apprendre à connaître ses propres labyrinthes. Quitter les allées centrales pour nourrir ce qu’on décide de montrer de fruits cachés. Se perdre pour se trouver. Pour essayer de s’éloigner des voix porteuses de messages et d’indications.
– Et est-ce qu’il y a des artistes avec qui tu aimerais collaborer dans tes rêves ?
Aki Kaurismaki. Je ne cite qu’un nom parce-que ça renferme peut-être moins que d’en citer plusieurs.
– Quels sont tes projets dans les mois à venir ?
Des bistrots, des flâneries, des concerts en pagaille et un nouveau disque sur lequel j’avance lentement depuis déjà quelques petites années en essayant d’accentuer toujours un peu plus la courbe du virage.
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Photo de couv. (c) Catherine Calvanus