Judy, biopic sur Judy Garland

Le biopic est une adaptation de la comédie musicale End of the Rainbow, écrite par Peter Quilter en 2005, avec une référence au titre “Somewhere Over the Rainbow” (1939) si enchanté par Judy Garland.  50 ans après sa disparition précoce en juin 1969 à l’âge de 47 ans, le film vient rappeler les dures conditions d’une star à l’époque où l’artiste se doit de donner le meilleur sans faiblir, l’image important tellement plus que le réel.  

Judy Garland dans The Wizard of Oz.

Artiste depuis l’âge de 2 ans, embauchée dès 13 ans dans les studios de La MGM, Judy Garland a seulement 17 ans lorsqu’elle triomphe dans Le Magicien d’Oz (1939). Au sein des Studios, on lui a donné des médicaments pour garder de l’énergie et affronter la fatigue de journées entières de labeur pour tenir en chant et danse et des somnifères pour dormir les courtes nuits pendant les périodes de tournages.

En 1h58, le réalisateur Rupert Goold réussi à faire revoir Judy Garland et non Renée Zellweger en 90 min de maquillage (attention à l’orthographe de son nom comme elle semble avoir repris pas mal de journalistes à ce propos!). Qu’est-ce que le nom de Judy Garland représente aujourd’hui dans les années 2020 ?

Renée Zellweger

Vedette phare de la MGM, La légendaire et effervescente performeuse de scène, que ce soit en comédie musicale ou en film. Renée Zellweger est épatante dans son rôle d’une Judy vulnérable émotionnellement et pourtant d’apparence et présence si forte et incarnée physiquement et vocalement. Exploit de Renée Z. d’avoir su rendre l’essence magnétique de l’actrice légendaire et pourtant incomparable. Encensé par la critique internationale, le film est sorti hier au cinéma en France. On avait hâte de pouvoir se faire une idée de la prestation de l’actrice Renée Z. en Judy Garland, depuis son Golden Globe et son oscar logique de meilleure actrice 2020 et aussi les bons commentaires qu’elle a reçu de sa prestation. Le film nominé dans plusieurs catégories a raflé l’oscar des meilleurs maquillages et coiffures (n’est pas Judy Garland qui veut !) 

Des récompenses aux Critics’ Choice Movie Award de meilleure actrice, aux BAFTA de meilleure actrice également meilleure actrice au British Independent Film Award et au Screen Actors Guild Award etc.….et la boucle est presque bouclée ! Des nominations et récompenses à la hauteur des bookmakers !

L’actrice, connue pour avoir campé une figure féminine (N.D.L.R. Bridget Jones) aux problématiques des années 2000 bien de son temps, explique avoir dû ouvrir sa voix, en chantant vraiment sur la chanson “Somewhere Over the Rainbow” et bien d’autres du film qu’on se délecte de réécouter en fan de comédies musicales et spectacles . 

Ses mimiques sont justes avec tout cette vie aux travers des yeux de l’interprète à la hauteur du mythe hollywoodien, qui a fait sien ce rôle bien au-delà des espérances, en restant visuellement très proche de ce que l’on sait de la car!ère et vie de l’artiste disparue et de son héritage sociétal et musical. La perruque brune et des yeux à la tristesse poignante sont réellement plus qu’impression de déjà vu. 

Cependant comme le titre l’indique, il n’y a pas vraiment de trame à suivre dans Judy, mis à part la concentration sur la croissance de l’enfance et la décroissance à l’âge mûr d’une icône devenue célèbre et reconnue très jeune devant les yeux du monde entier.

La vraie Judy Garland

Frances Ethel Gumm alias Judy Garland est née en juin 1922 aux Etats-Unis. Actrice, chanteuse et danseuse. Grâce au Magicien d’Oz, elle obtient un Oscar spécial de la meilleure jeune actrice en 1940.

C’est la mère de la non moins connue et iconique chanteuse et actrice américaine, Liza Minelli dont le père et son second mari, n’est autre que le réalisateur Vincente Minelli. Sa carrière battant son plein, elle commence à se sentir de plus en plus fatiguée, épuisée. Elle accumule les problèmes de santé et tombe malade pendant un tournage de film à la MGM. Le studio doit faire face à ses fréquents sautes d’humeur, ses absences et à son manque de ponctualité. Malgré cela, la MGM enchaîne les tournages. Celle qui a pu travailler avec Fred Astaire est remplacée dans les rôles par d’autres actrices comme elle est de plus en plus sujette aux dépressions nerveuses. Cela fait déjà quatre décennies qu’elle est artiste. En 1950, comme l’accoutumance de Judy Garland, alors âgée de 28 ans, à l’alcool et aux médicaments la rend ingérable, la MGM met un terme à son contrat. Elle fait alors une tentative de suicide. Un an plus tard, elle divorce du réalisateur Vincente Minelli père de sa première fille. L’année suivante, elle se marie avec le producteur de cinéma Sidney Luft avec qui elle a une fille, Lorna et un garçon, Joseph qui va relancer sa carrière grâce à une série de tournées en la persuadant de se produire au Palladium de Londres pendant un mois, c’est un triomphe. Hiver 68, le biopic JUDY illustre ce moment où les exigences du showbiz contraint un peu Judy Garland à se rendre à Londres pour présenter son spectacle à guichets fermés au cabaret Talk of the Town. Il y a déjà 30 ans qu’elle est devenue une vedette internationale pour son rôle dans Le magicien d’Oz. Si sa voix n’est plus ce qu’elle était, elle n’a rien perdu de son charisme et son intensité scéniques. Hantée par tant d’années passées à chanter pour gagner sa vie, on la voit répèter ses numéros, se disputer avec la direction, charmer des musiciens et se remémorer des souvenirs avec des amis, Mais ce temps passé à Londres l’éloigne de ses deux enfants, Lorna et Joey Luft (Liza Minelli étant alors plus âgée de 23 ans). Sans adresse stable aux Etats-Unis, Judy Garland sait qu’elle n’a pas le choix de partir faire le show si elle veut garder ses enfants et s’en occuper sans les sacrifier .

tout n’est pas toujours virtuel à Hollywood

La star acculée par les problèmes et qui n’est plus que l’ombre d’elle-même décédera en juin 1969 à Londres. 

A l’écran une forme de magie opère qui permet de reconstituer le vécu et ressenti émotionnel et sensationnel d’une artiste en proie à des démons intérieurs plus qu’extérieurs. Le plaisir comme le désespoir se voit sur le visage d’une Renée Zellweger grimée en Judy Garland. 

Partir sans ses enfants encore en bas âge….

Rien n’est simple, entre sa lutte contre son addiction aux drogues et à l’alcool, sa solitude et l’insécurité qui s’empare de plus en plus souvent d’elle, ses soirées ne se passent pas toujours sous le feu d’applaudissements nourris. Le spectateur voit l’envers du décor, l’avers de la scène, où Garland évolue sans vrais amis, juste Rosalyn (Jessie Buckley) et le leader du groupe Burt (Royce Pierres) ce qui la plonge sous le charme de son cinquième et dernier mari à venir Mickey Dans (Finn Wittrock) en 1969. Ruinée elle doit partir en Angleterre et laisser ses enfants

Ni Liza Minnelli ni sa soeur Lorna Luft ne vont aller voir ce film. Mais ce n’est pas du voyeurisme (enfin perso) que de se rendre compte de la réalité d’une grande femme du spectacle qui en partie précipita son décès d’une overdose médicamenteuse.

Ayant lu Judy Garland, splendeurs et chutes d’une légende, par Bertrand Tessier (Editions L’Archipel, 2019) que je recommande vivement par la même occasion, ce film représente assez justement cette période d’entrechocs, d’entre-deux-âges, entre succès et gloire vieillissante, que chaque artiste peut expérimenter. Ce bio pic est un bel hommage à une figure emblématique du Hollywood face visible et face cachée, qui rappelle à quel point les étoiles restent humaines et vulnérables hors scène. 

Judy (2019) par Rupert Goold, sortie le 26 février 2020 en France.

Van Memento Maury