Jehnny Beth To Love Is To Live

Jehnny Beth nous accueille dans un monde sculpté au plus profond de ses sentiments, une expérience consciente pour expurger les résidus d’une nature utopique chaotique empreinte de respect pour ses convictions. Un travail minutieux, une collaboration avec plusieurs de ses amis Romy Croft  (The xx) de Joe Talbot (Idles) de Atticus Ross () et de l’acteur Cillian Murphy, l’album a été produit par Flood, Atticus Ross et Johnny Hostile (compagnon de route de Beth depuis la formation du duo John & Jehn en 2008). Créativité extrême, qui se fond dans l’exigence d’une vision absolue du monde.

« I am naked all the time / I am burning inside / I am a voice no one can hear / I am drifting for the years / I am the ocean / I am the moon / I am dying far too soon »
« I Am » Beth a sans doute toujours su qui elle était dans cet espace quadrillé qui ne peut tolérer les pérégrinations erratiques, le vivant est partout admis dans cette forteresse atmosphérique, nous pouvons entendre distinctement cette honnêteté. Et entre le brouillard des synthés, et cette voix rappelant PJ Harvey, la puissance est là presque plus que dans l’ensemble des autres titres qui l’entoure.

« Heroine » emploie ici quelques effets vocaux alliés à des rythmiques enveloppantes, peignant un tableau quasi shoegaze (poursuivant avec un piano divin). « We Will Sin Together » les atmosphères déployées, font osciller l’urgence et vers des envolées célestes post-rock. Femme de tête sauvage, personnage extraterrestre, multiforme elle fait un détour doux-amer au sein d’une prod crue mais à l’impact saisissant, l’idéal pour se faire télescoper par une vague d’émotions et d’une richesse inouïe.


Beth pointe David Bowie dans la réalisation de son premier album solo. La nuit de la mort de Bowie, cela lui a fait comprendre comment le travail d’un artiste vit au-delà d’eux. Bowie savait qu’il était en train de mourir quand il a fait Blackstar – cela a inspiré a Jehnny Beth le désir de faire quelque chose comme si c’était la dernière. 

« To Love Is To Live » fait la place belle à l’inattendu. Aussi urbain que désabusé, Beth dévoile onze paysages dramatiques, intimes, dessinés par et pour Jehnny Beth. Immergent l’auditeur dans un bain de sensations paradoxales entre tension et contemplation au point de ne plus vouloir remonter à la surface. Superbe.

Écoute https://jehnnybeth.lnk.to/TLITL