6 ans déjà que le généralissime créateur du Tulsa sound est parti rejoindre les plus grands virtuoses de la six cordes.
John Weldon Cale grandit dans une famille modeste d’une région surnommée « Green Country » Tulsa en Oklahoma. Le petit Johnny s’intéresse très tôt à la musique, il commence à taquiner de la guitare vers l’âge de 14 ans . Mais Il ne commence à écrire des chansons que dans les années 60, lorsqu’il obtient un poste d’ingénieur du son chez Leon Russell à Los Angeles. Il rencontre un certain Snuff Garrett, qui produisait des albums d' »Easy listening » et le fait signer avec Liberty Records. Les choses s’enchaînent lorsque le propriétaire du club « Whiskey A-Go-Go » d’Hollywood donne l’occasion à Cale de jouer en public régulièrement (là même où quelques années plus tard, The Miracles enregistreront la chanson Going to a Go-Go, reprise ensuite par les Rolling Stones ). C’est lui aussi qui suggère de changer son nom par J.J. Cale. pour ne pas le confondre avec de son homonyme John Cale du Velvet Underground.
Il publie un 45t « Dick Tracy / It’s A Go-Go Place » chez Liberty Records. sans grand succès,
puis un nouveau 45t avec la chanson qui devait changer sa carrière pour toujours : « After Midnight« .
Mais le succès d’une chanson n’arrive pas toujours comme on l’attend.
Garrett lance sa propre maison de disques Viva Records et, en pleine mode psychédélique, il suggère à Cale de se réunir avec des copains pour faire un album des tubes à la mode. Publié sous le nom de The Leathercoated Minds en 1967, A Trip Down The Sunset Strip, est quelque chose que Cale n’était pas franchement fière. Simple égarement passager dirons-nous…
Carl Radle, bassiste d’Eric Clapton, lui fera découvrir « After Midnight », dont il fera une reprise qui deviendra très rapidement un succès.
Il faut attendre 1972 la sortie du 1er 33t de J.J. Cale Naturally chez Shelter Records. C’est probablement le plus célèbre des albums de J.J. Cale avec les titres Magnolia, Crazy Mama, Call the Doctor, Don’t go to Strangers, etc…
« Crazy Mama de JJ Cale, voilà un morceau que j’adore. C’est une vraie belle chanson, simple et directe, et l’interprétation est toute naturelle. Le jeu de guitare de JJ a eu une influence énorme sur le mien. Son doigté est incroyable. Ça me laisse baba. « Neil Young,
JJ développera au fil du temps et surtout des 15 albums qu’il enregistra, un style unique à mi-chemin entre country/rock/blues/ jazz qui deviendra le Tulsa sound.
Clapton a décrit la musique de Cale comme « un étrange hybride. Ce n’est pas vraiment du blues, ni du folk, ni du country, ni du rock ‘n’ roll. C’est quelque part au milieu. »
Perfectionniste a l’extrême sur ses sons de guitare, l’homme était connu pour son humilité. Il disait de lui « Mes chansons sont plus célèbres que moi ».
Malgré le succès retentissant de ses chansons, Cale est toujours resté dans l’ombre et n’a jamais atteint la célébrité que son talent aurait dû lui offrir. Il était indifférent à ce manque de reconnaissance et préférait l’anonymat. Ses pochettes de disques ont rarement présenté sa photo. Cale est décédé d’une crise cardiaque à l’âge de 74 ans le 26 juillet 2013.
Beaucoup d’illustres artistes ont puisé dans son répertoire : Eric Clapton, Neil Young, Tom Petty, Johnny Cash, Mark Knopfler, Les Allman Brothers, Carlos Santana, Le capitaine Beefheart et Bryan Ferry, Kansas, etc… Mais aussi beaucoup dansl’exagone Christophe, Bashung, Yarol Poupaud, Bruno Green. (Comme quoi il y a des gens de goûts ici aussi)…
Clapton, qui avait repris plusieurs de ses chansons (Cocaine, After Midnight, I’ll Make Love To You Anytime), a forgé une relation professionnelle et personnelle avec Cale. Pour finalement façonner ensemble, en 2006, l’album « The Road to Escondido » (qui remporta en 2008 le Grammy Award du meilleur album de blues contemporain).
Pour le premier anniversaire de la mort de J.J. Cale en juillet 2013, Clapton réunit quelques amis comme Tom Petty, Willie Nelson, Mark Knopfler ou encore Reggie Young pour rendre un vibrant hommage au guitariste du « Tulsa Sound« , l’ album qui reprend 16 de ses chansons et s’intitule « The Breeze« , .
Voila donc que 7 ans après la disparition du guitariste, son épouse Christine Leckland nous offre un album posthume avec 15 chansons inédites. » Il était toujours curieux, ça n’a jamais changé. Il continuait de se renseigner et de se trouver de nouveaux jouets. Il était tellement content quand il a commencé à bidouiller avec sa Whammy, qu’il a utilisée sur Stay Around, Lights Down Low et Long About Sundown. Il me disait : “ça sonne comme une steel guitar !”
« Pour vivre heureux, vivons cachés. » voila un adage que J.J. Cale devait suivre à la lettre, lui qui voulait autant que possible furie la célébrité. Mais c’était sans compter sur l’étirage artistique qu’il laisse dans le cœur de milliers de mélomane (musicien ou non) . Nul doute que le talent du personnage marque encore depuis l’au-delà des générations de Troubadours.
L’album posthume Stay Around, sortira le 26 avril 2019,
https://www.jjcale.com/
StefArzak