[Interview] RIT – « Hobo Blues »

Avec Hobo Blues, RIT signe un retour audacieux à l’essence du blues. Originaire des Alpes de Haute-Provence, ce musicien à l’âme nomade nous offre un album enregistré en prise directe, capturant avec justesse la chaleur organique et la vérité brute du jeu live. Un choix esthétique qui confère à l’ensemble une densité émotionnelle rare, loin des afféteries et des démonstrations techniques superflues, cet opus s’inscrit dans une démarche de dépouillement. Le chant en français, peu courant dans ce registre, donne aux textes une proximité inédite où RIT y chante l’usure des jours, le goût de la poussière, les blessures du cœur, dans une langue précise, rugueuse, toujours sincère. Pas de pasticher le blues américain, ici, mais une envie d’habiter pleinement son propre univers, ses propres visions musicales. Les dix titres de l’album, traversés par une esthétique folk-blues dépouillée, évoquent autant la solitude, le voyage, la perte et l’espoir infini. La référence à John Lee Hooker dans le titre n’est pas anodine : c’est bien cette tradition de chanteurs, de marcheurs solitaires, que RIT invoque et réinvente avec justesse. Guitare acoustique, harmonica, percussions minimales : tout est là pour soutenir une voix qui ne cherche jamais à en faire trop.

« Hobo Blues » est un disque atypique, qui prend le temps, qui n’a pas peur des silences ni des lenteurs. Un album qui vous charme l’âme et les oreilles. Et oui, le blues a encore beaucoup de choses à dire, surtout lorsqu’il est chanté avec autant de beauté.

 

Ton album Hobo Blues semble empreint d’une forme de nostalgie. Qu’est-ce qui t’attire dans cette esthétique ?
Je crois que je suis nostalgique d’une part de mon enfance , de mon adolescence comme beaucoup de personnes qui arrivent à la cinquantaine. Ces périodes commencent à paraître loin… y’a des choses qu’on ne fera plus et c’est normal. La mélancolie du temps qui passe tout simplement. D’autre part, je ne suis pas un adepte du « c’était mieux avant » mais je suis quand même agacé, révolté par la manière dont les choses ont évolué. Sous couvert de progrès, ils ont crée un monde qui ne me convient plus du tout.

Tu évoques un enregistrement sur magnétophone 8 pistes, sans retouches numériques. Qu’est-ce que cette approche « brute » apporte à ta musique selon toi ?
Je voulais faire un disque qui soit le plus proche possible de ce que je fais en concert. Par le passé j’ai enregistré plusieurs disques avec beaucoup d’arrangements, c’est très plaisant à faire mais difficilement exécutable en homme orchestre ensuite. De façon générale j’aime les disques où on entend les imperfections. Enregistrer « live » et en plus sur bande ne permet pas de recaler des notes ou de faire du copier coller. Faut accepter ses erreurs, ne pas chercher la perfection, mais un bon un moment , une bonne version.

Comment as-tu construit l’équilibre entre ballades et blues rugueux dans cet album ?
Au gré des inspirations… Il m’arrive de gratouiller dans un coin chez moi, de chuchoter quelques mots qui deviennent ensuite des chansons. Généralement la chanson naît du contexte, de l’humeur. Parfois je n’ai qu’à me poser derrière mon set d’homme orchestre et le riff arrive. Une chanson avec un texte solennel incite plus à une balade un peu dépouillée. C’est le thème de la chanson qui me guide pour l’arrangement. Puis au bout d’un moment quand une tu as une quinzaine de titres, le disque se dessine et tu essaies de construire un itinéraire. Comme un petit voyage, avec des haltes, de l’introspection, des rires, des silences etc…

Avais tu quelque chose de très défini dès le début ?
Oui complètement. Je savais que je ferai du 8 pistes et en live. Mais j’ai tâtonné, j’ai fais une multitude de versions avant de trouver un fil conducteur. je voulais très peu d’additionnel, tout ce que je joue à quelques exceptions je dois pouvoir le jouer live. Je devais aussi savoir me servir de ce matériel, qu’il soit exploitable, réparer les pannes etc. Ca m’a pris plus de 2 ans.

Quelles sont tes influences musicales principales ?
En fonction des disques que je fais je pioche dans ce que j’aime écouter. Mais je crois que la constante est le country blues, le folk, le rock 60’s et 70’s, la chanson française. J’aime aussi bien Beck que IAM, Bob Dylan que Téléphone.

Et pour l’écriture ? et que retiens-tu de cet héritage dans ta propre aux textes ?
Pour l’écriture c’est pareil, j’essaie d’écrire en fonction de la couleur musicale. J’aime bien le côté contestataire et poétique de Bob Dylan, j’aime aussi les références bibliques , les histoires de loser du Blues, et surtout j’aime essayer de faire sonner ça en Français. Mettre des accents toniques où il n’y en a pas façon Québec. Je préfère chanter en Français avec mon accent du sud, manier la langue en embarquant les gens dans mes histoires; plutôt que de chanter dans un anglais approximatif où il y aura forcément aussi un accent.

Le titre Hobo Blues évoque l’errance et la marge. Quel est ton rapport personnel à ces thèmes ?
C’est une errance et une marge musicale plus. C’est mon 10e album je crois, je suis toujours allé où j’avais envie d’aller avec peu de moyen. Pour l’aventure, les rencontres et gagner un peu d’argent, pour pouvoir aller à la ville suivante, sans jamais trop rien demander à personne. Visiter un style et puis un autre, à ma manière. Se satisfaire de peu, croire en sa bonne étoile et trimarder. Faire beaucoup avec peu.

 

RIT en concert :
07/07/25 SCENE D’ÉTÉ manosque 04
01/08/25 GUINGUETTE savenay 44
02/08/28 SCENE D’ÉTÉ Var 83

 

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